Rue du capitaine-Leuridan, Saint-Pathus (Seine-et-Marne)

Légende :

Le dimanche 12 septembre 1976, à Saint-Pathus, est inaugurée la rue du Capitaine Leuridan. Pour les cérémonies du 32e anniversaire du groupe Hildevert et des combats de la Résistance autour de Oissery-Forfry, en présence des personnalités et des rescapés du réseau, Claude Leuridan, le fils du résistant, dévoile la plaque.

Genre : Image

Type : Nom de rue

Source : © Coll. Raymond-Robert Pezant Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : sans date

Lieu : France - Ile-de-France - Seine-et-Marne - Saint-Pathus

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Contexte historique

Florimond Alexandre Joseph LEURIDAN est né le 22 juin 1902 à Ploegsteert en Belgique. Florimond est fils d’agriculteurs, ses parents se sont mariés le 2 janvier 1879 à Armentières, son père âgé de 30 ans et sa mère de 22 ans. Ils auront cinq enfants, Florimond sera le benjamin de la famille. Sa naissance arrive 23 ans après le mariage de ses parents. Son père, Florimond-Joseph Leuridan a alors 53 ans. Il est né à Nieppe (Nord) à quelques kilomètres de Ploegsteert, le 22 novembre 1848. Il est fermier-meunier. Echevin de 1904 à 1914, c'est-à-dire adjoint au bourgmestre de Ploegsteet. Il est décédé le 20 avril 1929 à Armentières, à l’âge de 80 ans. Sa mère, Maria Désirée Leuridan qui porte le même nom de jeune fille, a alors 46 ans. Elle est née à Armentières (Nord) le 3 juillet 1856 et décédée le 27 mai 1930 à Armentières, à l’âge de 73 ans.

En août 1914, Florimond Leuridan a 12 ans lorsqu’il voit et subit l'invasion et l'occupation de la Belgique par les troupes allemandes. Ce territoire frontalier sera le lieu d’âpres combats durant la guerre 1914-1918. Avec ses parents ils fuient vers Nieppe, le village natal de son père. Après la Grande Guerre, Florimond Leuridan effectue son service militaire dans l'armée belge. Après des études, il sort ingénieur agricole de l'Ecole de Louvain. En avril 1929 (tragique coïncidence, son père décède le 20 avril 1929), il se marie avec Simonne Lecompte. Ils ont tous les deux le même âge : 27 ans. Elle est née le 11 septembre 1902, à Tourcoing. Ils partent, peu après, en Seine-et-Marne, pour travailler dans une grosse exploitation à Saint-Pathus, à la ferme Pluvinage (nom depuis 1928, du nouveau propriétaire, l’exploitation s’appelait auparavant : ferme de Maison Neuve). Florimond Leuridan y est chef de culture.
Le 28 janvier 1934, date de parution au journal officiel de la République Française, il est, à 31 ans, naturalisé Français.

En 1939, mobilisé dans les forces françaises, il fait la guerre en Alsace. En 1940, la France est vaincue et occupée par les troupes allemandes. Florimond, démobilisé, est de retour à la ferme de Saint-Pathus. Monsieur Pluvinage, le propriétaire de la ferme, dissimule des réfractaires au STO (Service du Travail Obligatoire : l’obligation pour les jeunes d’aller travailler en Allemagne).

En avril 1943, Florimond Leuridan, après contact avec deux hommes : Desmet et Malspina, forme le groupe Flo (diminutif de son prénom Florimond).
Parmi les membres il y a :
- André Lohézic 20 ans, alors réfractaire et employé à la ferme
- Roger Carré, salarié à la ferme de la Galère, à Oissery
- Quelques rescapés comme René Fléchener et Edouard Herbault du réseau Publican, décimé au cours de l’été 1943 (le village tout proche de Brégy était un foyer de la Résistance).

Dès janvier 1944, le groupe passe à l'action : réception des parachutages, renseignements etc. Ce groupe, dont le capitaine Flo est le chef local de Saint-Pathus, est placé sous le commandement du réseau Armand Spiritualist. Ce réseau a été monté en mai 1943 par René Dumont-Guillemet (1908-1976), alias "Armand". Dans la nuit du 5 au 6 février 1944, Dumont-Guillemet est parachuté en France avec son opérateur radio, Henri Diacono. Dumont-Guillemet mène depuis, des actions de sabotage et de recherche de renseignements en région parisienne, où il a recruté de nombreux volontaires. Le capitaine Flo assure la protection d'émissions radiotélégraphiques, réceptionnant du 11 juillet au 12 août 1944, cinq parachutages, assurant ainsi la distribution d'armes dans la région.

En août 1944, le groupe Armand sonne le rassemblement de ses troupes et constitue son corps de troupe, divisé en compagnies avec fusiliers-mitrailleurs, téléphonistes, infirmières et même une section de mortier. Le 25 août au soir, Roger Carré avec plusieurs camarades préparent chez le capitaine Leuridan, l’itinéraire du bataillon qui viendra du Raincy, en banlieue Est de Paris, vers l’étang de Rougemont à Oissery, à proximité duquel devrait se dérouler un grand parachutage de munitions.

Le 26 août 1944, 250 membres du bataillon Hildevert, partent en camions du Raincy en direction de Oissery. Charles Hildevert, 47 ans, médaillé militaire de 1914-1918, marié et père de famille, marchand de légumes au Raincy, a constitué ce bataillon dont il dirige les trois premières compagnies. Les résistants ont pour mission de réceptionner un prochain parachutage d'armes et de munitions. Bientôt, ils doivent se battre contre les éléments ennemis qui circulent dans le secteur, et qui immédiatement demandent des renforts... Les forces allemandes arrivent rapidement et en nombre : automitrailleuses sur chenilles, 7 chars allemands Tigre et 3 chars Panthers. C'est la 49e Panzerbrigade SS !

