Rachel Cheigam épouse Grunstein

Légende :

Rachel Cheigam photographiée par Henri Alekan à Nice en janvier 1944.

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : Henri Alekan

Source : © Mémorial de la Shoah / Fonds ARJF Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : Janvier 1944

Lieu : France

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Contexte historique

Rachel Cheigam est née le 24 janvier 1917 à Petrograd (Russie). Fuyant la révolution bolchevique, la famille s’installe en Lituanie d’où est originaire Elias Cheigam, son père, horloger-bijoutier, puis à Berlin et à Anvers. En 1924, la famille Cheigam s’installe à Paris, rue Erlanger. En 1933, Rachel débute une carrière de journaliste à Paris-Soir et au Petit Parisien et se spécialise dans le sport féminin.

En 1940, d’abord réfugiée à Bordeaux, elle revient à Paris où se trouve sa famille. Prévenus par une passante, les Cheigam échappent à la rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942 et passent en zone non occupée. Rachel, quant à elle, décide dans un premier temps de rester à Paris, puis rejoint Eaux-Bonnes où sa famille a été placée en résidence surveillée. Elle effectue alors quelques transports de faux papiers en liaison avec Simone Wolf, assistante sociale de l’Union générale des israélites de France à Pau.

Après l’invasion de la zone Sud, le 11 novembre 1942, elle parvient à obtenir du secrétaire de la préfecture des papiers pour que ses parents s’installent à Pau. Rachel, quant à elle, part à Nice où elle devient la secrétaire du journaliste antinazi Roger Foucher-Creteau. Elle rejoint son organisation clandestine : les légions françaises anti-axe. Après l’arrestation en octobre 1943 de Roger Foucher-Creteau (déporté à Buchenwald en janvier 1944), elle intègre, avec sa sœur Nelly, le groupe franc de Nice de l’Organisation juive de combat (OJC) par l’entremise d’Isidore Pohorylès. Son travail consiste alors à distribuer des faux papiers, à faire du renseignement, à pister des Russes blancs qui dénonçaient des Juifs, à transporter armes et munitions pour les opérations… En mars 1944, elle participe avec plusieurs membres du corps franc de l'Armée Juive (AJ) au déménagement de nombreuses armes et grenades dans une villa réputée inhabitée dont elle possède la clé.

Déléguée comme agent de liaison auprès du commandant Melin, chef départemental FFI des Alpes-Maritimes, elle assure la liaison avec les maquis environnants et avec les chefs régionaux à Marseille. Arrêtée au cours d’une mission en juin 1944 avec le chef des groupes francs des Alpes-Maritimes, elle réussit à s’évader.

Le 18 juillet 1944, la plupart des responsables parisiens de l’Organisation juive de combat tombent dans une souricière tendue par des agents de la Gestapo. Rachel et sa sœur Nelly sont alors envoyées à Paris, avec d’autres responsables niçois, pour participer à la réorganisation des structures. Rachel intègre la direction du groupe parisien en qualité de responsable des agents de liaison. Lucien Rubel, Nelly et Rachel Cheigam s’installent dans un hôtel à Saint-Germain-des-Prés tandis que le PC du groupe se trouve chez Tony Gryn, rue de Grenelle.
Le groupe de Paris de l’OJC est incorporé au groupe-franc Alerte du capitaine Charcot-Neuville (groupe relevant du Mouvement de libération nationale). Rachel y intègre le service de renseignement et de liaisons où elle est notamment chargée de transmettre les ordres de mission. Elle prend part également à la protection du quartier général du colonel Rol-Tanguy, place Denfert-Rochereau.

Après la guerre, elle reprend son métier de journaliste, notamment pour La Terre retrouvée, organe officiel du Keren Kayemeth LeIsrael ("fonds pour la création d'Israël") et de l’Organisation sioniste de France (OSF). En 1947, elle épouse Mendel Grunstein, un prisonnier de guerre juif d’origine roumaine avec qui elle a un fils en 1949.

Titulaire de la médaille de la Résistance française par décret du 3 août 1946 (Journal Officiel du 13 octobre 1946), elle est nommée au grade de chevalier dans l’ordre national de la Légion d’honneur par décret en date du 10 mai 1988. Rachel Grunstein décède le 23 mars 2018 à Garches (Hauts-de-Seine).


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Service historique de la Défense, Vincennes, GR 16P 125 756 (dossier d'homologation), 2010 PA 52 (fonds du MLN).
Ordre de la Libération, archives de la commission nationale de la médaille de la Résistance française.
Mémorial de la Shoah, Paris : DLXI-15, témoignage de Rachel Cheigam.

Georges Brandstatter, Combattants juifs dans les Armées de Libération, Rennes, Ouest France, 2015
Organisation juive de combat : résistance-sauvetage, France 1940-1945, Paris, Autrement, 2006.
Alain Vincenot, La France résistante. Histoires de héros ordinaires, Paris, éditions des Syrtes, 2004
« Portrait d’une résistante, par Rachel Cheigam », in Monique-Lise Cohen et Jean-Louis Dufour (dir.), Les Juifs dans la Résistance, Editions Tiresias, 2001.
Niklas B., "Rachel Cheigam", 2010 [en ligne