Vue aérienne de la Centrale d’Eysses

Genre : Image

Type : Carte postale

Source : © Collection Fabrice Bourrée Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en noir et blanc, format carte postale.

Date document : Sans date

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Aquitaine) - Lot-et-Garonne - Villeneuve-sur-Lot

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Contexte historique

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Créée à l'intérieur d'une ancienne abbaye bénédictine, la prison d'Eysses fut successivement centrale (1803), colonie correctionnelle (1895) puis maison d'éducation surveillée pour délinquants mineurs (1928). C'est toutefois durant la Deuxième Guerre mondiale qu'elle va, bien malgré elle, entrer dans l'Histoire. Reprenant sa fonction de centrale en septembre 1940, elle accueille d'abord les détenus de la zone occupée, puis Vichy décide d'y regrouper, à compter d'octobre 1943, tous les prisonniers politiques (essentiellement de zone Sud).

Voulue comme prison modèle par le régime, la centrale ne tarde pourtant guère - grâce à l'attitude conciliante ou à la complicité de gardiens et de membres de la direction - à devenir un lieu de résistance, en contact avec les groupes extérieurs. En préparation d'une évasion collective, des armes sont même introduites en cachette. Deux événements rendent néanmoins l'administration de plus en plus suspicieuse.
Les 8, 9 et 10 décembre 1943 (les " Trois Glorieuses "), les détenus se mobilisent face aux gendarmes et GMR pour empêcher le transfert en zone Nord de 120 internés administratifs.
Le 4 janvier 1944, 54 détenus parviennent à s'évader grâce à la complicité de deux surveillants.
L'administration pénitentiaire étant rattachée au ministère de l'Intérieur, Joseph Darnand confie alors la reprise en main de l'établissement à Joseph Schivo, un de ses miliciens. Les mesures sont si draconiennes qu'elles hâtent le projet d'évasion des 1200 autres détenus.
Le 19 février 1944, ces derniers prennent en otage la direction, l'inspecteur de Vichy et se rendent maîtres de la totalité de la détention. Mais repérés, ils ne peuvent éviter un combat armé et inégal qui ne prend fin qu'au petit matin face à la menace allemande de faire sauter la prison et aux promesses de Schivo qu'il n'y aurait pas de représailles. Darnand, se déplaçant en personne, désigne pourtant une cour martiale qui condamne à mort douze détenus, lesquels sont exécutés le jour même contre l'enceinte de la prison (dénommée aujourd'hui " Mur des Fusillés ").
Le 15 mai, une quarantaine d'autres, " meneurs présumés de la mutinerie ", sont transférés à la prison de Blois (occupée en partie par les Allemands qui les déporteront ultérieurement).
Le 30 mai, les 1121 prisonniers politiques restants à l'exception de ceux ne pouvant quitter l'infirmerie) sont livrés par Vichy à la division SS Das Reich. Déportés avec les " raflés " de Lacapelle-Biron, près de 400 d'entre eux mourront dans les camps de Dachau et de Buchenwald.
Á la Libération, la centrale servira cette fois pour les collaborateurs. Schivo, jugé par la cour de justice, sera quant à lui condamné à mort et fusillé au polygone d'Agen (terrain militaire) en 1946. 




""       Aerial View of the Eysses Compound

Built within an old Benedictine monastery, the Eysses prison was first a prison (1803), then a correctional facility (1895), and lastly, a school for juvenile delinquents (1928). During World War II, Eysses would unknowingly plan an important part in History. Eysses resumed its function as a prison in September, 1940 and prisoners from the North, occupied zone were sent there. Then, in October 1943, Vichy sent all political prisoners, mostly from the South Zone, to Eysses as well. Like other prisons at the time, Eysses became a meeting place for the Resistance because of who the prisoners were, but also because of the complicity and cooperation of the guards.

The resistance fighters inside the prison were able to communicate with the outside Resistance. Weapons were also smuggled in and hidden in order to prepare for jailbreaks. But two events made the administration at Eysses more and more suspicious.

December 8th, 9th, and 10th, 1943, (les «Trois Glorieuses»), the prisoners mobilized and fought the Gendarmes and the GMR in order to stop the transfer of 120 political prisoners to the North. On January 4th, 1944, 54 prisoners escaped thanks to the help of two guards. The Minister of the Interior, Joseph Darnand, decided that a change was necessary and named one of the members of the Milice, Joseph Schivo, to take over as head of Eysses's administration. Schivo put in such draconian measures that the prison stopped 1,200 other prisoners from even attempting to escape.

On February 19th, 1944, the last prisoners having arrived, the Vichy inspector and his deputies took over control of Eysses. But they could not keep the prisoners from uprising, and the fight lasted until the wee hours of the morning when the Germans threatened to storm the prison. Schivo promised, as well, that the retaliation was over. Darnand came to Eysses himself and created a temporary martial court that condemned twelve prisoners to death. They were executed that same day in the courtyard in the heart of the prison; today that wall is known as the «Mur des Fusillés.»

On May 15th, another forty prisoners, «suspected of planning an uprising», were transferred to Blois, a German prison from which prisoners were later deported to camps in the East. On May 30th, the remaining 1121 political prisoners, except for those in the hospital, were sent by Vichy to the SS division Das Reich. They were sent with the Lacapelle-Biron «deportation.» Close to 400 of them would later die in Dachau and Buchenwald.

During the Liberation, it was the collaborators who were imprisoned in Eysses. Schivo, judged by the court, was sentenced to death and was executed at the military base in Agen in 1946.



Traduction : Catherine Lazerwitz


Sources : Cédérom La Résistance dans le Lot-et-Garonne, collection Histoire en Mémoire, 1940-1945), 2011 (notice rédigée par Jean-Pierre Koscielniak).