Le commandant Hildevert et ses deux fils Georges, 19 ans, et Roger, 21 ans, sont tués (selon les témoignages, tués par un même obus tiré d’un char allemand ou selon d’autres sources, ils ont été fusillés). Des résistants capturés sont immédiatement exécutés sur place. C’est un effroyable massacre... L’on dénombrera selon les estimations, 120 morts et 65 prisonniers ou disparus, dont 13 déportés en camp de concentration et qui ne reviendront pas. Les Allemands, de leur côté auraient perdu environ 30 hommes…

A Saint-Pathus, les Allemands sont à la recherche de résistants. Autour de Oissery, Saint-Pathus, c’est la traque, d’autres résistants sont conduits à Meaux. Parmi eux, Florimond LEURIDAN, 42 ans, responsable du groupe Flo, capturé pendant la bataille, vers le lieu dit "la Fontaine Marguerite", à Oissery. Il est emmené avec parmi les prisonniers, André Duval 29 ans, électricien, FFI de Livry-Gargan (qui témoignera en août 1945) et Marius Chenut, 32 ans, du Raincy, tous deux capturés à la râperie de Oissery. Vers 15h00, ils sont conduits à Crégy-lès-Meaux, au château de La Roche. Ce château, protégé par des SS et deux chars d’assaut, est occupé depuis une dizaine de jours par l’Etat-major d’un général allemand.
André Duval et Marius Chenut seront déportés en Allemagne, en camp de concentration. Marius Chenut mourra en février 1945, dans le camp de Bergen-Belsen.

Dans la cour du château, près du poulailler, Florimond Leuridan est interrogé le premier. Aussitôt après, il est emmené au fond du parc par un SS et exécuté d’une rafale de mitraillette. Dans la soirée du 27 août 1944, 24 heures après l’exécution de Florimond Leuridan, dans le parc du château de la Roche à Crégy-lès-Meaux, les blindés américains font leur entrée dans le village.

A Crégy-lès-Meaux, le corps du capitaine Leuridan ne sera découvert que le … 3 août 1945.
Trancription de l’acte de décès : « Le 3 août 1945 : acte décès constaté à Crégy-les-Meaux, au lieu-dit : Château de la Roche, décès remontant au 26 août 1944, fils de Florimond Désiré et de Marie Joseph tous deux décédés, époux de Simonne Geneviève Rosalie Lecompte, dressé le 4 août 1945, à 9h00, sur la déclaration de Fernand Troisvallets 61 ans, garde-champêtre. Crégy-lès-Meaux le 21 mars 1946 Signé le maire : Albert Fontaine »

Le corps a été retrouvé grâce au témoignage, recueilli le 1er août 1945, d’André Duval, 29 ans, revenu de déportation et qui avait été capturé en même temps que Florimond Leuridan. Le 3 août 1945, à 10h du matin, on découvre le corps, au fond du parc du château.

Dès le 6 août 1945, le conseil municipal de Crégy-lès-Meaux décide que l’on apposera une plaque commémorative sur le mur d'enceinte du château de la Roche. Un service religieux est célébré à Meaux dans la cathédrale, en présence de sa veuve et de son fils Claude, résistant de 15 ans, qui l'aidèrent dans sa tâche, ainsi que les personnalités civiles et militaires et d’une nombreuse assistance. Un détachement de l'Armée, rend les honneurs. Le transfert du corps a lieu ensuite à Saint-Pathus, lors d'obsèques solennelles. Il repose près de la tombe d'un FFI inconnu, tombé ce même jour tragique du 26 août 1944. Le 27 août 1945 dans l’après-midi, à Crégy-lès-Meaux, après les commémorations du premier anniversaire de la libération de Meaux, la plaque commémorative est inaugurée. Presqu’un an, jour pour jour, après ce fait dramatique. A la cérémonie est présent, notamment, Paul Barennes maire de Meaux, accompagné d'une délégation de FFI dont il était le chef, et aussi membre er 1944 du comité de libération de la ville. Le nom de Florimond Leuridan, et celuid e Fernand Vincent, également fusillé, sont gravés sur le Monument aux Morts de Saint-Pathus.
Le 5 décembre 1947, le cercueil de Florimond Leuridan est exhumé, aux frais de l’Etat, au titre de civil ayant rallié les FFI. Le 27 décembre 1947, il est inhumé à Mouvaux commune du Nord, où madame Leuridan réside à présent, avec leur fils Claude (madame veuve Simonne Leuridan, demeurant à Wasquehal, commune voisine de Mouvaux, est décédée le 10 janvier 1973, à la clinique Saint-Jean de Roubaix, à l’âge de 71 ans). Le nom de LEURIDAN Florimond est gravé sur le Monument aux Morts de Mouvaux.

Le 10 décembre 1949, par décret officiel, la Légion d’Honneur lui est attribuée à titre posthume.

Le dimanche 12 septembre 1976, à Saint-Pathus, est inaugurée la rue du Capitaine Leuridan. Pour les cérémonies du 32e anniversaire du groupe Hildevert et des combats de la Résistance autour de Oissery-Forfry, en présence des personnalités et des rescapés du réseau, Claude Leuridan, le fils du résistant, dévoile la plaque.

Le samedi 23 juin 2018, Saint-Pathus rend encore hommage à Florimond Leuridan en baptisant de son nom la nouvelle salle de spectacle de la commune au Centre culturel des Brumiers. La salle est inaugurée par Jean-Benoît Pinturier, maire de Saint-Pathus.


Extrait de "FLORIMOND LEURIDAN (1902-1944)", tapuscrit de Raymond-Robert Pezant, 2018
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