Pierre Morel

Légende :

Président honoraire du Comité d'action de la Résistance, Pierre Morel était vice-président de la Fondation de la Résistance

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Service historique de la Défense Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique noir et blanc

Lieu : France

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Contexte historique

Né le 13 avril 1923 à Saint-Aubin-du-Cormier (Ille-et-Vilaine), Pierre Morel est lycéen à Rennes dès 1934. Son père est affecté en 1939 à l’Atelier de Réparation de l’Armée de l’Air de Clermont-Ferrand, Pierre Morel entre alors au lycée Blaise Pascal en octobre. De retour en Bretagne en 1941, la famille s’installe à Hédé (Ille-et-Vilaine). Pierre Morel reprend les cours au lycée de Rennes jusqu’en juin 1942 puis entre à la faculté des sciences de Rennes pour y étudier la médecine. Il vit le plus souvent à Hédé jusqu’en novembre 1943 puis, par commodité, prend une chambre à Saint-Servan.

Le premier contact de Pierre Morel avec la Résistance se fait à Clermont-Ferrand en 1941. En novembre 1941, à Rennes, il rejoint le réseau Overcloud fondé par Joël Le Tac au sein duquel il contribue à la recherche de terrains de parachutages et à la formation de groupes dans la région Saint-Aubin du Cormier - Fougères. Le réseau est démantelé par l’Abwehr en février 1942. Au début de l’année 1943, Pierre Morel rejoint le réseau Marathon dirigé par Yves Mindren qui couvre l’ensemble du département. En juin 1943, la communication entre le réseau et Londres est coupée du fait de l’arrestation d’Yves Mindren par la Gestapo. C’est à cette période qu’il rencontre Pierre Vallée, officier du SOE qui vient d’être parachuté en France avec pour mission d’organiser un réseau d’action en Bretagne. C’est ainsi que Pierre Morel intègre le réseau du SOE Oscar-Parson.

Ses qualités de meneur d’hommes l’amènent à prendre en charge la formation de groupes d’actions locaux. Il recrute notamment des camarades de la faculté de Rennes. Le 1er novembre 1943, il est nommé responsable des départements des Côtes-du-Nord et d’Ile-et-Villaine. Il organise aussi les secteurs de Saint-Malo (Pansard), Dinard (Claude Morel), Dinan (Jean Morin), Plénée-Jugon (Du Frétay), Montauban de Bretagne, Collinée, Lauballe, Saint-Brieuc.

Le 28 novembre, plusieurs membres de sa famille sont arrêtés ; tous appartiennent au réseau Oscar. Son père Louis est déporté le 2 août 1944 (Natzweiler, Dachau, Mauthausen, Ebensee) et rapatrié le 25 mai 1945. Sa mère, Alice, incarcérée à la prison Jacques Cartier de Rennes est libérée le 29 juin 1944. Quant à son frère, Claude, chef du groupe de Dinard, il est déporté le 28 juin 1944 au camp de Neuengamme et rapatrié le 28 mai 1945. Son père et son frère sont médaillés de la Résistance française.

Pierre Morel met son secteur en état d’alerte et gagne une adresse de repli au Roc-Saint-André (Morbihan). Il reprend contact avec son chef de réseau, Lucien Vallée (« Oscar »), réfugié à Paris, qui lui donne l’ordre de se tenir prêt à gagner Londres. Après l’échec de l’exfiltration par voie maritime en décembre 1943, Pierre Morel rejoint Paris le 13 janvier 1944 et entre en relation avec un réseau d’évasion Pernod avec pour objectif de partir par voie terrestre par l’Espagne.
Début février, il convoie des aviateurs américains de Paris à Lannemazan (Hautes-Pyrénées). Parvenant à échapper de justesse à la Gestapo, il se rend à Tarbes puis tente de franchir les Pyrénées à la fin du mois en passant par Bagnères-de-Bigorre, Sainte-Marie de Campan, Caderoles, Campana… Il est contraint de renoncer à cette évasion suite à de graves blessures aux pieds dues au gel et à la neige. De retour à Paris, il organise une filière d’évasion par mer entre Lannion (Côtes du Nord) et l’Angleterre.

En avril 1944, à Paris, il échappe encore une fois à une arrestation. Après avoir mis en sécurité tous les convoyeurs et agents de province du réseau Pernod, il parvient à franchir les Pyrénées et arrive à La Farga (Espagne) le 25 mai 1944. Après avoir été incarcéré dans les geôles franquistes (Lérida, Saragosse, camp de Miranda), il gagne Madrid le 1er juillet, puis passe par Gibraltar le 8 et arrive enfin en Angleterre le 11 juillet 1944 où il suit un stage de parachutiste à Ringway après trois jours d’interrogatoire à Patriotic School. 

De retour en France, il demande à rejoindre le front. Il rejoint alors la Première Armée française au Val d’Aran et remonte vers l’Alsace. Pierre Morel est ensuite envoyé sur le front de l’Atlantique dans la poche de Saint-Nazaire - sous-secteur de Plessé - où il finit la guerre avant de revenir à la DGER et de se faire démobiliser le 7 août 1945 pour reprendre ses études.

Chirurgien-dentiste diplômé de la Faculté de médecine de Paris en juillet 1948, il obtient son doctorat en chirurgie dentaire le 28 novembre 1972. Pierre Morel exerce à titre libéral d’octobre 1948 à juillet 1964 puis en qualité de chirurgien-dentiste conseil et chargé de mission sur le plan national pour la Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS). Il exerce également des fonctions d’enseignant de législation sociale à l’institut de médecine légale en 1971 puis à l’Ecole dentaire de Paris et à la faculté de chirurgie dentaire. Il prend sa retraite le 1er juin 1987.

Après sa retraite, très engagé dans le monde associatif, Pierre Morel prend part aux instances dirigeantes de plusieurs structures associatives :
Vice-président puis président de la Fédération nationale Libre Résistance qui regroupe les anciens agents français du SOE
Président de 1999 à 2001 de l’Association nationale des résistants de l’Air
Vice-président de la section Ile-de-France de l’Union française des anciens combattants
Administrateur de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (2004-2012)
Président depuis 2004 puis président honoraire du Comité d’Action de la Résistance dont il était un membre actif depuis 1950
Vice-président de la Fondation de la Résistance depuis janvier 2005.

Depuis 2006, Pierre Morel était également membre de la commission nationale des combattants volontaires de la Résistance et depuis 2007 de la commission nationale de la médaille de la Résistance française.

Décédé le 28 décembre 2020 à Paris, les honneurs militaires lui ont été rendus le 11 janvier 2021 dans la cour d'honneur des Invalides. L'oraison funèbre fut prononcé par le CGA Serge Barcellini, président général du Souvenir français [télécharger l'oraison funèbre].

Décorations
Grand Officier de la légion d’honneur (décret du 12 juillet 2017)

Croix de guerre 1939-1945 avec étoile d'argent (décret du 13 novembre 1945) 
Croix de guerre 1939-1945 avec Palme (décret du 12 octobre 1946, JO du 3 novembre 1946)
Médaille de la Résistance française (décret du 31 mars 1947)
Médaille des évadés
Croix du combattant volontaire de la Résistance
Croix du combattant 
Croix du combattant volontaire 39-45
Titre de Reconnaissance de la nation
King's Medal for Courage in the Cause of Freedom (Royaume-Uni) 
Medal of freedom (États-Unis) 


Fabrice Bourrée