Béthincourt (Meuse)

Légende :

Plaque située sous le porche de la mairie de Béthincourt

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Source : © Mairie de Béthincourt Droits réservés

Date document : 2013

Lieu : France - Grand Est (Lorraine) - Meuse - Béthincourt

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Analyse média

La plaque commémorative rappelle que la Médaille de la Résistance a été décernée à 17 collectivités territoiriales, dont Béthincourt (par décret en date du 15 octobre 1945). Elle mentionne également que la ville a abrité le Poste de Commandement (PC) du colonel Grandval, chef des FFI pour l'Est de la France. 
La devise "Patria non immemor" ("La patrie n'oublie pas") est celle des médaillés de la Résistance.


Contexte historique

Béthincourt est un petit village du Nord Meusien de 40 habitants, situé à une vingtaine de kilomètres de Verdun. Il comptait 439 habitants en 1914, 136 maisons, 131 ménages . Le 21 février 1916, le tonnerre des canons marque le début de la bataille de Verdun. Le village perdu par les troupes françaises le 8 avril 1916 et repris le 26 septembre 1918 disparaitra totalement sous l'acharnement des pilonnages des obus français et allemands. Béthincourt recevra la distinction de la Croix de guerre avec Palme. Situé en zone rouge Béthincourt aurait dû être rayé de la carte. Mais c’était sans compter sur la ténacité et le courage de quelques villageois qui se sont battus pour pouvoir reprendre possession de leurs terres et se sont mis à reconstruire leur village à quelques centaines de mètres de son ancien emplacement.

En 1939 le village compte environ 80 habitants. C’est en 1944 que se produit un événement qui va le marquer pour la seconde fois. Le 6 juin 1944, le Colonel Gilbert Grandval, chef des FFI de la région Grand Est de la France établit son quartier général dans le village. Il est hébergé par le maire de l’époque, un résistant comme tant d’autres, qui œuvre à sa mesure dans un réseau de campagne, à la libération de la France. Pendant un mois toutes les opérations de la région Nord Est seront dirigés depuis le village, à partir de postes émetteurs cachés dans plusieurs maisons. Les villageois observent le manège de ces allées et venues sans plus de curiosité mais dans un silence et une discrétion convenues. Le Colonel Grandval quittera le village précipitamment le 13 juillet, pressentant sans doute que sa présence a été détectée par les Allemands.

Le 19 juillet lors d’une battue administrative, le cadavre d’un chauffeur allemand est retrouvé dans les bois dans le secteur de Béthincourt. Le 21 juillet entre 200 et 300 soldats allemands encerclent le village. Dès les premières lueurs de l’aube, ils envahissent la rue, délogent brutalement les habitants , fouillent les maisons et rassemblent hommes, femmes et enfants sur la place du village. Certains hommes dont le maire du village se sont enfuis pendant la nuit, heureusement prévenus de cette invasion, emmenant avec eux et faisant disparaitre ce qui aurait pu trahir encore toute activité clandestine. Deux fermes seront incendiées. Interrogées, malmenées, douze personnes (sept hommes et cinq femmes, celles dont les maris manquaient à l’appel) seront emmenées sans ménagement par les Allemands, et conduits à Verdun pour être à nouveau interrogés, frappés, certains torturés par la Gestapo. Les femmes seront ensuite emmenées et incarcérées à la prison de Nancy, les hommes faits prisonniers à Verdun. Tous reviendront, heureusement, mais certains bien après après le 31 aôut 1944.

Il y aura cependant deux victimes : deux résistants , un homme et une femme, tous deux affectés au service du Colonel Grandval seront lâchement abattus par les Allemands, le lendemain sans doute venus rechercher quelques affaires personnelles et n’ayant pas été prévenus de la présence allemande. Cécile Gobet décèdera lors de son transfert à l’hôpital, et alors que longtemps on a cru que René Lardier avait également succombé, les recherches que j’ai effectuées depuis, m’ont appris qu’il avait été d’abord soigné à l’hôpital de Verdun, puis transféré en Allemagne avec les autres blessés allemands, puis déporté dans un camp près de Sarrebrück où il mourra en mai 1945.

Le village restera occupé pendant toute une semaine, coupé du reste du territoire, une seule personne habilité au ravitaillement.


Source : Extrait du discours prononcé par Marie-Claude Thil, maire de Béthincourt, lors de l'hommage rendu aux médaillés de la Résistance le 6 février 2013 à l'Hôtel de Ville de Paris.