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Jean-Pierre Levy

Légende :

Jean-Pierre Levy, cofondateur du mouvement Franc-Tireur et représentant de Franc-Tireur au Conseil National de la Résistance, à la suite d'Eugène Claudius-Petit. Au verso, fausse carte d'identité de Jean-Pierre Levy (Fonds Jean-Pierre Levy, DR).

 

Jean-Pierre Levy, cofounder of the movement Franc-Tireur and representative of Franc-Tireur at the National Council of the Resistance, succeeded to Eugène Claudius-Petit

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Lieu : France

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Contexte historique

Pseudos : Lenoir - Robert - Martin - Gilles

Jean-Pierre Levy est né le 28 mai 1911 à Strasbourg, où son père était négociant. Son père décède alors qu'il n'est âgé que de 11 ans. Très jeune, il assume la lourde responsabilité de chef de famille. Très tôt se fait jour chez lui une solide culture républicaine, doublée d'un "patriotisme alsacien".

Après des études à l'Institut d'enseignement commercial de Strasbourg, il travaille comme agent commercial puis comme représentant dans une entreprise de filature et de tissage, Weill et Cie. Au cours de son service militaire en 1930, il suit les cours de l’Ecole d’élève officier de réserve de Poitiers. Il est mobilisé le 24 août 1939 comme lieutenant et démobilisé en août 1940.

Il entre dans la Résistance à Lyon, ville dans laquelle s'est réfugiée sa famille dès septembre 1940 et participe aux activités du groupe France-Liberté, à partir de janvier 1941. Il noue ses premiers contacts, rédige et diffuse des tracts anti-allemands, recherche des imprimeurs et des fonds.

Co-fondateur en 1941 du mouvement Franc-Tireur avec Antoine Avinin, Elie Péju, Auguste Pinton, Noël Clavier et Jean-Jacques Soudeille, Jean-Pierre Levy, alias "Gilles", en devient le chef national. Parallèlement, il créé le journal clandestin Franc-Tireur qui paraît tous les mois, et dont le tirage passe de 5 000 exemplaires en novembre 1941 à 150 000 en août 1944.

Jean-Pierre Levy organise le mouvement en différents services : renseignement, parachutage, et groupes francs. Il crée également un service social, et prend des contacts avec les représentants de la France libre, les agents britanniques et les autres mouvements de Résistance de la zone Sud. Désireux d'étendre l'action résistante du mouvement à l'ensemble de la zone Sud, il multiplie les déplacements, notamment à Roanne, Saint-Etienne, Marseille, Toulon et Clermont-Ferrand, profitant de chaque escale pour tisser un réseau.

C'est d'ailleurs à Clermont-Ferrand qu'il est interrogé une première fois par la police, le 15 octobre 1941, à cause de l’imprudence de l’un de ses agents. Un an plus tard, il est arrêté à Lyon et est libéré grâce au courage de l'un de ses co-inculpés qui le disculpe en prenant sur lui toute la responsabilité de l’affaire. Arrêté une deuxième fois à Lyon en pleine rue, le 24 décembre 1942, il est relâché par erreur mais doit entrer immédiatement dans la clandestinité en quittant toute activité officielle, un mandat d’arrêt étant lancé contre lui. Il se réfugie alors à Miribel, chez Henri Deschamp.

Les chefs de Libération et de Combat, plus âgés et mieux introduits politiquement, se montrent parfois condescendants envers lui, pourtant responsable de Franc-Tireur. Néanmoins, dans la phase unificatrice qui s'ouvre sous la direction de Jean Moulin, Jean-Pierre Levy joue un rôle pondérateur qui mérite davantage de considération. A la différence d'Henri Frenay et d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie, il soutient sans réserve l'envoyé du général de Gaulle et c'est en partie grâce à son action discrète et efficace que s'opère la fusion des trois grands mouvements.

En février 1943, il participe à la création des Mouvements unis de Résistance (MUR) avec les mouvements Combat d’Henri Frenay et Libération-Sud d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie.

Après deux tentatives infructueuses de départ pour Londres sur convocation du général de Gaulle (dont une en septembre 1942 avec Jean Moulin) il rejoint la Grande-Bretagne à la mi-avril 1943 par une opération aérienne effectuée dans la région de Mâcon, en compagnie d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie. Son séjour à Londres est prolongé de deux mois à la suite d'un accident au cours d'un entraînement parachutiste à Wilmslow et il est ramené par opération aérienne (Lysander) dans la région de Lyon, toujours avec Emmanuel d'Astier, le 25 juillet 1943.

