Insigne du maquis Bir-Hacheim

Genre : Image

Type : Insigne

Source : © Collection Maurice Bleicher Droits réservés

Détails techniques :

Insigne en aluminium peint.
Dimensions : 53 X 30,7 mm
Fixation à broche. 
Fabrication Augis. 

Date document : Février 1945

Lieu : France

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Analyse média

Cet insigne fabriqué à 225 exemplaires en février 1945 prend la forme d'un losange orné d'une croix de Lorraine chargée d'une tête de mort. 

Il porte la devise de la Légion étrangère, "Marche ou crève", qui s'est notamment illustrée lors des combats de Bir Hakeim (Lybie) du 26 mai au 11 juin 1942. C'est pour rendre hommage aux Forces françaises libres ayant combattu dans le désert lybien que Jean Capel baptise du nom de Bir Hakeim le maquis qu'il vient de fonder en mai 1943. Les années 1943-1944 sont celles de l'existence du maquis.


Auteur : Fabrice Bourrée

Contexte historique

Le 25 mai 1943, Jean Capel fonde avec Christian de Roquemaurel dit "RM" le maquis de l'Estibi dans un hameau à quinze kilomètres de Villefranche de Rouergue (Aveyron). Ce maquis regroupe une quinzaine d'étudiants. Il est baptisé Bir Hakeim du nom du plus glorieux fait d'armes des Forces françaises libres en Libye. Jean Capel conservera jusqu'à sa mort la haute direction de ce maquis. Le 2 juin 1943, le lieutenant-colonel Alfred Sarda de Caumont dit "Pagnol" ou "Rosette", chef maquis de la Région 4 (Midi-Pyrénées) reconnaît l'organisation créée par le "commandant Barot". Ainsi le maquis école de l'Estibi est pris en tutelle par le Service national maquis présidé par Michel Braut dit "Jérôme". Jean Capel organise un corps-franc qui, par des coups de main sur la région toulousaine ravitaille le maquis Bir Hakeim.

Le 25 août 1943, le maquis Bir Hakeim déménage sur le plateau de Douch, dans l'Hérault, à proximité de Bédarieux. Il y est attaqué par les troupes d'Occupation le 10 septembre 1943 et doit alors trouver refuge à Benou (Pyrénées-Atlantiques). Le même jour, Jean Capel, averti par sa mère, doit quitter Toulouse et se réfugier au château d'Auriac sur Vendinelle appartenant à monsieur de Bonnefoy dit "Monsieur Lebrun". C'est dans ce refuge que le "commandant Barot" entre dans la clandestinité et rencontre Michel Braut venu voir sa femme réfugiée, elle aussi, au château. Une relation de sympathie s'établit entre les deux hommes.

En octobre 1943, Jean Capel et le maquis Bir Hakeim sont mis par Michel Braut au service de la Région 3 (Languedoc-Roussillon Aveyron). Le quartier général du maquis est déménagé à Montpellier (Hérault), 14 rue du Maréchal, au début du mois de novembre 1943. Jean Capel entre alors au service du chef régional des maquis de l'AS de la Région 3, Pavelet dit "Villars". Le 2 décembre 1943, le maquis Bir Hakeim, fort de treize hommes, s'installe à Terris (Gard). Ici encore, Jean Capel et ses hommes s'illustrent par des coups de main audacieux contre les dépôts de l'État français.

Fin janvier 1944, De Martel dit "Delaunay" confie à Jean Capel la mission de regrouper les maquis de l'AS du Gard et de la Lozère sous son unique commandement. Le "commandant Barot" va alors user de son image pour essayer de réaliser cette mission :" "Barot" en impose à tous par sa belle prestance et ses allures de gentleman. Toujours rasé de près, le corps moulé dans une vareuse à martingale, le béret noir tiré sur l'œil, il jette dans le camp comme une note d'élégance. On devine l'homme cultivé, très maître de soi, à l'aise partout, beau parleur, très diplomate, il garde dans les moments critiques une assurance et un sang-froid qui confondent l'adversaire. Si celui-ci s'emporte, "Barot" sourit dédaigneusement. Il hait farouchement les occupants et ceux qui pactisent avec eux, il n'est pas de stratagème qu'il n'invente pour les berner. La fausse carte d'intendant de police dont il est porteur lui permet de franchir n'importe quel barrage et lui vaut, par surcroît, le salut déférent des gendarmes ou des Allemands préposés à la surveillance".

Cependant le maquis Bir Hakeim, pourchassé par les Allemands dans le département du Gard, doit trouver refuge dans les Cévennes lozériennes. Il s'installe à La Picharlerie au début du mois de mars 1944. Jean Capel et les "Biraquins" mettent alors rapidement sous tutelle le maquis-école de La Picharlerie de Marceau Lapierre et une partie de la brigade Montaigne installée au Galabertès. Mais la mission de Capel attise des résistances fortes de la part des chefs des différents maquis cévenols. Bien que le "commandant Barot" soit confirmé dans son statut de chef des maquis de l'AS du Gard et de la Lozère à la fin mars 1944, il échoue dans ses tentatives de regroupement du maquis de Lasalle de René Rascalon et du maquis d'Ardailles du pasteur Olivès. Les chefs cévenols reprochent aux Biraquins leur insouciance du danger, leurs provocations vis-à-vis de l'occupant et leurs ambitions hégémoniques. Les événements de Saint Etienne Vallée Française (entre le 8 avril et le 12 avril 1944) vont provoquer la mise en accusation de Jean Capel. Il est convoqué, le 3 mai 1944, à La Glanière (Gard) sur la route de Thoiras à Lasalle. Le chef-adjoint de l'AS du Gard, Marcel Cassagne dit "Signoret" veut le traduire devant une sorte de conseil de guerre du maquis. Le "commandant Barot" répond point par point à ses détracteurs mais doit se soumettre et quitter la région des Cévennes avec son maquis dans les plus brefs délais. Il s'exécute. De Fons, Jean Capel, alors à la tête d'un maquis de 80 à 90 hommes pourchassés par les troupes d'Occupation mais aussi par les GMR et les Miliciens, tente de récupérer un parachutage d'armes à Caux à proximité de Clermont l'Hérault (Hérault). Au retour de cette expédition, le "commandant Barot" et ses hommes doivent se réfugier à l'hôtel du Fangas sur le Mont Aigoual avant de s'installer à La Parade où le maquis est décimé et Jean Capel tué au combat le 28 mai 1944. Son corps est inhumé le 29 mai 1944 au cimetière de La Parade dans la fosse commune des Biraquins, puis dans le caveau de la famille Abriol le 28 octobre 1944. 


Extrait du cédérom La Résistance en Lozère, AERI, 2006.