Vercors, le Plan Montagnards

Légende :

Schéma d'organisation du plan Montagnards selon le capitaine Alain Le Ray.

Genre : Image

Type : Carte

Producteur : réalisation Alain Coustaury

Source : © AERD, collection Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Croquis en couleur d'après celui du livre de Pierre Dalloz « Vérités sur le drame du Vercors ».

Date document : 2006

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

Le croquis traduit l'implantation, sur le massif du Vercors, des données militaires pensées et proposées par le capitaine Alain le Ray.

Le croquis est basé sur celui du livre de Pierre Dalloz Vérités sur le drame du Vercors, page 316. Il a été adapté et constitue un croquis du dvd-rom La Résistance dans la Drôme et le Vercors, édition AERI-AERD, 2007. La géographie du massif est soulignée avec le tracé des falaises dominant plaines et vallées environnantes. Les lignes de crêtes intérieures, « le chevelu », témoignent d'un relief mouvementé rappelant que le Vercors n'est pas un plateau mais un massif compartimenté par de hautes falaises, de profonds vaux, des reculées, des gorges et des défilés. Cela peut expliquer, en partie, l'emplacement des différents groupes. Les postes de commandement sont établis dans des sites reculés. Afin d'arrêter la progression de l'ennemi, tout un réseau de destructions est élaboré. Les postes de surveillance permettent de déceler l'approche des troupes. Ils sont particulièrement nombreux sur le flanc sud, relativement plus accessible, et sur les pas (cols) orientaux. Des terrains de parachutage ont été repérés et dénommés. Afin d'accueillir des avions de transport lourds, une piste d'atterrissage doit être réalisée sur le val de Vassieux-en-Vercors, défini comme le site le plus apte à cet aménagement.


