Attentat à Toulouse, le 1er mars 1944, contre le cinéma Les Variétés

Légende :

Article extrait de La Dépêche du 3 mars 1944

Genre : Image

Type : Article de presse

Source : © gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France Droits réservés

Date document : 3 mars 1944

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Haute-Garonne - Toulouse

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Contexte historique

Le 3 mars 1944, le journal toulousain La Dépêche titre : "Un odieux attentat dans une salle de cinéma". Ce cinéma, Les Variétés, situé place Wilson, a le triste privilège d’être le lieu de diffusion de la propagande de la Collaboration. Dans cette salle, des conférences favorables à la politique du maréchal Pétain sont données à maintes reprises par des miliciens ou des personnalités telles que Philippe Henriot, secrétaire d’état à l’information et à la propagande du gouvernement de Vichy, et Friedrich Grimm, conseiller juridique d’Otto Abetz à l’ambassade d’Allemagne à Paris. Plusieurs tentatives pour rendre le cinéma inopérant ont échoué. Ainsi, des crayons détonateurs ont été placés dans les sièges pour incendier le cinéma vide ; découvrant des fumées, le personnel a appelé les pompiers.

Victor Bardach, dit Jean Gerhard, commandant militaire de la 35e Brigade FTP-MOI, décide d’organiser une opération plus efficace. Il s’agit de placer une bombe combinant une amorce chimique et un déclenchement électrique. Elle doit exploser entre deux séances, la salle étant vide afin de ne blesser personne. La bombe est préparée par un spécialiste, un Espagnol qui avait fait la guerre d’Espagne, dénommé Manolo.
Le Service Allemand de propagande a réquisitionné la salle pour le 29 février 1944, afin de projeter Le Juif Suss, film d’une rare violence antisémite, puis La libre Amérique. L’action est fixée au 1er mars 1944. Le commando chargé de l’opération est composé de Rosa (Rosine) Bet alias Yvette et Enzo Godeas alias René, deux antifascistes italiens, et un Juif d’origine roumaine, David Freiman alias Marius. David Freiman transporte la bombe et doit l’amorcer tandis que Rosine Bet et Enzo Godeas se placent de part et d’autre. Mais, peut-être par contact avec un spectateur, ou par erreur de manipulation, la bombe explose prématurément, tuant sur le coup David et blessant gravement Rosa et Enzo.

Rosa meurt le lendemain à l’Hôtel-Dieu. A l’hôpital La Grave où il a été admis, Enzo est interrogé par les policiers. Ils reconstituent son parcours de combattant. Le 2 mai 1944, il est incarcéré à la prison Saint-Michel à Toulouse, malgré l’aide du docteur Géraud, médecin du service, qui tente tout pour garder Enzo le plus longtemps possible et le soustraire aux poursuites de la Justice. Le 22 juin 1944, il est jugé par une cour martiale composée de miliciens et condamné à mort, le verdict étant sans appel. Il est aussitôt fusillé, assis sur une chaise car il ne peut pas marcher, sa blessure à la jambe n’étant pas guérie, aux côtés de Diego Rodríguez Collado, guérillero espagnol arrêté dans le Lot.


Auteur : André Magne

Sources :
Service Historique de la Défense (Vincennes) : 19 P 31-24, Dossier 35e Brigade.
Jean-Yves Boursier, La guerre de partisans dans le sud-ouest de la France 1942-1944 - La 35e Brigade FTP-MOI, Paris, L’Harmattan, 1992.
Comité de quartier Saint-Michel de Toulouse, Hommage à la 35e Brigade FTP-MOI, 2008.
Archives de Rolande Trempé.