Denise Siekierski née Caraco
Légende :
Carte de membre du Service social des Jeunes de Denise Siekierski.
Membre actif de la Sixième, l'organisation clandestine mise en place par les Eclaireurs istaélites de France, Denise Siekierski rejoint en juillet 1943 à Marseille le Service André créé par Joseph Bass. Devenue son bras droit, elle rejoint le maquis juif du Chambon-sur-Lignon en qualité d’instructeur militaire au printemps 1944.
Genre : Image
Type : Carte
Source : © Mémorial de la Shoah / Fonds EEIF Droits réservés
Lieu : France
Contexte historique
Denise Caraco naît le 14 août 1924 à Marseille dans une famille israélite bourgeoise originaire de Turquie pour son père et de Palestine pour sa mère. Elle reçoit une éducation laïque stricte, éloignée de toute pratique religieuse et uniquement fidèle à la France et à ses idéaux républicains. Adolescente, Denise rejoint les Unionistes, un mouvement scout protestant. Lorsque la guerre éclate, âgée de 15 ans, Denise est encore au lycée Longchamp à Marseille. Elle y poursuit ses études jusqu’à l’obtention de son baccalauréat. Denise rêvait d'une carrière de journaliste dans les colonies françaises, mais les lois anti-juives excluaient son inscription à l'université. La mise en place des législations anti-juives du régime de Vichy la sensibilise à son identité juive. En septembre 1941, rencontrant Robert Gamzon, elle décide de basculer dans son mouvement scout, les Eclaireurs israélites de France (EIF), pour se conformer à son engagement juif. Envoyée à l'école de formation des EIF à Lautrec, elle devient cheftaine.
Robert Gamzon, alias Castor, fondateur et commissaire général des Éclaireurs Israélites de France, demande en 1942 à tous les chefs des EIF de la zone Sud de passer un mois, suivant leur disponibilité dans un centre EIF, soit dans un chantier rural, soit dans une maison pour enfants, "pour vivre la vie juive 24 heures sur 24". C’est ainsi que Denise Caraco passe tout le mois d’août 1942 dans la ferme-école de Lautrec, dans la région de Toulouse. Gamzon ayant été averti des rafles prévues fin août 1942, la priorité est de mettre à l’abri des jeunes se trouvant à Lautrec. Denise est alors chargée de convoyer quatre jeunes juives vers des lieux plus sûrs.
Elle séjourne ensuite dans la région de Limoges où on lui demande de chercher des cachettes pour des enfants de la maison de l’OSE de Montintin (Haute-Vienne). En septembre 1942, elle est de retour à Marseille et rejoint la section de la Sixième que dirige Théo Klein et le Service Social des Jeunes. C’est là qu’elle fait la connaissance de Joseph Bass dit "Monsieur André". Ses missions consistent à organiser des passages vers la Suisse, rechercher des planques, fabriquer des faux papiers… Dans une attestation de services établie en 1958, Joseph Bass rappelle que Denise Caraco a "transporté entre les Bouches-du-Rhône, le Var, les Alpes-Maritimes, la Loire et la Haute-Loire, littérature clandestine (…), documents militaires et armes".
Fin janvier 1943, après les rafles massives dites "rafles du Vieux-Port", Denise Siekierski demeure à Marseille avec Joseph Bass et l’assiste au sein de son Groupe d’action contre la Déportation ou Service André. Suite à une dénonciation, elle fuit Marseille en mars 1943 et rejoint Théo Klein et Paul Giniewski à Grenoble. Elle y assure des missions de liaison (notamment vers Nice où elle est en liaison avec Henry Pohorylès et Maurice Loebenberg) et du travail d’assistante sociale jusqu’en juin 1943.
En juillet 1943, elle intègre officiellement le service André et devient le bras droit de Joseph Bass. Dans une attestation du 28 octobre 1944, ce dernier souligne "son sang-froid, son courage et son dévouement". Au printemps 1944, elle rejoint le maquis juif du Chambon-sur-Lignon en qualité d’instructeur militaire. Ce petit groupe de maquisards participe à la bataille d’Estivareilles (Loire) et contribue activement à la reddition de la garnison allemande du Puy-en-Velay.
En novembre 1947, elle quitte la France avec son mari pour Israël avant de s'installer au Brésil où elle enseigne à Sao-Paulo. La famille revient en Israël en 1978. Au milieu des années 1980, elle travaille bénévolement au sein du Département des Justes de Yad Vashem. Pour son action dans la Résistance, elle est décorée de la médaille de la Reconnaissance française (décret du 1er septembre 1948), de la croix du combattant volontaire de la Résistance et de la médaille du Combattant contre le nazisme (Israël).
Denise Siekierski décède en mars 2013 à Jérusalem.
Auteur : Fabrice Bourrée
Sources et bibliographie :
Mémorial de la Shoah, Paris : CMXC-1 fonds Denise Siekierski.
Muriel Flicoteaux et Sabi Soulam, "Engagements, Résistances" in Mémorial des Judéo-Espagnols déportés de France, Paris, édition Muestros Dezaparesidos, 2019.
Georges Brandstatter, Résistants juifs, 1940-1945, témoignages, Waterloo, éditions Jourdan, 2013.
Mordecai Paldiel, Saving One's Own: Jewish rescuers during the Holocaust, Lincoln, University of Nebraska Press, 2017.