Jean-Paul Bourdongle (docteur)

Légende :

figure emblématique de la Résistance à Nyons.

Genre : Image

Type : Portrait

Producteur : Inconnu

Source : © Terre d’Eygues, n°23 Droits réservés

Détails techniques :

Dessin au crayon.

Date document : 1944

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Nyons

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Analyse média

Portrait du docteur Jean-Paul Bourdongle.

Jean Bourdongle, né le 8 décembre 1912 à La Roche-Saint-Secret, s'inscrit à la faculté de Médecine de Lyon.
Mobilisé en septembre 1939, il est affecté comme médecin militaire. Démobilisé, il prépare sa thèse et s'installe à Nyons comme médecin généraliste, fin 1940. Très apprécié par ses patients, le jeune médecin parcourt le pays et l'arrière-pays nyonsais sur sa moto.
À Nyons, début 1943, se crée le Comité de Front national de la Résistance. La présidence lui en est confiée. Le Comité aide les jeunes à se soustraire au STO (Service du travail obligatoire). Il aide la population par la fourniture de denrées alimentaires et ravitaille les maquis environnants. C'est surtout le Docteur Bourdongle qui s'en charge, à la faveur et sous le couvert de ses nombreux déplacements dans les campagnes.
Une première alerte a lieu le 21 janvier 1944. Le Docteur Bourdongle est arrêté, puis transféré à la prison Montluc à Lyon. Faute de preuves, il est relâché, mais Klaus Barbie délègue un espion dans la région nyonsaise, Joseph B, dit "Marie-Louise". Celui-ci rejoint le maquis de la Bessonne, à Condorcet. Il y séjourne du 3 février au 3 mars 1944. Après s'être bien renseigné sur les maquis de la région, il sollicite un congé-maladie, prétextant un état dépressif. Le docteur Bourdongle accorde cette permission, donne même au garçon de quoi payer son voyage en train et un sandwich pour le trajet. Marie-Louise réapparaît, le 19 mars, au milieu d'une trentaine de soldats allemands. Le docteur est appréhendé rudement, l'appartement est fouillé. Devant l'échec des recherches, Jean Bourdongle est transféré à la mairie où il est soumis à des tortures violentes.
Quelques heures plus tard, à bout de forces, mais encore conscient, il est jeté dans un camion qui gagne Saint-Pons, un hameau de Condorcet, où les Allemands, grâce à Joseph B., savent pouvoir trouver un maquis. Mais celui-ci est allé s'installer la veille près de Vaison-la-Romaine. Furieux de ne pas trouver les Résistants, les Allemands tournent leur fureur vers les habitants de Saint-Pons. Gustave Long, Bertin Montlahuc, Henri et Marcel Sillan père et fils, Stanislas Gras sont appréhendés brutalement et joints à Jean Bourdongle. Simon Raspail qui assistait de loin à la scène est abattu au fusil-mitrailleur. Puis les six otages sont sauvagement assassinés, contre le mur de l'école de Saint-Pons.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.

Contexte historique

Beaucoup de médecins sont appelés pour soigner, assurer une urgence, aider à évacuer des résistants blessés vers un hôpital.

"Rares sont les praticiens locaux qui ne furent pas appelés à recevoir des malades, des blessés, ou à se déplacer pour une urgence, voire à assurer eux-mêmes l'évacuation d'un malade sur tel hôpital ou clinique. Si certains furent sollicités à cause de leur situation géographique, c'est surtout au dévouement de quelques-uns, à leur volonté de coopérer, et cela bien souvent au péril de leur propre vie, que la Résistance put compter sur et avec une partie du corps médical." (Fédération des Unités combattantes de la Résistance et des FFI (Forces françaises de l'intérieur) de la Drôme, Pour l’amour de la France, Peuple Libre Valence 1989, 495 p.).

Nombre de praticiens ont ainsi été des alliés de la Résistance. Nous ne pouvons citer que les plus actifs ou les plus impliqués dans cette mission.

