Gendarmerie de La Chapelle-en-Vercors

Légende :

Gendarmerie de La Chapelle-en-Vercors ; à noter les deux plaques commémoratives scellées au niveau du porche d'entrée du bâtiment. sources : Alain Coustaury ©

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Alain Coustaury

Source : © La Médaille de la Résistance Française. Éd. Lavauzelle Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique couleur

Date document : 2011

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - La Chapelle-en-Vercors

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Analyse média

Le bâtiment actuel date de la période de reconstruction du village de La Chapelle-en-Vercors.


Alain Coustaury ©

Contexte historique

La brigade de gendarmerie de La Chapelle-en-Vercors est la seule en France à avoir été décorée de la médaille de la Résistance (décret du 14 juin 1946. JO du 11 juillet 1946). Située dans ce village qui a payé un lourd tribut au combat de juillet 1944, village où se rencontraient et séjournaient les chefs de la Résistance du Vercors, la brigade de gendarmerie de la Chapelle-en-Vercors aurait pu nuire gravement à la Résistance. Elle s'est particulièrement distinguée par l'aide apportée, dans l'ombre et la discrétion à la Résistance. Négligeant les risques encourus, elle ne transmit pas ou avec retard, ou déformés, les informations pouvant entraîner des représailles (diffusion de tracts, parachutages). En liaison constante avec les divers maquis stationnés dans sa circonscription, elle les avertit des opérations projetées par les Allemands et les miliciens, les informa des mouvements des troupes ennemies. La brigade participa au déménagement et à la mise à l'abri d'un dépôt d'armes, à un parachutage de nuit. Le 9 juin 1944, la brigade rejoint les Forces françaises de l'intérieur et participe à la défense du Vercors. Le 28 juillet, le gendarme Édouard Hervé, blessé, est fait prisonnier. Il sera fusillé. Le Maréchal des logis-chef René Garcin et le gendarme René Celérien seront décorés de la croix de guerre pour services rendus à la Résistance. L'aide et l'action que la brigade de gendarmerie de la Chapelle-en-Vercors apporta sous diverses formes à la Résistance, son refus de la collaboration ont été précieux. On peut comparer la situation dans la Drôme à celle que révèlent les archives de la gendarmerie de Melun. Les renseignements ci-dessous concernent la gendarmerie sur le plan national. D'un effectif de 39 000 gendarmes, on estime à 12 000 le nombre de gendarmes engagés dans la Résistance et, après le 6 juin 1944, un grand nombre prirent le maquis. 338 gendarmes ont été fusillés (10 officiers et 328 sous-officiers ou soldats). 431 gendarmes ont disparu en Allemagne (en déportation ou exécutés en prison), 921 ont été des rescapés des camps de déportation. Parmi les gendarmes, quatre sont Compagnons de la Libération, 360 ont eu la médaille de la Résistance, 351 la Légion d'honneur, 1 060 une médaille militaire, 4 852 ont eu une citation avec croix de guerre. La médaille des Justes a été attribuée à sept d'entre eux. Tous ces chiffres ont été communiqués par Jean Monin, déporté à 17 ans à Mauthausen, fils de gendarme, président de la section de la FNDIRP de Romans-sur-Isère. Dans la Drôme, les relations entre la gendarmerie et la Milice, créée par Vichy, ont été difficiles. Le 16 avril 1944, la Milice, avant d'attaquer le Vercors, neutralise sept brigades de la Drôme (Tain, Saint-Jean-en-Royans, Saint-Nazaire-en-Royans, la Chapelle-en-Vercors, Die, Saillans, Crest). Dix-huit gradés et gendarmes ont été arrêtés, puis relâchés. La Résistance fait également pression sur les gendarmes. Le 10 novembre 1943, à Valence, un tract sous pli est glissé sous la porte de la gendarmerie demandant aux gendarmes de ne plus obéir à Vichy mais de favoriser les mouvements de Résistance. La pression de la population sur les gendarmes qui sont à son contact est une autre des raisons qui les feront rejoindre la Résistance. Les gendarmes ont des victimes à cause des deux camps. Les Allemands en ont tué mais aussi le Résistance. De nombreux Résistants sont des militaires, comme les gendarmes. Ce fait n'est pas étranger au ralliement des brigades des communes du Vercors en juin 1944. À posteriori, les gendarmes seront épargnés par la mémoire de la Résistance qui les « dédouanera » de certaines de leurs actions, accomplies dans l'exercice de leur devoir. Par sa situation entre la Résistance qu'elle couvrait de sa sympathie et le gouvernement et l'envahisseur qui exigeaient de sévir, la gendarmerie, peut-être plus que tout autre corps, a eu à souffrir de l'Occupation.


Auteurs : Alain Coustaury, Jean Sauvageon

Sources : La Médaille de la Résistance Française. Éd. Lavauzelle, 2002.
Dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, éditions AERI-AERD, 2007.