Yvette Gouineau

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Service historique de la Défense, 16 P 264 771 Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : sans date (vers 1950)

Lieu : France

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Contexte historique

Yvette Gouineau est née le 4 octobre 1915 à Rochefort-sur-Mer (Charente-Maritime). Licenciée en Lettres et diplômée d'études supérieures de grec, elle occupe, de 1937 à 1940, un poste de professeur au lycée de jeunes filles de Versailles. En juin 1940, elle commence son activité résistante alors qu'elle enseigne au lycée Racine où elle reste jusqu'en juillet 1942. A partir de cette date, elle donne des cours particuliers à son domicile, 16 rue Vergennes à Versailles.

Ses premières activités consistent à reproduire les discours prononcés par le général de Gaulle à la BBC et à les transmettre à son entourage proche. Elle commence ainsi à constituer un petit groupe qui établit son PC chez elle à Versailles. En octobre, elle rencontre par hasard son ancien professeur de Khâgne, Maurice Lacroix, et échange des tracts avec lui. Quelques temps après, celui-ci lui remet plusieurs exemplaires de Valmy qu'elle se charge de diffuser. Le petit groupe reproduit et distribue également Pantagruel, Les petites ailes, La France continue et bien d'autres journaux clandestins.
Le 11 novembre 1940, avec des amis, elle dépose une couronne au cimetière des Gonards, à Versailles, devant le monument des Anglais morts durant la Première Guerre mondiale. En fin d'après-midi, elle participe à la manifestation de l'Arc de Triomphe.
Durant les années 1940-1941, le groupe de la rue de Vergennes est en contact avec plusieurs filières de Résistance, mais il n'est encore inféodé à aucun groupe en juillet 1942, date à laquelle il rejoint le mouvement Résistance. Dans ce cadre, Yvette Gouineau fournit ponctuellement des renseignements au réseau Manipule et à CDLR par l'intermédiaire de Max Blondel. Elle est également en contact avec le colonel Hauet du réseau du Musée de l'Homme et avec le mouvement Libération-Nord (Mme Cazajus).                    

En juillet 1942, Lacroix révèle à son ancienne élève la sortie prochaine du journal Résistance. Parallèlement à la diffusion de ce nouveau périodique, elle continue le recrutement pour son groupe. Par son investissement au sein du mouvement, Yvette Gouineau devient rapidement une proche collaboratrice de Jacques Destrée, fondateur et responsable de Résistance. Elle est chargée de la liaison avec les autres mouvements et réseaux.

En mai 1943, Destrée charge Yvette Gouineau de le représenter auprès des jeunes du mouvement. Elle organise alors la première réunion du comité directeur des "Jeunes de Résistance" à l'Ecole normale supérieure, rue d'Ulm, à la fin de ce mois. Elle constitue plusieurs groupes d'étudiants dans divers établissements scolaires et universitaires de Versailles, de Seine-et-Oise puis à Paris.
Quelques temps plus tard, Jacques Destrée lui confie, en collaboration avec André Lafargue et Paul Steiner, la direction du Service des réfractaires, en liaison étroite avec le Comité d'action contre la déportation (CAD) dirigé par Yves Farge.

En janvier 1944, suite aux vagues d'arrestation qui touchent le mouvement Résistance, elle est rattachée totalement au CAD. Yvette Gouineau se consacre alors, avec Léo Hamon, à la mise sur pied des Comités locaux d'aide aux réfractaires à Paris, en banlieue et dans certaines localités de Seine-et-Oise.
A la suite d'une perquisition de la Gestapo à son domicile le 10 mai 1944, elle rentre dans la clandestinité. Néanmoins elle est arrêtée le 9 juin 1944 à la Schola Cantorum, une pension de famille de la rue Saint-Jacques à Paris, dans une souricière établie à la suite de l'arrestation d'un membre du MNPGD avec qui elle avait rendez-vous. Cette réunion avait pour but d'unir les efforts des mouvements de résistance en matière d'aide aux réfractaires, notamment par la réalisation de faux papiers. Internée à Fresnes puis Romainville, elle est déportée le 12 août à Sarrebrück puis transférée, le 26, à Ravensbrück d'où elle reviendra le 15 avril 1945.
Elle a été homologuée au grade de chargé de mission de 2e classe (lieutenant) au titre du réseau Manipule.

Dans les années 1950, Yvette Gouineau est professeur au lycée de Ventiane (Laos). De retour en France, elle participe activement aux travaux du Comité d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale dont elle devient l'une des correspondantes. En 1951, elle publie sous le pseudonyme de "Françoise Bruneau" un historique du mouvement Résistance.

Décorations :
Officier de la Légion d'Honneur, Médaille de la Résistance avec rosette, Croix de CVR.


Fabrice Bourrée, " Yvette Gouineau " in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.

Sources :
Service historique de la Défense, 16 P 264 771
ONAC de Versailles, dossier de CVR d'Yvette Gouineau.
Françoise Bruneau, Essai d'historique du mouvement né autour du journal clandestin Résistance, Paris, Sedes, 1951.