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Extrait du registre d'écrou de la prison Saint-Pierre de Marseille

Légende :

Extrait du registre d'écrou de la prison Saint-Pierre de Marseille sur lequel figure l'incarcération d'Henri Auzias. 
Pour en faciliter la lecture, nous avons divisé ce document en deux parties (recto-verso).

Genre : Image

Type : Registre d'écrou

Source : © Archives départementales des Bouches-du-Rhône Droits réservés

Date document : 24 mars 1941

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Bouches-du-Rhône - Marseille

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Analyse média

L'écrou est le procès-verbal consigné sur registre constatant qu'un individu a été placé en détention dans un établissement pénitentiaire. Ces registres sont riches d'informations sur le profil et sur le parcours des détenus. Les registres se présentent de façon chronologique, dans l’ordre des mises sous écrou.

L'extrait présenté ici concerne l'incarcération d'Henri Auzias à la prison Saint-Pierre de Marseille, de son arrivée dans cet établissement pénitentiaire à son transfert à la maison centrale de Nîmes. Les renseignements portés sur ce registre concernent :

- son état-civil : Auzias Henri Julien, fils de Firmin et de Pline Marie-Eugénie. Âge : 29 ans.
Date de naissance : 9 avril 1912 à Villevieille (Basses-Alpes)

- sa profession : Manipulant des PTT.

- Des renseignements anthropométriques, parfois extrêmement détaillés : taille (1m62), couleur des yeux, couleur des cheveux, forme de la bouche, du nez, etc. mais également les signes particuliers tels que des cicatrices.

- le motif de sa détention : infraction au décret portant dissolution des organisations communistes.

- la catégorie à laquelle appartient le détenu : Condamné.

- Son dernier lieu d'incarcération : prison militaire (de Marseille)

- le lieu de détention sur lequel il doit être dirigé : Nîmes
Dans cette catégorie des renseignements spéciaux figurent également les éléments suivants :
Condamné le 19 mars 1941 par le tribunal militaire de la 19e Division militaire à quatre ans et trois mois d'emprisonnement et trois mille quatre cents francs d'amende par application des articles 1-3 et 4 du décret-loi du 26 septembre 1939 [dissolution des organisations communistes]. Ecroué le 21 janvier 1941.

- Nature de l'incarcération : passager (ce qui signifie qu'il est en attente de transfert).

- Date d'entrée : 24 mars 1941

- Date de sortie : 9 avril 1941

- Signatures des chefs d'escorte

- Observations : Transféré à Aix pour Nîmes par la voiture cellulaire de Marseille


Auteur : Fabrice Bourrée

Contexte historique

Né le 9 avril 1912 à Villevieille (Basses-Alpes), marié et père de deux enfants, Henri Auzias est agent manipulant au tri du bureau-gare de Marseille dès 1929. Il adhère au Parti communiste en 1935. De 1937 à 1939, il est élu secrétaire du syndicat des PTT de Marseille, section des ambulants. Il devient trésorier adjoint de l’union locale de Marseille le 5 mars 1939, puis entre à l’union départementale. 

Après sa démobilisation en 1940, Henri Auzias continue de militer au sein du parti communiste clandestin, organise des groupes de base ainsi qu’une équipe spéciale à Marseille. Militant communiste connu, il est arrêté à son domicile marseillais en janvier 1941 et écroué à la prison militaire Saint-Nicolas de Marseille. Condamné par le tribunal militaire de Marseille, le 19 mars 1941, à quatre ans et trois mois de prison, il est transféré le 8 avril suivant à la Maison centrale de Nîmes. Henri Auzias y joue un rôle prépondérant dans l’organisation clandestine des détenus. 

En octobre 1943, Auzias est transféré à la Centrale d’Eysses. Sur tout le parcours qui le mène avec ses compagnons de détention à Eysses, il entraine ses camarades à chanter des airs patriotiques et à clamer des slogans de la Résistance. A Eysses, il devient très rapidement le délégué communiste des internés aux côtés de Stéphane Fuchs, délégué gaulliste comme porte-parole des détenus auprès de l’administration pénitentiaire. Il défend avec ténacité les revendications de ses camarades et obtient de nombreuses libéralités : statut de détenu politique, vêtements civils, partage des colis… Il est également l’un des principaux organisateurs de la tentative d’évasion collective du 19 février 1944 qui se soldera par un échec. Condamné à mort par une cour martiale réunie à Eysses, il est fusillé le 23 février 1944 en chantant La Marseillaise et en criant « Vive la France ». 

Chaque année, les postiers lui rendent hommage à Marseille où il repose dans le cimetière Saint-Pierre.


D'après Corinne Jaladieu, Michel Lautissier, Douze fusillés pour la République, Association pour la mémoire d’Eysses, 2004.