Plaque en hommage à Léon Maurice Nordmann

Légende :

Plaque en hommage à Léon Maurice Nordmann, située rue Léon Maurice Nordmann, Paris XIIIe

Genre : Image

Type : Plaque

Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Lieu : France - Ile-de-France - Paris

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Contexte historique

Léon-Maurice Nordmann est né le 18 février 1908 à Paris dans une famille juive originaire d'Alsace et de Lorraine. Parmi ses aïeux, on trouve des médecins, des professeurs et des rabbins. Elevé à Paris, il fréquente le lycée Janson-de-Sailly et obtient son baccalauréat en 1925. Il poursuit ensuite des études supérieures à la faculté de droit, s'inscrit comme avocat au Barreau de Paris à l'âge de 24 ans en 1932 et devient la même année secrétaire de la conférence du stage. En 1933, un événement tragique frappe les Nordmann : Joseph, le père de Léon-Maurice, fondateur et directeur d'une banque à Paris, ruiné par la crise économique, se suicide. A 25 ans à peine, le jeune avocat, qui est aussi l'aîné, devient chef de famille et doit donc subvenir aux besoins de sa mère et de ses frères et sœurs. Dès le début des années Trente, attiré par la politique, il avait commencé à militer à la SFIO (tendance Bataille Socialiste). Délégué de la Seine au congrès socialiste de 1938 à Royan, il siège au Conseil d'administration du journal Le Populaire où il représente la motion Zyromski. Anti-munichois, il est partisan de la fermeté face à Hitler.

Mobilisé en août 1939, il ne peut servir dans une unité combattante en raison d'une forte myopie et se retrouve affecté au service météo. Après la débâcle, il retrouve à Paris en août 1940 son vieil ami André Weil-Curiel, avocat et socialiste comme lui, qui arrive tout juste de Londres, envoyé par les Français libres pour une des premières missions de prospection et d'information en France occupée. C'est avec lui qu'il fonde à Paris, au début de l'automne 1940, le groupe "France libre" qui recrute principalement dans le milieu des avocats (René Georges-Etienne, Jean Victor-Meunier, Albert Naud…). Ce groupe entre rapidement en contact avec celui, déjà très actif, animé au musée de l'Homme par le linguiste Boris Vildé, l'ethnologue Anatole Lewitsky et la bibliothécaire Yvonne Oddon. Le 11 novembre 1940 à l'aube, Nordmann et Weil-Curiel réalisent une action d'éclat en déposant une gerbe de fleurs accompagnée d'une carte de visite au nom du général de Gaulle aux pieds de la statue de Clemenceau. Vildé, qui travaille à fédérer les initiatives résistantes éparses, charge en particulier les deux avocats de trouver des moyens de liaison sûrs vers l'Angleterre. C'est dans ce but que Nordmann prospecte dans les ports bretons à la recherche de marins et de bateaux susceptibles d'assurer la traversée ; sans succès.

Il s'occupe aussi de trouver des moyens d'augmenter le tirage et la diffusion du journal Résistance, périodique clandestin de l'organisation dont le premier numéro date du 15 décembre 1940. Il prend contact à cet effet avec plusieurs jeunes membres du club d'Aviation Populaire d'Aubervilliers (Comba, Dupleix, Fortier) qui dispose d'une ronéo. Intrigué par les allées et venues suspectes, un riverain alerte la police française qui perquisitionne le local le 30 décembre 1940 et ne tarde pas à découvrir plusieurs centaines d'exemplaires du journal ainsi qu'une liste de destinataires. Comba, Fortier et Dupleix sont interpellés et désignent rapidement Nordmann comme le commanditaire de l'affaire. "Grillé", celui-ci doit quitter Paris en toute hâte. C'est Vildé qui organise son départ pour la Bretagne ; il confie à un de ses agents de liaison, Albert Gaveau, dont il ignore qu'il travaille en réalité pour le SD allemand, la mission d'aider Nordmann à trouver un passage vers l'Angleterre.

Le 13 janvier 41, sur trahison de Gaveau, Léon-Maurice Nordmann est arrêté par la police allemande en gare de Versailles-Chantiers. Tentant de s'enfuir, il est blessé à la jambe. Cette arrestation est la première d'une longue série pour l'organisation du musée de l'Homme. Détenu un temps à l'infirmerie de la prison du Cherche-Midi, il tente à nouveau et sans plus de succès de s'échapper. Il passe en jugement devant un Tribunal militaire allemand et écope de deux ans de prison pour propagande clandestine. Transféré à Fresnes puis au Fort de Villeneuve-Saint-Georges, il est rejugé par l'occupant lors du procès de "l'affaire du musée de l'Homme" qui se déroule à Fresnes en janvier et février 1942 en compagnie de 18 co-inculpés. Malgré tous les efforts déployés par Vildé pour le dédouaner, il est condamné à mort le 17 février 1942. Les recours en grâces ayant échoué, il est fusillé au Mont Valérien le 23 février 1942 en même temps que six de ses compagnons. 


Julien Blanc, "Léon Maurice Nordmann" in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004