Henri Romans-Petit

Légende :

"Romans" aux Rousses (Haut-Jura) à la libération fin août 1944

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musées départementaux de l'Ain - Musée d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de l’Ain et Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Fin août 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ain

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Contexte historique



Fils d'un agent de la SNCF, Henri Petit, né en 1897 à Firminy dans la Loire, se porte volontaire en 1915, alors qu'il n'a que 18 ans, pour la durée de la guerre, au sein du 13e BCA. Sur le front, il gagne ses galons de caporal, puis de sergent, et sa première citation. Il reçoit également la Légion d'Honneur. Avant la fin du conflit, il entre à l'Ecole Spéciale Militaire de Saint-Cyr. Sorti avec le grade d'aspirant, il rejoint l'escadrille de bombardement BR 127, où il est nommé sous-lieutenant avant d'être démobilisé. Il reprend ses études à Lyon et obtient une licence en droit, puis travaille dans le domaine des relations publiques et de la publicité.

Capitaine de réserve dans l'aviation en 1939, il est affecté à Fréjus et commande les bases aériennes de Cannes et de Nice. Refusant l’armistice, il tente à plusieurs reprises de rejoindre Londres, sans succès. Henri Petit séjourne ensuite à Saint-Etienne et y crée l'un des premiers réseaux de résistance avec Jean Nocher. Pendant deux ans, il participe, sous le nom de "Romans" à des opérations de renseignement et de réception de parachutages. Après le démembrement du réseau Espoir à Saint-Etienne, Henri Petit, dont le pseudo est alors "Moulin", cherche de nouveaux contacts avec la Résistance. Il prospecte des terrains de parachutage pour le BCRA (Bureau central de renseignement et d'action) et se préoccupe du sort des premiers réfractaires.

A la fin de l'année 1942, il rencontre Marcel Démia d'Ambérieu-en-Bugey, un des pionniers de la Résistance dans l'Ain qui a déjà pris en charge des insoumis au régime de Vichy. Celui-ci l'introduit auprès des résistants locaux qui cherchent à s'organiser. C'est ainsi qu'Henri Petit crée à Montgriffon la première école de cadres et dès le printemps 1943 participe à la création des premiers camps du maquis avant d'en prendre le commandement durant l'été 1943 sous le pseudonyme de "Romans". Après l'arrestation de Bob Fornier, il devient également le chef de l'AS de l'Ain en septembre 1943.

En septembre, sous la direction de Romans-Petit, les maquisards réalisent deux coups d'éclat : ils prennent un dépôt d'Intendance des Chantiers de Jeunesse à Artemare et l'Intendance de l'Armée à Bourg-en-Bresse. En octobre 1943, Romans-Petit devient chef militaire, responsable de l’Armée secrète (AS) pour le département de l'Ain et le 11 novembre 1943, il organise le célèbre défilé d'une partie de ses troupes (250 hommes) à Oyonnax : une gerbe en forme de Croix de Lorraine est déposée au monument aux morts avant de quitter la ville en bon ordre. Le défilé d'Oyonnax, raconté par la presse clandestine et la radio de Londres, a un impact très important sur la population française et sur les Alliés pour lesquels la résistance armée française a désormais une existence concrète.

A la fin de l'année, alors que les effectifs paramilitaires de l’Ain (AS et maquis) atteignent 2 000 hommes, il prend en main les forces clandestines et l’AS de Haute-Savoie en remplacement du commandant Vallette d’Osia ; il y applique les mêmes principes que dans l'Ain : école de formation des cadres, action brève et repli rapide. Il est en liaison avec Londres par le biais de la mission "Musc" composée de Jean Rosenthal, « Cantinier », chargé de l’inspection des maquis, de Richard Heslop, « Xavier », du SOE britannique et de l'Américain Denis Owen Johnson "Paul". Pour répondre au besoin de parachutages d’armes, il choisit le plateau des Glières près d'Annecy où, en janvier 1944, sont rassemblés tous les maquisards du département. Il regagne l'Ain après avoir confié le commandement des Glières à "Tom" Morel. Lorsque, le 5 février 1944, 5 000 Allemands appuyé par de l’aviation attaquent les camps du maquis de l’Ain, y massacrant les maquisards, Romans-Petit se rend immédiatement sur place à ski et part à la recherche des rescapés, passant au travers du dispositif allemand. Il réorganise ensuite le maquis et rencontre les responsables des forces du Haut-Jura. Le 6 avril 1944, plusieurs milliers de soldats de la Wehrmacht sont rassemblés dans la région d'Ambérieu et donnent l’assaut le lendemain. Le colonel Romans-Petit décide alors de disperser les maquis ; ceux-ci organisent néanmoins des opérations de sabotage de nuit. Les Allemands se vengent, en particulier, sur les villages d’Oyonnax et de Saint-Claude. Le 6 juin 1944, prévenus du débarquement, les maquisards détruisent le dépôt d'Ambérieu, plaque tournante du réseau ferroviaire du sud-est. Cinquante-deux locomotives et dix machines-outils sont rendues inutilisables. Le 11 juillet 1944, les Allemands tentent une contre-offensive d'envergure avec quelque 27 000 hommes. Les 5 000 maquisards du colonel Romans-Petit parviennent à résister malgré de violents combats. En septembre l'Ain est libéré.