Auteurs : Alain Coustaury 

Contexte historique

Le plan Montagnards est né des réflexions de plusieurs hommes, d'origines, de formations différentes. La rencontre, en 1941, de Pierre Dalloz avec Jean Prévost marque une première étape avec la prise de conscience de ce que pouvait offrir le massif du Vercors en tant que base militaire. Fin 1942, à la suite de l'invasion de la zone dite libre, Pierre Dalloz fait part de ses pensées à Jean Lefort, bon connaisseur du Vercors. Les deux hommes rencontrent Yves Farge en janvier 1943 et lui présentent leur projet. Yves Farge le transmet à Jean Moulin . Le 31 janvier 1943, Yves Farge annonce à Pierre Dalloz que Jean Moulin accepte le projet qui est dénommé projet ou plan Montagnards. Yves Farge est chargé de la coordination avec les mouvements de la Résistance, Pierre Dalloz de l'étude militaire. Le 25 février 1943, la radio de Londres confirme par le message : « Les montagnards doivent continuer à gravir les cimes ». Les tâches sont réparties. Pierre Dalloz recrute une équipe pour le projet, notamment Aimé Pupin, le docteur Eugène Samuel du groupe Franc-Tireur. À partir de ce moment, Pierre Dalloz et Yves Farge montent sur le massif à la recherche de terrains de parachutage et d'atterrissage pour que le Vercors devienne une base d'invasion pour les Alliés. Ils trouvent de l'aide auprès de Remi Bayle de Jessé, lieutenant des Eaux et Forêts, du commandant Pourchier, de Fabien Rey, personnage truculent, grand connaisseur du Vercors. Par l'intermédiaire de Max Chamson, frère de l'écrivain, Pierre Dalloz fait appel à Alain Le Ray. D'abord réservé, ce dernier accepte la proposition de Pierre Dalloz et amène avec lui trois lieutenants, Roland Costa de Beauregard, Jeannest et Régnier. Alain Le Ray réalise l'étude militaire du projet, analyse les défenses du massif, calcule les plans de feu, les effectifs et armements nécessaires. En mars est constitué le « comité de combat du Vercors ». Il comprend Yves Farge, Pierre Dalloz, Remi Bayle de Jessé, Marcel Pourchier, Alain Le Ray. Aimé Pupin y entrera quelque temps après. Diverses péripéties amènent la constitution en juin 1943 d'un second Comité de combat du Vercors avec Alain Le Ray et Roland Costa de Beauregard, du côté des militaires, Eugène Samuel et Eugène Chavant du côté des civils. L'élaboration du plan, sa mise en place ne se font pas sans difficultés, politiques avec les divergences entre les mouvements Franc-Tireur et Combat, financières. Peu d'aide parvient aux responsables. L'encadrement pour l'instruction des maquis en formation est insuffisant à cause de la pénurie d'officiers. La répression s'abat aussi sur la Résistance, la Milice de l'Isère étant constituée en février 1943. Début avril, une nouvelle rencontre a lieu avec le général Delestraint au cours de laquelle Alain Le Ray présente son plan d'action militaire. Le but du projet est bien précisé. Il s'agit de contrôler, pendant quelques jours, les accès du Vercors « afin de protéger une invasion du Vercors par les airs, d'accueillir des éléments aéroportés en vue de raids immédiats et puissants en direction de Grenoble et de Valence ». Il est pensé dans le cadre d'un débarquement sur les côtes de Provence. Ce sera le signal de l'insurrection dans tout le sud-est de la France. Le massif devait abriter 7 500 hommes placés sous 15 commandements, renseignés par 450 éclaireurs. 795 fusils-mitrailleurs, 795 mitraillettes, 6 390 pistolets, mousquetons ou fusils, 5 canons antichars, 15 mortiers armeraient les Résistants. Les munitions devaient atteindre 10 fois le poids des armes. Un commandement correspondait, en gros, à un bataillon d'infanterie de 500 hommes armés de 50 FM, 50 mitraillettes, le reste en armes individuelles. Canons antichars et surtout mortiers, au tir courbe, étaient indispensables dans la défense du Vercors, un massif au relief mouvementé et non sans aspérité comme le laisse croire sa fausse dénomination traditionnelle de plateau. Cette étude chiffrée n'était qu'une simple hypothèse de travail définissant les possibilités militaires du Vercors. Surtout le capitaine Alain le Ray précisait que ses calculs n'étaient valables que pour la défense du massif pendant seulement quatre ou cinq jours face à un ennemi en pleine possession de ses moyens. Cette mise en garde prend tout son sens quand on sait que la Résistance sur le Vercors fit face aux Allemands pendant plus de 40 jours (du 6 juin au 23 juillet 1944). L'effectif des Résistants ne dépassa pas 4 500. Seuls 2 500, environ, étaient correctement armés, sans toutefois disposer des indispensables mortiers. L'étude d'Alain le Ray est portée à la connaissance des officiers intéressés 7 mois avant les combats de juillet 1944. Au printemps 1943, la Résistance est touchée par une série d'arrestations qui la désorganisent. Le 28 mai, Aimé Pupin est arrêté par les Italiens. Le 9 juin 1943, le général Delestraint subit le même sort à Paris. L'arrestation de Jean Moulin le 21 juin affaiblit gravement la Résistance. La pérennité du plan Montagnards est mise en doute. Fin juin 1943, est constitué le second Comité de combat du Vercors qui fait face à la nouvelle situation. L'ensemble des responsables civils et militaires se réunit dans la clairière de Darbounouse le 10 août 1943. Alain le Ray expose les différentes versions du plan Montagnards. Le scénario du Vercors comme « porte-avions » recevant des troupes alliées est accepté. Il va s'enraciner progressivement dans l'esprit des Résistants du Vercors et perdurera jusqu'aux événements dramatiques de juillet 1944. Dès la Libération, le plan Montagnards est mis en cause pour expliquer l'échec de la Résistance dans le Vercors. La virulence des attaques dont il a fait l'objet est étudiée par ailleurs.


Auteurs : Alain Coustaury 
Sources : Dalloz Pierre, Vérités sur le drame du Vercors, Paris, Fernand Lanore, 1979 ; Dreyfus Paul, Vercors, Citadelle de la Liberté, Grenoble, Arthaud, 1969, 1997 ; Escolan Patrice, Ratel Lucien, Guide-mémorial du Vercors Résistant, Paris, Le Cherche Midi 1994, Vergnon Gilles, Le Vercors, histoire et mémoire d'un maquis, Paris, Les Éditions Ouvrières, 2002.