Vie quotidienne au Maquis : corvée de bois

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection privée Pierre Marcault Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique noir et blanc

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ain

Ajouter au bloc-notes

Analyse média

En dehors des périodes de combat, les journées au camp sont organisées de manière très pratique. La vie au maquis est toute différente de celle d'une caserne de l'armée traditionnelle. Ici, les rapports entre chefs et subalternes ne découlent pas d'une hiérarchie préétablie, mais d'une discipline librement consentie ; la camaraderie n'exclut pas le respect mutuel. Le "supérieur" assoit son autorité sur le mérite, par ses qualités d'homme et de combattant. Aussi, les prises d'armes, répétitions de salut, exercices d'ordre serré sont des pratiques seulement réservées à des cas exceptionnels comme la réception d'une autorité ou l'apprentissage du pas cadencé avant le défilé d'Oyonnax par les camps de Morez, Pré carré et Corlier. Dans un camp du maquis, il faut que les gens soient occupés à des tâches utiles et qu'un roulement soit établi pour que chacun pratique toutes les activités. Une section de combattants se divise en groupes : Le groupe hors-rang comprend les cuisiniers, les boulangers, les ravitailleurs ; ces hommes représentent l'intendance et sont des permanents. Les autres groupes pratiquent à tour de rôle les corvées journalières et les séances d'entraînement. On entend par corvées journalières le nettoyage des locaux, le rangement du matériel, l'approvisionnement en bois et en eau et les aménagements pour l'amélioration des conditions d'hébergement. Les exercices d'entraînement consistent à apprendre la guérilla, une forme nouvelle de combat ignorée dans la guerre traditionnelle. Le maquisard doit être habitué, par des séances répétées, à marcher longtemps, à ramper, à monter une embuscade, à tirer correctement, à démonter, remonter et entretenir son arme. Les distractions sont rares et consistent en quelques exercices sportifs, jeux de cartes, chants, petites sculptures sur bois pour les plus habiles ou autres passe-temps nés de l'imagination de chacun. En outre, chaque groupe bénéficie d'une demi-journée de repos hebdomadaire passée au camp pendant laquelle on entretient vêtements et chaussures. Si les premiers maquisards ont des cantonnements bien localisés pendant le deuxième semestre 1943, il en est tout autrement à partir de février 1944, car les grandes attaques allemandes poussent les groupes à la mobilité, et à chercher au jour le jour des abris de fortune.


Témoignages de Pierre Marcault et d'autres anciens maquisards.

Claude Morel, "Emploi du temps au maquis", extrait du DVD-Rom, La Résistance dans l'Ain et le Haut Jura, AERI, à paraître.

Contexte historique

Devenir maquisard est un engagement difficile. Soucieux avant tout d'échapper au travail forcé pour l'Allemagne mais aussi épris d'aventure, beaucoup de jeunes idéalisent le maquis. Le rejoindre et y être accepté constituent déjà des exploits, mais y vivre demande une volonté farouche et une très bonne condition physique. Les réfractaires qui sont admis dans les camps n'imaginent pas les conditions matérielles dans lesquelles ils vont vivre : le manque de nourriture, l'humidité, le froid, le manque d'équipement et d'hygiène voire la maladie et la souffrance constituent des épreuves que les plus fragiles ne parviennent pas à surmonter. L'éloignement de la famille, la rudesse de certains chefs, l'inactivité et l'attente de l'action contre l'ennemi sapent également le moral de ceux qui sont venus pour se battre. Quand le temps du combat est venu, les maquisards sont confrontés à la mort de certains de leurs camarades, une mort qui s'accompagne souvent de tortures difficiles à imaginer. La volonté de libérer le pays, de venger leurs camarades, la haine de l'ennemi renforcent cependant leur volonté et l'emportent alors sur les autres sentiments. Longtemps, d'anciens maquisards ont gardé une certaine nostalgie d'une période hors du commun et exaltante. Ils se souviennent de leurs peines, mais aussi des liens de camaraderie et de solidarité très forts qu'ils ont noués entre eux. La plupart ont gardé une profonde admiration et affection pour leurs chefs que d'une certaine manière ils se sont choisis, choix entérinés le plus souvent par "Le Patron", Henri Romans-Petit ou "Le Capitaine", Paul Cribeillet "Grillon". Les chefs qui se sont imposés l'ont fait en grande partie parce qu'ils ont vécu avec et comme les maquisards de base, partageant leurs peines comme leurs espoirs.



Equipe Ain/Haut-Jura, "Vie clandestine et problèmes des maquis 4", DVD-Rom AERI, La Résistance dans l'Ain et dans le Haut-Jura, AERI, à paraître.