Arrêté une troisième fois le 16 octobre 1943 au domicile parisien de Gilbert Védy ("Médéric"), responsable de Ceux de la Libération (CDLL), il est incarcéré à la prison de la Santé pendant huit mois. Jean-Pierre Lévy, alias "Lenoir", est libéré par un groupe franc des MUR, emmené par Charles Gonard, durant son transfert à Fresnes, le 12 juin 1944. Il reprend alors ses activités clandestines jusqu'à la Libération, notamment au sein du Conseil national de la Résistance, où il représente Franc-Tireur.

De 1944 à 1946, Jean-Pierre Levy est commissaire provisoire auprès de l'Office professionnel des industries du cuir avant de faire une brillante carrière dans l’industrie. Directeur des industries textiles et des cuirs (1947-1949), il dirige ensuite les Industries diverses et des textiles (1949-1970).

Inspecteur général de l'industrie en 1956, il est de 1957 à 1964, administrateur des Houillères du bassin d'Auvergne puis, de 1965 à 1971, administrateur de la Régie nationale des Usines Renault.
Administrateur de l'Office national des Forêts (1968-1972), il est conseiller d'Etat en service extraordinaire (1970-1974) puis, de 1971 à 1975, président du conseil d’administration du Centre national pour l'exploitation des océans (CNEXO) et président des jurys de l'Ecole des Hautes Etudes de Commerce (HEC) et de l'Institut supérieur des affaires (1972-1978).

Jean-Pierre Levy est également président du Comité consultatif et du groupe permanent chargés d'étudier les actions médicales, paramédicales et sociales, liées à la scolarité des enfants et des adolescents (1976-1980). Membre du Conseil de l'Ordre de la Libération, il exerce également de nombreuses responsabilités sociales : vice-président fondateur de Revivre, groupement de solidarité pour les orphelins de la Résistance, de 1945 à 1967 ; administrateur du Comité des oeuvres sociales de la Résistance (COSOR) à partir de 1947 et son président à partir de 1972 ; vice-président du Comité d’action de la Résistance (COMAC) en 1954, administrateur et membre du comité exécutif des «Villages d’enfants S.O.S.» de France et des «Villages S.O.S. Monde» en 1967, membre du Comité central de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) à partir de 1971 et administrateur du Centre de documentation juive contemporaine et du Mémorial du martyr juif inconnu depuis 1979 ; il est membre du comité directeur de la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1976 à 1980.

Père fondateur de la Fondation de la Résistance, "modeste et résolu" selon le général de Gaulle, Jean-Pierre Levy laisse le souvenir d'un homme "solide et raisonnable" qui a accompli son devoir sans ostentation ni faiblesse.

Jean-Pierre Levy est décédé le 15 décembre 1996 à Paris où il a été inhumé.


Décorations : 
Grand-Croix de la Légion d'honneur ; Compagnon de la Libération - décret du 24 mars 1943 ; Grand Officier de l'Ordre national du mérite ; Croix de guerre 1939-1945 (1 citation) ; Médaille de la Résistance ; Croix du Combattant Volontaire de la Résistance ; Officier du mérite agricole ; Commandeur du mérite commercial ; Commandeur du mérite artisanal.



Publication : 
Mémoires d'un Franc-tireur. Itinéraire d'un résistant (1940-1944), Editions Complexes, Paris 1998.

 

Jean-Pierre Levy was born May 28, 1911 in Strasbourg where his father was a merchant. His father died when he was only 11 years old. Very young, Levy assumed the cumbersome responsibilities as head of household. Early on, he developed strong republican beliefs, along with “Alsacien Patriotism”.

After studying business at the Institute of Commercial Education in Strasbourg, he worked as a salesman and then as a representative of a textile weaving company, Weill and Cie. During his military service in 1930, he attended the School of High Reserve Officers in Poitiers. He was mobilized on August 24, 1939 as a lieutenant and then demobilized in 1940.

He entered the Resistance of Lyon, the city in which his family took refuge, in September of 1940 and participated in the activities of the group France-Liberté, starting in January 1941. He made ties with his first contacts, wrote and diffused anti-German pamphlets, and researched potential publishers and funds.

Co-founder in 1941 of the movement Franc-Tireur with Antoine Avinin, Elie Péju, Auguste Pinton, Noel Clavier, and Jean-Jacques Soudeille, Jean-Pierre Lévy, alias “Gilles”, became the national head of the organization. After this, he created the clandestine journal which appeared every month, and whose printing went from 5,000 copies in November 1941 to 150,000 in August of 1944.

Jean-Pierre Levy organized the movement into different services: intelligence, airborne, and combat groups. He also created a social service and made contacts with the representatives from Free France, British agents, and other Resistance movements from the southern zone. Hoping to extend resistance action together across the southern zone, he traveled across France, notably to Roanne, Saint-Etienne, Marseille, Toulon, and Clermont-Ferrand, profiting at every stop by creating a communication network.

