Après un parachutage, de jeunes maquisards dissimulent les containers

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Archives privées Jean Chauvin Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique noir-et-blanc

Date document : sans date

Lieu : France

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Contexte historique

Pour armer et équiper les volontaires qui les rejoignent, les responsables des maquis recherchent aux environs de leur refuge (situé généralement en forêt) des terrains se prêtant aux parachutages (armes, munitions, etc.)

Ces terrains doivent présenter un certain nombre de caractéristiques ou s'en rapprocher le plus possible :
- Etre naturellement éloignés des lieux d'implantation ou de circulation des Allemands et de la police de Vichy, donc des agglomérations importantes.
- Etre vastes (grande longueur - bonne largeur) et bien dégagés (absence de lignes à haute tension, d'édifices importants,.etc.)
- Se situer assez loin des villages (pour éviter les curieux, éventuellement les mouchards) et des grands axes de circulation (pour éviter les mauvaises surprises).
- Présenter à proximité une ou plusieurs zones couvertes (bois) accessibles aux véhicules (camions ou charrettes) chargés de transporter les colis (containers).
- Permettre si nécessaire une protection rapprochée avec des éléments armés à terre (maquisards), voire un blocage facile des voies d'accès pour éviter les incursions intempestives sur la zone de largage.

Les caractéristiques topographiques des terrains reconnus et choisis sont adressées au BCRA ainsi que pour chacun d'eux :
- Un nom de code, ou de baptême.
- Une phrase (message) conventionnelle correspondant à son utilisation pour un parachutage.
Exemple :
Pour le parachutage au profit du maquis Conty-Freslon de La Haye-Descartes/Abilly du 25 août 1944 près de Neuilly le Brignon :
Nom de code du terrain = "Bohémien"
Phrase (message) conventionnelle = Les ondes ont immortalisé le papillon

La plupart des maquis n'ayant pas de liaison directe par radio avec le BCRA, les responsables de ces derniers sont prévenus d'un prochain parachutage à leur profit par la diffusion sur les ondes civiles de la radio de Londres ( BBC) de la phrase (message) conventionnelle attachée à chaque terrain. Lorsque celle-ci est émise, cela signifie (selon l'heure d'émission dans la journée) :
Que le largage aura lieu la nuit-même ou la suivante.
Sur tel terrain (celui correspondant au message codé).

Préparation et exécution du parachutage :

Le message reçu, les responsables du maquis :
- dépêchent sur les lieux du largage une petite équipe chargée de baliser le terrain.
- alertent les conducteurs, éventuellement les charretiers responsables du transport des colis.
- préparent les troupes chargées du bouclage et de la protection de la zone et celles affectées à la récupération des containers puis de leur acheminement jusqu'aux véhicules.

Le balisage

Il consiste à préparer des feux disposés selon la ligne de largage ou mieux formant sur le terrain un vaste T.

La barre horizontale du T indiquant la limite à partir de laquelle l'avion peut lâcher ses colis et la branche verticale la ligne le long de laquelle le parachutage doit être effectué (si possible face au vent).
Ces feux sont constitués le plus souvent de petits tas de paille sèche, plus rarement de boites de conserve remplies de sable imbibé d'essence (rare - évaporation). La nuit venue, à proximité de chaque feu, un homme est chargé, dès qu'est perçu de façon nette le bruit des avions, d'allumer le brûlot dont il est responsable.

Le parachutage

Tout le monde est en place. Le bruit des avions a été perçu. Les feux sont allumés.

Après un premier passage (pour repérage), les avions font une large boucle et reviennent se présenter face au terrain pour le largage. L'avion de tête (leader) émet un code lumineux auquel doit répondre avec les mêmes signaux le responsable Terre du parachutage. Lorsque tout est conforme, le largage commence, avion après avion, en un seul passage pour chacun d'eux. Ils lâchent des colis cylindriques (containers) pesant environ 150 kg, attachés à des corolles de couleurs différentes selon le contenu des paquets (une couleur pour les armes - une autre pour les explosifs... etc.).

Démontage

Les avions partis, commence à terre une série de manoeuvres plus ou moins éprouvantes, toutes marquées du sceau de la rapidité, surtout si le parachutage a eu lieu tard dans la nuit.

Il faut, en effet, qu'avant l'aube tout indice révélateur du parachutage ait disparu :
Feux éteints - cendres dispersées.
Ramassage à bras des containers et acheminement à pieds jusqu'aux véhicules.
Transport, par ces derniers, des colis jusqu'à la base clandestine du maquis.
Démontage et repli des dispositifs de bouclage et de protection puis retour au camp.


Pierre Gandet, "Les parachutages clandestins : préparation et déroulement", CD-Rom La Résistance en Indre-et-Loire, AERI, 2006.