FFI et maquisards de Caisnes-Cuts

Légende :

De gauche à droite : André Rozan, Maurice Lacroix, Cécile Wallois, Albert Wallois, Simone Vasseur, Helvaser, inconnu, Pierre Wallois, Jean Wallois, Carnet et Raoul Dalon. A genoux : Dechamp et Jacques Salvage

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection privée Droits réservés

Détails techniques :

Photographie extraite du CD-ROM La Résistance dans l'Oise, AERI, 2003.

Lieu : France - Hauts-de-France (Picardie) - Oise

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Contexte historique

Petit village noyonnais situé sur la rive gauche de l'Oise en bordure du plateau du Soissonnais, Caisnes est, durant la Seconde Guerre mondiale, le centre de ce qu'on appelle localement un " maquis ". Le vallonnement prononcé, l'éloignement des centres urbains, la situation de carrefour entre Noyon, Soissons et Compiègne, l'importante végétation forestière et les nombreuses carrières souterraines favoriseront le dépôt, dans des caches, des armes récupérées de la débâcle de 1940 et lors de parachutages alliés. Mais les bois de Caisnes sont surtout, pour les habitants, le lieu où se cachent des résistants recherchés entrés en clandestinité, des communistes et des Républicains espagnols, des déserteurs de l'armée allemande (Yougosalves), des évadés soviétiques et polonais, des réfractaires au STO.... La venue de réfugiés du Havre masque ces mouvements de population.

Les réfugiés du Havre et la formation du maquis

Après le bombardement du Havre par les Anglais (1942), les populations des quartiers détruits, notamment celui "des Neiges", sont déplacés dans le Noyonnais. Une partie de ces réfugiés, environ une trentaine, dont beaucoup d'enfants, est hébergée à Caisnes. Le village connaissant une baisse démographique, la préfecture réquisitionne plusieurs maisons inhabitées. Ces nouveaux habitants travaillent alors à la culture (beaucoup d'hommes manquent) et dans les bois où est fabriqué le charbon de bois dit "saucisson" destiné au Royal Elysée. Très tôt, les bois et les carrières de Caisnes sont investis par des clandestins, d'abord les Russes, évadés des mines, puis les réfractaires au STO. Certains d'entre eux sont employés sous une fausse identité dans les fermes, notamment chez M. Lemaire, à Bellefontaine. A la veille du débarquement, une quarantaine d'hommes forment ce maquis ravitaillé par les gens du pays, dont Max Brézillon, apportant gigots et haricots dans son Ford T.

L'organisation clandestine

En marge de cette vie clandestine des réfugiés, des actions de résistance sont organisées dans la commune par des hommes du Noyonnais (MM. Delignières, Terqueux, Valois, Dhaty, Leroy, Salvage) sous la direction de l'instituteur Pierre Pichot et du capitaine Giboux, en liaison avec le responsable de l'OCM de Noyon, le capitaine Fourrier. Malgré plusieurs obscures affaires de règlements de compte et de bavures, le groupe de Caisnes réunit un stock d'armes issu de parachutages alliés dans le secteur de Varennes. Les conteneurs sont vidés la nuit et leur contenu transféré dans la carrière Mériot (Nampcel). Ce dépôt de " la creute de la Montagne " aurait contenu jusqu'à 130 mitraillettes de tous modèles, plusieurs milliers de cartouches, des grenades, des "pétards" aimantés... mais peu de fusils. Le dépôt de Caisnes permet d'alimenter les groupes voisins, tels celui de Chauny ou celui de Compiègne qui fera exploser les cuves de l'entreprise Ternac contenant de l'alcool pour les V1. Outre le parachutage, le groupe de Caisnes travaille au ravitaillement en nourriture du maquis (en fait des réfugiés), à la fourniture de papiers d'identité et de cartes, à l'approvisionnement en armes des groupes voisins puis, à partir de juin 1944, au sabotage des lignes (coupures des câbles, sciages des poteaux) et des ponts. A la suite de rumeurs de dénonciation, ce stock d'armes de la carrière Mériot sera transféré en pleine nuit par tombereaux tirés par des chevaux dans une sape du Grand Bois. Quelques jours plus tard, la carrière Mériot sera investie et fouillée par les troupes allemandes. En parallèle, en juin 1944, trois Américains seront parachutés sur Caisnes pour le renseignement des troupes alliées débarquées.


Jean-Yves Bonnard, "Le maquis de Caisnes-Cuts", extrait du CD-ROM La Résistance dans l'Oise, AERI, 2003.