Jeanne Moirod

Légende :

Jeanne Moirod, agent de liaison du Groupement-Nord, ici dans les années 1950

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Association des maquis de l'Ain/Haut-Jura Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc.

Date document : Années 1950

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Ain - Oyonnax

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Contexte historique

Née en 1905 près de Saint-Amour dans le Jura, Jeanne Moirod s'installe avec sa famille à Oyonnax alors qu'elle a douze ans. Travailleuse dans l'atelier familial, elle décore avec art des broches et des ornements.
Dès que la Résistance s'organise à Oyonnax, Jeanne Moirod s'y engage grâce son beau-frère Gabriel Jeanjacquot, "Gaby", futur chef de l'AS (Armée secrète) du secteur C6 qui est marié avec sa sœur Louise. Dès 1942, sa mission consiste à servir de point de chute aux premiers clandestins qui diffusent la presse interdite qu'elle glisse également elle-même, de nuit, dans les boîtes aux lettres, et elle héberge fréquemment le rédacteur du journal Bir Hakeim, André Jacquelin.

Au printemps 1943, elle cherche des paysans qui acceptent de cacher des réfractaires au STO (Service du travail obligatoire) en échange de leur travail à la ferme. Avec la complicité d'un employé de la mairie d'Oyonnax, elle obtient des fausses cartes d'identité ainsi que des cartes d'alimentation fournies par une secrétaire de "La Fraternelle" à Saint-Claude. Au cours de cette même année, se constituent les camps de maquis et la famille Jeanjacquot entre en contact avec le capitaine Henri Petit, "Romans". Jeanne Moirod assiste, dans l'appartement des Jeanjacquot, à la réunion préparatoire du célèbre défilé des maquisards, le 11 novembre 1943.

Ensuite, comme d'autres jeunes femmes, elle est retenue comme agent de liaison auprès du capitaine Perrotot, "Montréal", chef du groupement Nord des maquis de l'Ain, puis auprès d'Henri Romans-Petit. En effet, l'ennemi imagine mal que des jeunes femmes puissent tenir un rôle aussi risqué. A Oyonnax, rue Jean-Jacques Rousseau, l'appartement de Jeanne Moirod abrite des réunions de l'AS et d'agents du maquis.
Jeanne Moirod fait des marches harassantes, surtout pendant l'hiver 1943 - 1944. Elle parcourt souvent plusieurs dizaines de kilomètres par jour, à pied ou à vélo. Un jour de février 1944, lors de la première grande attaque allemande, elle conduit des maquisards de Nantua à Oyonnax par les forêts de Martignat et d'Apremont, dans quatre-vingts centimètres de neige. Au printemps 1944, elle assure une liaison entre Oyonnax et le PC (Poste de commandement) en Bresse ; elle passe avec aplomb plusieurs barrages allemands et ramène une grosse somme d'argent grâce à un automobiliste pourvu d'un laissez-passer.

Pendant l'été 1944, Jeanne Moirod et sa sœur poursuivent leurs missions pendant deux mois au Crêt de Chalam, où sont repliés plusieurs milliers de maquisards. Elle guide à vélo entre la Bresse et le Haut-Jura les chauffeurs de camions de ravitaillement pour éviter les villages dangereux.

Après la Libération, Jeanne Moirod reprend sa place dans la vie publique à Oyonnax. Elle occupe un poste d'adjoint auprès des maires René Nicod, élu en 1945, puis Gustave Mermet-Guyennet, élu en 1950. Après la mort de ce dernier, en mars 1953, elle assure l'intérim jusqu'à l'élection de Jean Guiraud en mai de la même année.

Jeanne Moirod compte parmi les six femmes à avoir obtenu la Médaille de la Résistance (pour 1 024 hommes). Elle est également l'une des rares titulaires féminines de la Médaille militaire et, par ailleurs, l'une des toutes premières femmes maires de France.

Jeanne Moirod, "La Jeanne", comme l'appelaient les anciens maquisards, décède en 1997 après avoir tout au long de sa vie contribué à la mémoire de la Résistance locale dont elle est l'une des femmes les plus connues.


Jean Léty, DVD-ROM La Résistance dans l'Ain et le Haut-Jura, Département AERI, 2013.