Les combats de la ferme du Moulon

Légende :

A Gif-sur-Yvette, à la ferme du Moulon, de violents combats opposent les forces allemandes aux FFI renforcés par les soldats de la 2e DB. 

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection Roger Guernon Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 24 août 1944

Lieu : France - Ile-de-France - Essonne

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Analyse média

Au premier plan, on aperçoit les débris d'un blindé. Derrière se trouve le ferme du Moulon. 


Contexte historique

Pour les Allemands, le plateau de Saclay représente le dernier point stratégique important à tenir car il contrôle les aérodromes de Toussus-le-Noble, de Villacoublay et la route du Pont de Sèvres. Il est donc important que ce verrou saute pour permettre aux forces du général Leclerc de foncer sur Paris, car le temps presse si l’on veut éviter des massacres et des destructions. L’ennemi a installé des canons antichars de 88 sur les points d’appui que constituent la ferme de Moulon et de la Martinière. Ceux-ci sont tenus par une compagnie de S.S. dont la mission est d’empêcher la prise du carrefour du Christ de Saclay.

Trois unités FFI leur font face : les FFI de Bures commandés par le commandant Robin, ceux d'Orsay sous les ordres du lieutenant Barré et le groupe de Bonnelles. 

Le 23 août, les troupes alliées sont arrivées à Limours, à Marcoussis et à Bures-sur-Yvette. En fin d'après-midi, des Allemands, restés en cantonnement à la ferme du Moulon, effectuent une descente en direction de Gif-sur-Yvette. Les habitants craignent des représailles. Ces circonstances engagent le commandant Robin à tenter une reconnaissance vers cette ferme. 
Le 24 au matin, le commandant Robin envoie une soixantaine d'hommes (dont des Russes évadés de camps allemands) afin de nettoyer le terrain pour ouvrir le passage aux troupes de libération. Les trois unités FFI, placées sous l'autorité du capitaine Maurice Krebs (relevant lui-même de la compagnie FTP-FFI "1848" commandée par le capitaine Jean Mattéi), tentent une reconnaissance en diretion de la ferme. Plus de la moitié de ces volontaires sont sans armes. Le groupe gravit le plateau à travers bois vers le Moulon. Arrivés dans la partie dégagée du plateau, les résistants sont immédiatement repérés par les soldats allemands. Le sergent Louis Scocard du groupe FFI d'Orsay et le lieutenant russe Igorew Nicolaï, prisonnier évadé, sont tués dans les échanges de tirs, avant-même que l'ordre de repli ne leur parvienne.

Au même moment, un peloton du 1er Régiment de Marche de Spahis Marocains (Groupement tactique Langlade, sous-groupement Massu) commandé par le sous-lieutenant Rouxel se dirige vers le plateau par la RN 306. Il entre dans Gif et remonte la côte de Belle Image. Sa mission est de couvrir le flanc droit du sous-groupement Massu et du groupement Langlade et de reconnaître le terrain à partir de Saclay. Le sous-lieutenant ROuxel, très bien informé par les résistants locaux, sait que la ferme du Moulon et le carrefour du Christ de Saclay sont deux sites à aborder avec la plus grande prudence. Vers 11h30, il envoie trois automitrailleuses dont celle de Jacques Boutard. Les emplacements des pièces d'artillerie allemandes sont découverts. Le sous-lieutenant Rouxel, avec Daniel Moreau comme pilote, se trouve à quelques centaines de mètres de la ferme sur le chemin d'accès. Il fait alors demi-tour, se dirige vers le croisement avec la RN 306 et donne l'ordre aux automitrailleuses de quitter la ferme et de se mettre à l'abri dans le petit bois au sud du plateau. Pour une raison indéterminée, la patrouille, au lieu de filer vers le bois en restant protégée des canons allemands par les bâtiments de la ferme, fonce à travers le champ labouré en pleine vue de l'artillerie allemande. Les obus fusent et Jacques Boutard, dont l'automitrailleuse est prise sous le feu de l'ennemi, est mortellement blessé. Il décède quelques heures plus tard à l'antenne médicale de Saint-Rémy-les-Chevreuses.

Vers 14h, simultanément à l'action des FFI, et selon les ordres reçus du sous-lieutenant Rouxel, les chars de soutien de la 2e DB disposés le long de la RN 306 démarrent leur charge infernale. Ils sont pris sous le feu nourri des obus, tirés par les redoutables canons antichars allemands. Un char est atteint. Il s'agit de celui du soldat Maurice Laullé, un vosgien de 27 ans tué sur le coup. Les Allemands abandonneront finalement la place dans la nuit. 


Auteurs : Roger Guernon (avec quelques compléments de Fabrice Bourrée)