Denise Marin à Valence en 1975

Légende :

Denise Marin participe à une réunion de la Fédération de la Drôme de la FNDIRP (Fédération nationale des déportés et internés résistants patriotes).

Genre : Image

Type : Portrait

Source : © Dauphiné Libéré Droits réservés

Détails techniques :

Photographie de presse noir et blanc.

Date document : 1975

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

C’est une réunion du bureau de la Fédération de la Drôme de la FNDIRP, en 1975, sous la présidence de Roger Coutarel. Denise Marin est la seule femme de ce bureau, à gauche sur la photo.


Auteurs : Jean Sauvageon

Contexte historique

Denise Marin est née le 4 juin 1916, à Valdrôme, dans le Diois, dans une famille protestante. Elle était agent du Trésor public. Elle a occupé des postes à Dieulefit, Grenoble et Valence. Très tôt, elle s’engage dans la Résistance et rejoint, à Lyon, le réseau Action.

Le Centre d’opération de parachutage et d’atterrissage (COPA) est créé en avril 1943, pour des raisons de Sécurité. Il remplace le Service des opérations aériennes et maritimes (SOAM) dont les Allemands connaissaient l’organisation. Les responsables « brûlés » sont remplacés par trois nouveaux agents parachutés dont Bruno Larat, chef du COPA et responsable pour R1 et R2 (Lyon et Marseille). Bruno Larat installe son bureau à Lyon. Le COPA(1) est chargé de l’organisation des opérations d’atterrissages pour le transfert des personnalités entre la Grande-Bretagne et la France et des parachutages pour réceptionner les armes et les fonds destinés à la Résistance. Il s’appuie notamment sur le réseau Action. 


Denise Marin fait partie de ce réseau Action et en assure, en particulier, une partie du secrétariat. Elle a adopté, comme pseudonyme, le nom de son compagnon, "Rougé".

Jean Moulin, pour réorganiser l’AS (Armée secrète) et trouver un successeur à Delestraint, organise le 21 juin une réunion à Caluire, dans la banlieue lyonnaise. Sont convoqués : André Lassagne, Raymond Aubrac, le lieutenant Aubry, le colonel Lacaze, le lieutenant-colonel Schwartzfeld et Bruno Larat qui arrive à 14 h 25. Sans être invité par Jean Moulin, René Hardy se joint à la réunion, contrairement aux consignes de sécurité. À 15 h 10, la Gestapo, conduite par Klaus Barbie, fait irruption dans la salle et arrête violemment les participants qui sont transférés dans les locaux de la Gestapo, à l’école de Santé militaire, rue Berthelot, où les tortures se poursuivent.

Le lendemain, 22 juin, la Gestapo perquisitionne au bureau du COPA et arrêtent l’adjoint de Bruno Larat, Jean-Marie Gilles, et deux des secrétaires dont Denise Marin.

Denise Marin est transférée à la prison de Fresnes, dans la région parisienne, où elle reste 14 mois, subissant de multiples interrogatoires. C’est pendant ce séjour qu’elle donne naissance à sa fille Danièle Rougé. Le père, Antoine Rougé, apprenant cette naissance, organise une opération pour enlever le bébé, dans une valise, grâce à des complicités intérieures, notamment d’une infirmière résistante.

Elle est ensuite déportée au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück par un des derniers convois qui quitte la France, le 15 août 1944, quelques jours avant la Libération de Paris et arrive à destination le 21 août.

Avec le matricule 57 596, elle est affectée au commando d’extermination de Koenisberg Neumark où elle est incorporée dans les équipes chargées de la création et de l’entretien des pistes d’atterrissage de la Lutwaffe (armée de l'Air). Elle sauve la vie de plusieurs camarades dans un état de santé dramatique. Elles sont libérées par l’Armée soviétique le 5 février 1945. Soignée par les médecins de l’Armée rouge, dans l’état-major du maréchal Koniev, elle rejoint la France en mai 1945.

Elle reprend, après la guerre, un poste d’agent du Trésor public à Valence jusqu’à sa retraite.

Parallèlement, elle a été trésorière de la FNDIRP Drôme-Ardèche, pendant plus de 40 ans, et vice-présidente de la commission nationale de contrôle financier de la Fédération.

Elle avait été élevée au grade d’officier de la Légion d’honneur et était titulaire de nombreuses décorations dont la Croix de guerre avec palmes qui lui avait été remise par Roger Coutarel, président de la section départementale de la FNDIRP.

Elle est décédée à 93 ans, dans une maison de retraite de Vaison-la-Romaine, et ses obsèques se sont déroulées à Valdrôme, le 10 avril 2009.

(1) Le COPA deviendra ensuite la Section d’atterrissage et parachutages (SAP) et sera dirigé, dans la Drôme, par Henri Faure.


Sources : Allocution de Roger Coutarel, le 10 avril 2009, pour les obsèques. Pierre Vallier, Le Dauphiné Libéré, 9 avril 2009. Robert Serre, De la Drôme aux camps de la mort. François Marcot (dir), Dictionnaire historique de la Résistance.