Insigne du Parti populaire français (PPF)
Genre : Image
Type : Insigne
Source : © Collection Robert Serre Droits réservés
Détails techniques :
Insigne en métal de couleur.
Date document : Sans date
Lieu : France
Analyse média
Insigne du PPF en métal, se portait à la boutonnière.
Auteurs : Robert Serre
Contexte historique
En septembre 1943, des partis comme Jeunes de l’Europe nouvelle, le Front social du travail, le Parti monarchiste n’ont aucun adhérent en Drôme. Le Francisme n’en a qu’un seul, à Romans. L’Action française, qui avait près de 400 adhérents avant la guerre, les a peut-être conservés, mais son activité est maintenant nulle. Le PSF (Parti social français) qui, avant la guerre avait un millier d’adhérents et sympathisants, n’a plus d’autres activités que les œuvres sociales. Le groupe Collaboration compte environ 60 adhérents dans la Drôme, avec Joseph Pouzin, l’ancien député, comme président d’honneur, et le colonel Tessier ex-président de la Légion comme président. Seul le PPF paraît avoir quelque importance. Il compte 18 adhérents à Montélimar, 11 à Saint-Vallier, 2 à Nyons, mais surtout 102 adhérents à Romans, avec le sinistre Francis André (« Gueule Tordue ») à sa tête.
Le Parti populaire français, fondé par Jacques Doriot en juin 1936, prend de l'envergure avec la guerre. Dans la Drôme, c'est donc à Romans que le PPF réussit le mieux à s'implanter : dès juillet 1941, un de ses membres dénonce Victor Boiron qui est arrêté. En janvier 1942, des membres du PPF romanais se réclament de " l'appui des autorités occupantes ", mais ici comme ailleurs, les conférences organisées par ce parti pour exposer la nécessité d'une collaboration franco-allemande ne connaissent aucun succès.
Après la défaite de Stalingrad, les résistants commencent à éliminer les militants des partis collaborationnistes et ceux du PPF sont particulièrement visés, la Résistance (NAP : Noyautage des administrations publiques) assurant à Valence, depuis la fin 1942, un contrôle des correspondances du SOL (Service d'ordre légionnaire) et du PPF. Le 9 mars 1943, le café « chez Baptiste » siège du PPF de Romans, est mis à sac. Plusieurs membres influents du PPF sont abattus ou blessés dans le département. Se sentant très menacés, les adhérents du PPF, lors d'une réunion à Romans le 2 avril 1944, décident d'activités dirigées contre la Résistance : désignation d'otages, arrestations des communistes et des gaullistes, occupation des commissariats et épuration dans la police.
En novembre 1943, le terrible Francis André, dit " Gueule tordue ", crée à Lyon le Mouvement national anti-terroriste (MNAT). Dans un tract intitulé " Terreur pour terreur ", il annonce : " Puisque les pouvoirs publics, le gouvernement se montrent impuissants, un groupement ni inféodé à l'Allemagne, ni vendu au capitalisme juif anglo-américain, un groupement de Français qui veulent voir se relever la France répondra aux coups par des coups. Pour chaque National assassiné, un dirigeant terroriste sera exécuté… ". Francis André obtient des Allemands le droit de conserver le butin des opérations, dont une moitié est remise au PPF, et les autorisations nécessaires pour circuler et porter des armes. Il se choisit quatre lieutenants, parmi lesquels on trouve trois Romanais membres du PPF : René Gambet, responsable de la propagande du PPF dans la région romanaise, Jean Durand, moniteur de natation, et Guy Athénose réfugié tunisien. Durand est un tueur, qui assassine, à Limonest le 17 novembre 1943, Antonin Jutard, responsable de la franc-maçonnerie clandestine à Lyon. C'est encore lui qui, avec Francis André, pille sous la menace la demeure d'un Juif à Valence et emporte des pièces d'or, des diamants et des titres. En 1944, la bande de Francis André est intégrée à la Gestapo, sous l'égide de Klaus Barbie. Elle s'installe alors place Bellecour. La nouvelle équipe comprend outre Durand, trois nouveaux Drômois, Chevrolat, Contamin et Gellerat. Ils s'illustreront cruellement dans toute la région.
Le PPF est dangereux : des résistants comme Pierre Reynaud (« Alain ») ou les maquisards de la compagnie Daniel leur échappent de peu. Le 8 octobre 1943, vers 22 h, à Romans, un jeune PPF aperçoit dans la gare cinq maquisards en train de transborder un wagon de chaussures dans un camion, il avertit son chef "Gueule Tordue", et les cinq hommes sont arrêtés par la police.
Dans son rapport du 3 novembre 1943, le préfet signale que les partis collaborationnistes ne manifestent plus aucune activité, que le PPF a perdu à Romans une grande partie de sa vitalité et qu'il a provoqué dans cette ville de telles rancœurs que des incidents sont à redouter entre ses membres et des éléments ouvriers. Pourtant, lors de la réunion régionale du PPF le 7 novembre à Lyon, la Drôme est présentée comme le département qui marche le mieux, avec son secrétaire fédéral, l’industriel romanais Maurice Roux : en six mois auraient été enregistrés 500 abonnés au journal et 100 adhésions nouvelles au PPF. En 1944, la Drôme compterait 279 membres du PPF, dont 164 à Romans.
La Résistance drômoise, selon les instructions de De Gaulle, a l'ordre d'exécuter les personnes dont l'appartenance à la Milice, au PPF ou au parti franciste est prouvée. À l'heure où la Drôme se libère et où les Allemands prennent la fuite, les choses deviennent difficiles pour les plus durs des collaborationnistes. Le 5 août 1944, les éléments de retour du Vercors subissent dans la plaine de nouvelles pertes. Au Grand-Serre, 5 Français félons, 3 adhérents du PPF, dont deux membres de la Gestapo et le troisième chef de la Milice, ainsi que deux francs-gardes, tombent sous les balles des hommes de la compagnie Lahmery (« Bozambo »). Le 6 septembre, à Romans, 8 membres de la Milice ou du PPF, et 2 femmes accusées d'intelligence avec la Milice ont les cheveux coupés.
Auteur(s) : Robert Serre
Sources : AN, F/1cIII/1152, F/1a/3901. SHAT, 13 P 1, COMAC N°U.3/5 N°40. SHGN, rapport Cie Drôme R4, n°86/4 du 23/10/1943. ADR, 182 W 2. ADD, 11 J 40, 97 J 2, 97 J 27, 9 J 9, 132 J 26. Borel-Bloch, page 36. Jeanne Deval, p. 133, 146-7, 151. Pour l'Amour de la France, p. 63. Drôme Nord, terre d'asile et de révolte, p. 125, 241-2. Lémonon, Laurent ou..., p. 100 Lémonon, Jean Perriolat..., p. 30-31. Histoire de la Bourse du travail de Romans par ceux qui l'ont faite, UL CGT Romans, 1982, p. 58-59. La Picirella, 1991, p. 363. Leroyer, MJ Romans, journal de Mohican, p. 104-105. F. Virgili, La France virile, citant Le Patriote Romanais du 08/09/1944. Bulletin des CVR Drôme, n° 9, 1er trimestre 1992. Marcel Ruby,Résistance et Contre-Résistance à Lyon et en Rhône-Alpes, Horvath 1995.