Maison du docteur Dugoujon à Caluire-et-Cuire

Légende :

Dans cette maison mise à disposition par le Docteur Dugoujon, Jean Moulin est arrêté avec d'autres camarades de la Résistance le 21 juin 1943.

Genre : Image

Type : Photographie

Producteur : cliché Gremana

Source : © Wikimédia Commons Libre de droits

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Rhône - Caluire-et-Cuire

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Analyse média

Dans cette maison mise à disposition par le Docteur Dugoujon, Jean Moulin est arrêté avec d'autres camarades de la Résistance, dont Raymond Aubrac, à la suite d'une dénonciation supposée, ou d'une imprudence coupable de la part du résistant René Hardy, le 21 juin 1943. 
Jean Moulin sera alors identifié, interrogé et torturé par le chef de la Gestapo Klaus Barbie au Fort Montluc de Lyon, puis transféré à la Gestapo de Paris. Il meurt le 8 juillet 1943 aux environs de Metz, dans le train Paris-Berlin, sans doute des suites de ses tortures.


Dr. Dugoujon's Home in Caluire-et-Cuire 

On June 21st, 1943, Jean Moulin and several others, including Raymond Aubrac, were arrested in the house pictured on the right, which belonged to Dr. Dugoujon. It is believed that the group was denounced or that another resistance fighter, René Hardy, acted carelessly and gave away the meeting's location. Jean Moulin was quickly identified and interrogated by the head of Lyon's Gestapo, Klaus Barbie, at Fort Montluc. He was then transferred to the Gestapo in Paris where he was tortured. He died on July 8th close to Metz on a train traveling to Berlin.
 

Traduction : Catherine Lazerwitz


Auteur : Laure Bougon

Contexte historique



En septembre 1941, Jean Moulin rejoint l'Angleterre depuis le Portugal après avoir traversé l'Espagne. A Londres, il est reçu par le général de Gaulle auquel il fait le compte-rendu de l'état de la résistance en France et de ses besoins. Rapidement convaincu des capacités de son interlocuteur, De Gaulle renvoie Moulin en métropole avec pour mission de rallier et d'unir les mouvements de résistance. Il doit également créer une Armée secrète en séparant le militaire du politique.

Installé à Lyon, Jean Moulin, délégué général du général de Gaulle, "Rex", commence à mener à bien sa tâche complexe et délicate en zone Sud où il rencontre les responsables des trois principaux mouvements de la zone sud, Combat, Libération et Franc-Tireur, leur apporte une aide financière et parvient à aplanir leurs différends. Son action aboutit, en octobre 1942 à la création de l'Armée secrète (AS), fusion des groupes paramilitaires de ces trois mouvements, dont le commandement est confié au général Delestraint puis, au début de l'année 1943, à la création des Mouvements unis de Résistance (MUR).

Après un séjour à Londres, de retour en France le 20 mars 1943, "Rex" devenu "Max", seul représentant du général de Gaulle pour la Résistance, poursuit ses efforts dans toutes les directions qui, malgré certaines réticences, aboutissent bientôt à la constitution du Conseil national de la Résistance (CNR) dont la première réunion se tient sous sa présidence au 48 de la rue du Four à Paris, le 27 mai 1943. Le CNR réunit les responsables de mouvements de résistance des deux zones mais aussi des responsables politiques et syndicaux. Important politiquement car il symbolise l'unité française pour les Alliés, le CNR adopte lors de sa première réunion une motion reconnaissant le général de Gaulle comme le seul chef politique de la France combattante.

