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Plaque en hommage aux père et fils Doblin

Légende :

Plaque en hommage à l'écrivain allemand exilé en France Alfred Doblin ainsi qu'à son fils mathématicien, mort pour la France le 21 juin 1940, Wolfgang Doblin, située 5, square Henri Delormel, Paris XIVe

Genre : Image

Type : Plaque

Source : © Département AERI Droits réservés

Détails techniques :

Photographies numériques en couleur.

Date document : 2014

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Contexte historique

Alfred Döblin (10 août 1878, Stettin, alors en Allemagne (aujourd'hui Szczecin en Pologne) - 26 juin 1957, Emmendingen, Allemagne) était un médecin et écrivain allemand. Il a acquis la nationalité française en 1936. D'origine juive, il s'est converti au catholicisme en 1941. Il est l'auteur du roman Berlin Alexanderplatz. Il est enterré à Housseras avec son fils Wolfgang Döblin (voir ci-dessous).

Issu d'une famille bourgeoise juive qui avait déménagé à Berlin en 1888 après que son père eut émigré en Amérique avec une femme plus jeune, le jeune Alfred Döblin est très tôt passionné par le progrès technique, qu'il côtoie quotidiennement. Médecin neurologue de 1905 à 1930 à Ratisbonne, Fribourg et Berlin, Alfred Döblin commence sa collaboration avec Herwarth Walden en 1910, et participe au journal expressionniste alors nouvellement fondé Der Sturm (La tempête).
Ayant pour modèles littéraires et philosophiques Heinrich von Kleist, Friedrich Hölderlin et Friedrich Nietzsche, Alfred Döblin appartenait à ces écrivains précurseurs qui utilisaient la radio comme média de diffusion. En 1912, