La diversité des types de sabotage : bombe pour péniche
Légende :
Bombe aimantée destinée au sabotage des péniches, fabriquée par René Maubailly
Type : Objet
Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservés
Date document : Sans date [1944-1945]
Lieu : France - Ile-de-France
Analyse média
Cette bombe a été fabriquée à l'hiver 1944, après la Libération, par le résistant René Maubailly, alors qu'il était encore convalescent suite à une blessure reçue le 17 août 1944. Pour passer le temps, il s'est plongé dans ses manuels de sabotage et a reconstitué artisanalement plusieurs types de bombes. Celle-ci était destinée au sabotage des convois de péniches sur les voies navigables.
La bombe est contenue dans une boîte en métal sur le côté de laquelle est plaqué un long aimant permettant l'accrochage à la coque d'un bateau. La boîte utilisée est en l'occurrence une boîte de munitions allemandes (pour mitrailleuse MG 42).
Lorsqu'on l'ouvre, on voit bien les éléments du dispositif d'explosion à retardement : à droite, on repère le mécanisme d'horlogerie qui permet de régler l'explosion de la charge. Celle-ci est disposée au centre, entourée de toile vert kaki et surmontée d'une ampoule électrique rouge. A gauche, une batterie a pour fonction de transmettre l'impulsion électrique au détonateur après contact via le système d'horlogerie.
Ce type de bombe artisanale, utilisant à la fois un mécanisme d'horlogerie pour la précision de l'explosion et un détonateur électrique, était a priori impropre à une utilisation dans l'eau, sous la ligne de flottaison de la péniche. Elle devait être plaquée sur la partie émergée.
En pratique, l'ampoule électrique permettait à René Maubailly de simuler l'explosion de l'engin lorsqu'il intervenait pour témoigner dans les établissements scolaires.
C'et lui qui a aussi fabriqué l'aimant, à partir de fragments de minerais placés dans un étui métallique soudé de façon artisanale.
Au témoignage de René Maubailly, ce type de bombe a été utilisé sous l'Occupation à Conflans-Sainte-Honorine.
Fabrice Bourrée et Frantz Malassis
Sources:
Xavier Aumage et Julie Baffet, Mémoires d'objets, histoires de résistants, Editions Ouest-France, 2016.
Témoignages de René Maubailly recueillis par Fabrice Bourrée (1998-2014)
Contexte historique
Le sabotage des voies navigables sur le territoire français, quoique bien moins développé que les sabotages ferroviaires ou industriels, semble avoir été très apprécié par les Alliés, si l'on en croit les rapports rédigés par leurs services à la fin de la guerre. Il permettait de paralyser une partie du transport de matériels militaires ou de produits économiques destinés à l'occupant. Surtout, c'était un domaine où le sabotage avait une efficacité supérieure aux bombardements de l'aviation alliée, souvent trop imprécis pour affecter les installations fixes (écluses) ou les convois.
Bruno Leroux
Source:
Sébastien Albertelli, Histoire du sabotage, de la CGT à la Résistance, Perrin, 2016.
"Croquis de l’engin incendiaire, hôtel de France, boulevard Sébastopol, 18/12/1942"
Coll. archives de la Préfecture de Police de Paris, BA 1750, droits réservés
Bombe artisanale"Affaire de la porte de la Villette du 14/10/1942"
Coll. Archives de la Préfecture de Police de Paris (BA 1750), droits réservés
Attentat contre un central téléphonique"Incendie volontaire au sous-sol du central téléphonique du 103 rue de Grenelle à Paris"
Coll. Archives de la Préfecture de Police de Paris (GB 101), droits réservés
Incendie volontaire dans une usine"Incendie volontaire aux usines Hotchkiss de Saint-Denis"
Coll. Archives de la Préfecture de Police de Paris (GB 101), droits réservés
Sabotage de véhicules"Sabotage dans un garage, rue Félicien David le 07/09/1941"
Coll. Archives de la Préfecture de Police de Paris (YA 28), droits réservés