Au Grand-Serre, le cas du docteur Pierre Chayvialle est exemplaire du rôle des médecins de campagne coopérant avec la Résistance. Après l'invasion de la zone Sud, en novembre 1942, les bois sont le refuge du maquis organisé par Narcisse Geyer ("Thivollet") et de Charles-André Lahmery ("Bozambo"). Pierre Chayvialle partage ses activités entre sa clientèle habituelle et les soins apportés aux résistants. Il échappe le 9 octobre 1943 à une rafle où de nombreux otages sont pris. Il se rend auprès des blessés dès que cela est nécessaire. Le 25 décembre 1943, il porte secours à un homme, blessé au ventre, qui s'est réfugié dans une ferme perdue au milieu des bois. Il le transporte à l'hôpital de Romans où le chirurgien André Morel l'opère avec succès.
Les docteurs Benoît Lemonon, André Lévy, les pharmaciens Jean Chancel, Jean Laville soignent à Saint-Donat-sur-l’Herbasse.
L'hôpital de Romans accueille les blessés avec l'équipe du docteur André Morel, assisté de Georges Lafaury, Daniel Pieniek, Henri Destre, tous les trois étudiants, du docteur Fernand Ganimède, de l'infirmier chef Félix Barbier aidé de son épouse Baptistine-Louise.
Les blessés sont transportés, avec beaucoup de risques, à Bourg-de-Péage, à la clinique où officie le docteur Eynard. Le docteur Ganimède fait partie des premiers Résistants romanais. Fin 1942, il est contacté par Aimé Pupin, un des fondateurs du Vercors résistant. Il prodigue ses soins à ce que l'on considère comme le premier maquis du Vercors, le camp d'Ambel. Il devient le chef du service de santé du Vercors. Son fils Jean est son agent de liaison.
À Valence, à la clinique Saint-Joseph, le docteur André Rigal soigne discrètement les résistants. Ancien médecin militaire, le docteur Rivière soigne à Montmeyran les blessés cachés dans les maisons amies. Jean Planas ("Sanglier"), à Étoile, est non seulement médecin mais aussi à l'origine de la création d'une compagnie qu'il mène au combat à partir du 6 juin. Le 5 juin, son fils Michel reçoit l'ordre de la Résistance de se faire affecter à l'hôpital du Valentin, près du docteur Rigal, où il va effectuer des opérations de renseignements auprès des miliciens et du recrutement pour la Résistance.
À Crest, Frédéric Thiers est chirurgien à l'hôpital. Dans le Diois, on peut citer les docteurs Pardoura, Rousset, Barnaud, Charpenay, Abel, à Châtillon, Hérés, futur médecin de l'hôpital du Vercors. L'exécution, après torture du docteur Bourdongle, à Nyons, montre de façon tragique les risques encourus par une partie du corps médical drômois.
À Buis-les-Baronnies, le docteur Claude Bernard soigne les résistants bien avant que ne soit installé l'hôpital de la Résistance, dirigé par le docteur Arnaud Achiary.

On pourrait en citer bien d'autres puisque d'après un des acteurs, le docteur Ferrand, ce sont 34 médecins, dont six réfugiés dans le département, qui ont participé d'une façon ou d'une autre à la Résistance.

Les infirmières ont joué un rôle très important dans les hôpitaux et infirmeries de la Résistance. Leurs noms ne sont pas toujours connus. Elles ont souvent travaillé dans l’ombre et n’ont pas demandé de reconnaissance officielle après la guerre. Camille Mahistre rejoint l’hôpital de la Résistance à Buis-les-Baronnies où elle assure les soins aux malades et aux blessés.

Odette Malossane, dite "Etty", arrive à l’hôpital de Saint-Martin-en-Vercors, le 10 juin 1944, elle y est nommée infirmière major. Elle est parmi le personnel soignant et les blessés qui se sont réfugiés dans la grotte de la Luire lorsque les Allemands l’investissent le 27 juillet 1944, avec ses camarades Rosine Crémieux, Cécile Goldet, France Pinhas, Maud Romana, Suzanne Siveton, Anita Winter. Toutes sont déportées, Odette Malossane n’en reviendra pas.


Auteurs : Jean Sauvageon
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.