As a matter of fact, at Clermont-Ferrand he was interrogated the first time by police, October 15 1941, because of the imprudence of one of his agents. One year later, he was arrested at Lyon and then liberated because one of his co-accused exonerated him and took all of the responsibility for the affair. Arrested a second time at Lyon in the street December 24, 1942, he was freed by mistake but had to immediately enter into hiding and stop all official activity thanks to an arrest warrant. He then sought refuge at Mirabel with Henri Deschamp.

The heads of Libération and Combat, older and better experienced politically, sometimes were condescending towards him, even though he was responsible for Franc-Tireur. Nevertheless, during the phase of unification, which opened under the direction of Moulin, Jean-Pierre Levy played a role which deserved much consideration. As opposed to Henri Frenay and Emmanuel d’Astier de la Vigerie, he undertook without reservation the correspondence with General de Gaulle and it is in part thanks to his discrete action and efficiency that the three large movements merged.

In February 1943, he participated in the creation of the United Resistance Movements (MUR) with Combat of Henri Frenay and Libération-Sud of Emmanuel d’Astier de la Vigerie.

After two unsuccessful attempts to go to London from the summons of General de Gaulle (that of September 1942 with Jean Moulin) he rejoined Great-Britain in mid April 1943 for an aerial operation carried out in the Macon region, accompanied by Emmanuel d’Astier de la Vigerie. His trip to London was prolonged for two months after an accident in parachute training at Wilmslow and he went back by an aerial operation (Lysander) to the Lyon region, once again with Emmanuel d’Astier, July 25, 1943.

Arrested a third time October 16, 1943 in the Parisian home of Gilbert Védy (“Médéric”), responsible for Resistance movement Ceux de la Libération (CDLL) he was incarcerated in the Prison de la Santé for eight months. Jean-Pierre Levy, alias “Lenoir”, was liberated by a French group of the MUR, led by Charles Gonard, during his transfer to Fresnes June 12, 1944. He retook to his clandestine activities until the Liberation, notably as a member of the National Council of the Resistance where he represented Franc-Tireur.

From 1944 to 1946, Jean-Pierre Levy was provisional commissariat for the Professional Office of Leather Industries before having a brilliant carrier in the industry. He became Director of the textile industries in leather (1947-1949), he then directed diverse and textile industries. (1949-1970). Inspector general of the industry in 1956, he was administrator for coal in the Auvergne basin, and then from 1965-1971 he directed the national corporation of Renault factories. Levy was Administrator to the Office of National Forests (1968-1972), State Counselor for Services Extraordinaire (1970-1974), president of the Administrative Council for the Exploitation of the Oceans (CNEXO), and President of the jury of High Studies of Commerce (HEC) and the Institute of Superior Affairs (1972-1978).

Jean-Pierre Levy was also president of the consulting committee and group permanently charged with studying medical action, paramedics and socials, tied to the scholarship of children and adolescents (1976-1980). As a member of the Council of the Order of Liberation, he exerted a number of social responsibilities as well: Vice-President and Founder of Revivre, a group for the solidarity of orphans of the Resistance, from 1945 to 1967; administrator of the Committee of Social Work from the Resistance (COSOR) starting in 1947 and president starting in 1972; vice-president of the Action Committee of the Resistance(COMAC) in 1954, administrator and member of the executive committee of “Villages of Children S.O.S.” of France and “Villages S.O.S. World” in 1967, member of the central committee of LICRA (International League Against Racism and Antisemitism) starting in 1971 and administrator of the Center of Contemporary Jewish Documentation and of the Memorial of the Unknown Martyred Jew since 1979; he was a member of the director committee of the League for the Human and Citizen Rights from 1976-1980.

As the founder of the Foundation of the Resistance, “modest and resolute” according to de Gaulle, Jean-Pierre Levy left behind the memory of a “solid and reasonable” man who accomplished his work without ostentation or weakness.

Jean-Pierre Levy died December 15, 1996 in Paris where he is buried.

Decorations:

Grand Croix de la Légion d’Honneur; Liberation Campaign- decorated March 24, 1943

Grand Croix de l’Ordre National du Mérite ; Croix de Guerre 1939/1945 (1 citation) Médaille de la Résistance : Croix du Combattant Volontaire de la Résistance ; Officier du mérite agricole ; Commandeur du mérite commercial ; Commandeur du mérite artisanal.

 

Traduction : John Vanderkloot


D'après le site Internet du Musée de l'Ordre de la Libération et Dictionnaire historique de la Résistance, sous la direction de François Marcot, Robert Laffont, 2006.