Dans le but d'organiser rapidement la relève à la tête de l'Armée secrète qui vient d'être décapitée par l'arrestation à Paris du général Delestraint, Moulin en convoque les responsables pour le 21 juin 1943 à Caluire, dans la banlieue de Lyon, chez le Docteur Dugoujon. Mais à la suite de dénonciations, la police de sécurité allemande (SIPO-SD) fait irruption et arrête le médecin, quelques patients, ainsi que Jean Moulin, Raymond Aubrac et André Lassagne de Libération-Sud, Henri Aubry et René Hardy de Combat, le colonel Lacaze (à la tête du 4e Bureau de l’AS), le colonel Schwartzfeld, responsable du mouvement lyonnais France d’abord, ainsi que Bruno Larat, un agent londonien ayant rejoint la France en février 1943 pour diriger la centrale des opérations aériennes. Tous les prisonniers, sauf Hardy qui réussit à s’enfuir, sont conduits avenue Berthelot, à l’Ecole de santé militaire, puis emprisonnés à Montluc.

Sauvagement torturé par les hommes de Barbie qui l'identifient après deux ou trois jours, Jean Moulin est transféré début juillet à Paris ; tous ses tortionnaires s'acharnent sur lui mais en vain, il ne parle pas. Devant cet échec, Berlin exige son transfert. C'est dans le train qui l'emmène en Allemagne, qu'il meurt le 8 juillet 1943.




Jean Moulin In September of 1941, Jean Moulin left for England from Portugal, after having crossed all of Spain. In London, he met with General de Gaulle and informed him of the Resistance's progress and of its needs. De Gaulle, quickly convinced of his leadership abilities, was impressed by Moulin and sent him back to France to unify the Resistance effort; he also asked Moulin to create a secret army that would be separate from that of Vichy.

Stationed in Lyon, Jean Moulin served as de Gaulle's managing director under the pseudonyme «Rex.» He began his delicate and complicated mission in the South Zone where he met the leaders of the three largest movements to offer financial aide and to help smooth over their disagreements: Combat, Libération, and Franc-Tireur. He began by organizing the military groups within each movement into the Armée Secrète (AS) in October of 1942. He selected General Delestraint to head the AS. At the beginning of 1943, Moulin succeeded in creating the Mouvements unis de Résistance (MUR).

After a brief stay in London, Moulin returned to Paris on March 20th, 1943, now as «Max,» as de Gaulle's personal representative in the Resistance. He continued to work towards unification, despite some set-backs, and organized the Conseil National de la Résistance (CNR) that held its first meeting at 48 rue de la Four in Paris on May 27th, 1943. Jean Moulin presided as President. The CNR's purpose was to bring together all of the leaders in both the North and South Zone, but also political and trade union leaders as well. Because the CNR was a representation of Resistance's unity to the Allies, at the first meeting the CNR decided to name General de Gaulle as sole political leader of Free France.

In order to quickly find a replacement for General Delestraint—who had been arrested in Paris—and rehabilitate the AS, Moulin called a meeting for the Resistance leaders on June 21st, 1943, at the home of Docteur Dugoujon in Caluire, outside of Lyon. But the group had been denounced and the German police (SIPO-SD) burst in and arrested the doctor, some of his patients, as well as Jean Moulin, Raymond Aubrac, André Lassagne from Libération-Sud, Henri Aubry and René Hardy from Combat, Colonel Lacaze (head of the 4éme bureau of the AS), Colonel Schwartzfeld (leader of Lyon's Resistance), and Bruno Larat, a British agent who had come to France to run aerial operations. Except Hardy who escaped, all of the prisoners were taken to the École de Santé Militaire on Avenue Berthelot, and later imprisoned in Montluc.

Jean Moulin, after being savagely tortured by Klaus Barbie who had identified him after two or three days of imprisonment, was transferred to Paris in the beginning of July. All of his torturers tried in vain to get him to give them information, but Moulin did not say a word. Berlin ordered that he be transferred to Germany by train, and there Jean Moulin died on July 8th, 1943.


Traduction : Catherine Lazerwitz


Sources : Musée de l’Ordre de la Libération ; Dictionnaire historique de la Résistance, coll. Bouquins, Robert Laffont, Paris, 2006.