Brassard du maquis d'Ardaillers (Lozère)

Légende :

Ecusson ou brassard à coudre du maquis d'Ardaillers

Genre : Image

Type : Brassard

Source : © Archives privées Aimé Vielzeuf Droits réservés

Détails techniques :

Ecusson en tissu brodé portant la croix de Lorrraine et l'inscription "Soureilhade"

Date document : sans date

Lieu : France - Occitanie (Languedoc-Roussillon) - Gard - Valleraugue

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Analyse média

"La Soureilhade" (l'Ensoleillée en occitan) est le nom donné par les maquisards à la bâtisse qu'ils occupent à partir de novembre 1943 à Ardaillers (hameau de Villeraugue). Ce nom lui a été attribué du fait de son exposition plein sud.


Contexte historique

Ardaillers, un vieux village typiquement cévenol, compte en 1943 une centaine d'habitants. Situé peu avant Valleraugue, l'accès est difficile que ce soit par la route à fortes pentes menant de Pont-d'Hérault à l'Aigoual ou par un chemin de chèvres à partir de Notre-Dame-de-la-Rouvière. C'est dans ce village, au régime pratiquement autarcique, que Laurent Olivès exerce son activité pastorale. Il apporte son concours à des proscrits : juifs, réfractaires au travail en Allemagne, qu'il munit de faux papiers et place dans des foyers paysans sûrs. Mais avec le Service du travail obligatoire (STO) et donc l'augmentation très importante du nombre des insoumis, il est obligé d'en regrouper dans des bergeries ou autres maisons forestières : dès mars 1943, Olivès installe sept de ces réfractaires dans une bergerie sise près de Taleyrac avec des conditions matérielles très précaires, sans liaisons avec l'extérieur et sans armes.

En novembre, ce petit groupe s'installe à Ardaillers dans une bâtisse abandonnée, baptisée par les nouveaux arrivants, "la Soureilhade" (l'Ensoleillée) parce qu'exposée plein sud. Ardaillers, par sa situation, constitue d'ailleurs un excellent poste d'observation. Mais les effectifs croissent toujours : un nouveau camp, "le Tison rouge" est installé dans une bergerie de la Vallée du Cros. Olivès est naturellement aux prises avec de redoutables problèmes d'intendance et avec, comme ailleurs, la pernicieuse inaction des hommes, voués, pour survivre, aux seules tâches matérielles. Dans cet esprit, Olivès organise alors une école de cadres afin de former des responsables de trentaines et de dizaines : on y enseigne à l'aide d'un instructeur venu de l'extérieur, le maniement des armes (cinq fusils d'instruction et un FM.... inutilisable !), les techniques de la guérilla et surtout l'esprit d'équipe. Une première promotion d'une vingtaine d'hommes baptisée "Aire de Côte", puis une seconde, "Alsace-Lorraine" sont formées début 1944.

Les Allemands sont informés de cette "concentration d'hommes que l'on dit armés" et interveniennent le 29 février 1944. Mais les maquisards prévenus quittent la Soureilhade à temps. Les SS du général Bittrich (9e Panzerdivision) se vengent en incendiant des maisons, capturant six otages dont quatre vont faire partie des "pendus de Nîmes". Olivès doit se cacher quelque temps et, après avoir mis sa famille à l'abri, revient dans les Cévennes pour tenter de rassembler ses hommes dispersés dans la nature. C'est dans ce contexte qu'il participe le 29 juin à Taleyrac à la réunion décisive qui aboutit à la création du maquis Aigoual-Cévennes : le maquis d'Ardaillers apportait 168 hommes, celui de Lasalle 207.


Source : Claude Emerique, "Le maquis d'Ardaillers" in CD-ROM La Résistance dans le Gard, AERI, 2009.