        Henri Romans-Petit:

The son of an SNCF employee, Henri Petit was born in 1897 in Firminy in the Loire Valley. He volunteered to serve in 1915, even though he was not yet eighteen, and served for the duration of the war in the 13ème BCA. On the front, he earned the rank of Corporal, then Sergeant, and was honored with his first citation and the Légion d'Honneur. Before the end of the conflict, he entered the Ecole Spéciale Militaire in Saint-Cyr. He graduated full of ambition and joined the bomb squadron, BR 127. He was made Second Lieutenant before his unit was demobilized. He returned to Lyon to continue his studies, earned a law degree, and then began working in Public Relations.

As captain in the Reserve Airforce in 1939, Henri Petit was stationed in Fréjus and commanded the air bases in Cannes and Nice. He refused to accept the Armistice, and like many others who felt the same way, Petit attempted to reach London and join de Gaulle, but to no avail. Instead, he went to Saint-Etienne and created one of the first Resistance networks with Jean Nocher. For two years, under the alias «Romans,» Petit taught resistance fighters how to parachute, and also participated in operations for recovering airdrops. After the network, Espoir, was dissolved, Henri Petit, now «Moulin,» sought out new contacts in the Resistance. He helped to scout out landing sights for airdrops and parachuters for BCRA (Central Bureau for Education and Action), and mobilized the first of the armed Resistance groups. At the end of 1942, Henri Petit met Marcel Démia d'Ambérieu-en-Bugey, one of the first Resistance leaders in Ain who had already gathered together other Vichy dissenters. It was he who introduced Petit to the local Resistance groups, all looking to organize. Petit founded the first school for cadets in Montgriffon, and in the spring of 1943, he also founded the first maquisard camps.

During that summer, he became leader of the operation under the alias «Romans,» and in September, became head of the AS in Ain after Bob Fornier was arrested. In September, under Romans-Petit's leadership, the maquisards had two great coups: they took control of both the depot for the Chantiers de Jeunesse in Artemare and the administration building for the Vichy army in Bourg-en-Bresse.

In October, 1943, Romans-Petit served as head of the military for the AS in Ain. On November 11th, he organized his troops’ famous march in Oyonnax, two-hundred and fifty men strong. They left a bouquet in the shape of the Croix de Lorraine at the monument for fallen soldiers before leaving the city in formation. The clandestine press and the London radio spread the word about the march in Oyonnax. This demonstration was key because it reassured the French population as well as the Allies that the Resistance existed and was mobilized. At the end of 1943, after effectively mobilizing the 2,000 men from the AS and the maquis into the paramilitary for Ain, Romans-Petit took over the Resistance groups and the AS in Haute-Savoie for Vallette d'Osia. He used the same strategy that he had in Ain: started a school for the cadets, and taught them to strike fast and to resupply faster. Romans-Petit worked as a liaison with London for the mission «Musc,» engineered by Jean Rosenthal (alias «Cantier»). The objective was to inspect the maquis, Richard Heslop («Xavier»), the British SOE, and the American, Denis Owen Johnson, («Paul»). Romans-Petit chose the plateau at Glières, close to Annecy, for airdrops, and in January, 1944, all of the maquisards in the department were stationed there. Romans-Petit left for Ain after passing on the command of Glières to «Tom» Morel. On February 5th, 1944, 5,000 German soldiers attacked the maquisard headquarters in the Ain. It was a massacre. Romans-Petit escaped on skis to look for survivors, passing dangerously close to German troops. He reorganized the remaining maquisards and met with the leaders in Haut-Jura. On April 6th, 1944, thousands of Wehrmacht soldiers entered the region of Ambérieu and launched their offensive the next day. Colonel Romans-Petit decided to disperse his troops to cover as much ground as possible. But he also ordered them to carry out night-time sabotage attacks. The Germans were particularly vicious in Oyonnax and Sainte-Claude. On June 6th, 1944, in preparation for the Allied landing, the maquisards destroyed the depot at Ambérieu, a main connection for the railroads in the South-East. Fifty-two locomotives and ten machines were neutralized. On July 11th, 1944, the German troops tried to launch a counter-offensive with 27,000 men. 5,000 maquisards under Romans-Petit's command held them off in a bloody and violent clash. In September, Ain was liberated.


Traduction : Catherine Lazerwitz


Musée de l’Ordre de la Libération ;

Claude Morel, in dédvédérom La Résistance dans l’Ain et le Haut-Jura, AERI, 2013.