Lieux de mémoire du village de Vassieux

Genre : Image

Type : Plan

Producteur : réalisation Alain Coustaury

Source : © Archives Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Carte couleur format numérique.

Date document : 2011

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Vassieux-en-Vercors

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

Croquis réalisé à partir du plan cadastral actuel de Vassieux-en-Vercors pour situer les nombreux lieux de mémoire du village. Le plan cadastral utilisé est celui qui rend compte de la reconstruction du village après sa destruction en juillet 1944. Il diffère de celui d'avant la guerre. On a profité de la reconstruction pour remodeler le village.

Le visiteur est accueilli, au nord du village, quand il arrive de La Chapelle-en-Vercors, par un panneau trilingue qui définit Vassieux-en-Vercors et relate brièvement les événements du 21 juillet 1944. Ce panneau a été déposé en 2009 pour restauration.

La variété des éléments du souvenir est grande. Certains sont très visibles et imposants. D'autres sont discrets et passent inaperçus pour un œil non averti.

Le musée de la Résistance créé par Joseph La Picirella est une des pièces maîtresses. C'est le lieu que l'on visite en premier quand on arrive dans le village. Bien signalé par des drapeaux, il attire immédiatement le regard. Sur l'esplanade située devant son entrée, sont exposés des containers parachutés sur le terrain proche de Taille-crayon. Un fuselage désentoilé d'un planeur d'assaut DFS 230 permet d'apprécier la taille des appareils qui se sont posés les 21 et 23 juillet 1944 autour de Vassieux. Séparé par un mur de ces vestiges, le jardin du souvenir : le jardin de la mémoire.

L'église, à elle seule, mérite une étude particulière.

Au pied des escaliers reliant l'église à la place, un gisant est dédié aux Martyrs de 1944.

Le monument aux morts de juillet 1944 constitue le lieu de souvenir essentiel du rond-point des martyrs renommé, en 2007, rond-point des cinq communes « Compagnons de la Libération ». Il s'intitule : « Aux enfants de Vassieux victimes de l'agression allemande morts pour la France en juillet 1944 ». Au pied du mur, un bloc du phare de l'ile de Sein, détruit en 1944 par les Allemands, a été offert par la commune de Sein, elle-même Compagnon de la Libération.

À une centaine de mètres au sud-est, en bordure de la route départementale 76, s'élève le monument aux morts de la guerre 1914-1918. Aucune inscription ne fait référence aux événements de juillet 1944 ni au second conflit mondial. En continuant dans cette direction, on longe la bordure nord du terrain de parachutages et d'atterrissage « Taille-crayon ». Paradoxalement, rien ne signale ce lieu fondamental de l'histoire des 21 et 23 juillet 1944 pour Vassieux et pour le massif du Vercors. De même, aucune indication ne rappelle le site de la première nécropole établie en août 1944 au nord du village, au pied du talus.

À la mairie, la salle du conseil municipal est ornée du blason de Vassieux sur lequel est inscrite la date du 21 juillet 1944, jour où atterrit la première vague de planeurs allemands.

Plus modestes mais aussi symboliques, trois stèles ont été érigées. La plus au nord est celle de Grimaud Henri tué le 21 juillet, au niveau du talus celle du lieutenant Payot tué le 13 juillet. La stèle méridionale rappelle l'exécution le 22 avril 1944, par la Milice, de Doucin André, Ezingeard Casimir, Mially Paul. Elle jouxte les vestiges des baraquements édifiés pour abriter les survivants après la destruction du village.

Difficiles à découvrir car situés au milieu de hautes herbes et peu spectaculaires, des tubes, éléments de planeurs DFS 230 ou Gotha 242 soutiennent du fil de fer délimitant des jardins. C'est un exemple de la récupération quasiment systématique de matériels militaires en période de pénurie totale au lendemain de la Libération. La récupération de toiles de parachute est par ailleurs bien connue. Une exposition, tenue au musée de Vassieux, montrait l'ingéniosité de la population qui avait réalisé des corsages brodés avec de la toile de parachute, des chaussettes avec le fil des suspentes, une brouette avec des tubes de planeurs, une échelle, etc. Toutes ces réalisations témoignent des difficultés de la période de Reconstruction.


Auteurs : Alain Coustaury

Contexte historique

Dans le cadre de l'opération Bettina de neutralisation de la Résistance dans le Vercors, les 21, 23, 24 juillet, l'atterrissage de planeurs d'assaut allemands transportant environ 400 soldats d'élite, est l’épisode le plus saisissant du drame du Vercors. C’est celui qui a le plus de retentissement dans la Drôme mais aussi au niveau national et international. Dans la mémoire collective, il occulte, en grande partie, les autres combats qui se déroulent dans le Vercors et dans le reste de la Drôme. Pourtant, militairement, historiquement, ce n’est qu’une péripétie parmi les nombreux combats qui ont lieu dans le « donjon » et sur les « remparts » du massif. D’autres massacres de civils ont été perpétrés dans la Drôme et à Valréas dans l’enclave du Vaucluse. Ils n’atteignent pas la notoriété de ceux du Vercors. Cela peut s'expliquer par le fait qu'à Vassieux-en-Vercors, sur un même lieu, le village et les hameaux, se juxtaposent héroïsme des Résistants et horreur des massacres.

On saisit l'importance du drame de Vassieux-en-Vercors et la place que la mémoire locale et nationale donne à cette commune. Le souvenir des combats est commémoré chaque année, le 21 juillet. Après un office religieux, rare dans ce type de commémoration, les participants, drapeaux en tête, se rendent au rond-point des martyrs rebaptisé rond-point des cinq communes (Compagnon de la Libération). Allocutions pour des occasions particulières (cinquantenaire, venue de personnalités, changement de nom du rond-point …), Chant des partisans, minute de silence, Marseillaise, ponctuent la cérémonie. Puis le cortège se rend à la nécropole nationale située au nord du village, dominée par le mémorial du col de la Chau. Un repas convivial conclut la journée. Empruntant le col de Rousset certains participants se rendent, au mémorial d'Espenel où, à 18 heures, est commémoré le souvenir des combats du 21 juillet 1944 dans la vallée de la Drôme.

De la période de reconstruction, il reste, au sud du village, plusieurs baraquements qui ont constitué une habitation provisoire pour les survivants, refuge bien inconfortable pour supporter les rigueurs hivernales du Vercors.


Auteurs : Alain Coustaury
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.