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Libération n°83, 10 juillet 1942

Légende :

Journal Libération zone occupée n°83, 10 juillet 1942

Genre : Image

Type : Journal

Source : © Bibliothèque Nationale de France (Gallica) Droits réservés

Détails techniques :

Document ronéotypé de deux pages.

Date document : 10 juillet 1942

Lieu : France

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Contexte historique

Les soixante et un premiers numéros de Libération sont conçus et rédigés par Christian Pineau qui signe sous divers pseudonymes comme "François Berteval" ou "Capitaine Brécourt" pour les articles traitant de sujets militaires. Jean Texcier reprend la rédaction du journal après le passage de Christian Pineau en zone Sud, aidé par Jean Cavaillès. Gaston Tessier donne régulièrement des articles, sous les pseudonymes de Jean Delarc, de Jeanne Lafrance ou de P.Loutil, Maurice Harmel signe Jean Fournès, le Dr Yves Porch'er "Capitaine Bricourt", Marcel Ferrières, beau-frère de Jean Cavaillès signe des articles à teneur économique du nom de Barafort. A ces collaborateurs réguliers s'ajoutent des participations occasionnelles comme celles de Louis Vallon, d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie ou de Pierre Brossolette.

Du premier numéro, daté du 1er décembre 1940, au dernier qui porte le numéro 190, la régularité hebdomadaire est tenue de manière exemplaire. Le format ne dépasse jamais la forme du tract, ronéotypé recto-verso puis imprimé à partir de septembre 1943. Le tirage augmente très progressivement et demeure modeste comparé aux autres feuilles clandestines : sept exemplaires pour les premiers numéros, une centaine en 1941, 350 au printemps 1942, un millier fin 1942, 4 000 au printemps 1943 puis à 40 000 exemplaires à la fin de l'Occupation.

Le journal constitue l'activité initiale pour la plupart des mouvements de Résistance, moyen d'informer face aux propagandes allemande et vichyssoise mais aussi moyen de sonder l'opinion afin de rassembler les bonnes volontés et de passer des consignes générales de combat. La diffusion demeure longtemps artisanale même si elle bénéficie très tôt des filières socialistes et syndicalistes. Yvonne Tillaut, secrétaire, amie de Christian Pineau, employée à la Caisse d'Assurances sociales "Le Travail", 211 rue, Lafayette, tape les textes et tire plusieurs centaines d'exemplaires sur la ronéo de la Caisse, à la nuit tombée. Elle se charge également des envois par la poste, relayés par le recopiage et...le bouche à oreille. Puis Charles Laurent assure la multiplication d'un certain nombre d'exemplaires à la Fédération des Fonctionnaires, rue Mazarine. Auguste Bostsarron se charge un temps de la fabrication, sur la ronéo de la Foire de Paris.

Les informations nécessaires à la rédaction des articles proviennent de diverses sources, professionnelles, administratives, personnelles ou tirées de la presse suisse et de la radio anglaise. Les thèmes abordés sont politiques - les acteurs et faits de la collaboration sont rapportés par le menu, de manière souvent ironique - mais traitent majoritairement de la vie quotidienne, des problèmes de ravitaillement et des diverses formes du pillage allemand. S'y ajoutent de nombreux articles faisant preuve d'un optimisme patriotique ou militaire exacerbé, destinés à soutenir le moral des sympathisants ou à démoraliser l'ennemi.

Fabrication et diffusion se perfectionnent peu à peu. Norgeu, imprimeur spécialisé dans l'imagerie religieuse, installé au 34, rue du Moulin-Joli à Belleville, apporte le premier son concours à la fabrication du journal. A partir de juillet 1942, la famille Norgeu entière, qui se déclare à la fois "socialiste, syndicaliste et gaulliste", s'y consacre. Le papier manque, l'argent aussi. Pierre Fortassier, jeune normalien de la rue d'Ulm sert d'agent de liaison à Jean Texcier. Les colis de journaux partent par le train ou par la poste. Marthe Norgeu tape les enveloppes. Toute une équipe s'affaire et l'entreprise prend de l'ampleur. Jean Texcier s'adresse alors à un lynotypiste alsacien Schulé, rue de Bondy, qui fabrique des plombs. Celui-ci assure, à partir du numéro 145 (7 septembre 1943), la composition du journal, tandis que les tirages sont effectués chez Racine, rue de Romainville. Le tirage s'élève alors à quelques dizaines de milliers d'exemplaires. Au mois d'avril 1944, une souricière est tendue par la Milice. Racine, prévenu prend la fuite. Le journal cesse de paraître pendant un mois (21 avril-20 mai 1944) puis est de nouveau ronéotypé sur deux pages par Pierre Fortassier sur le duplicateur de la maison Norgeu. Les deux derniers numéros du journal sont imprimés sur les presses du journal L'Auto, 10, rue du Faubourg Montmartre. 

La collection presque complète du journal est aujourd'hui conservée à la Bibliothèque nationale.


Alya Aglan " Le journal Libération-Nord " in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.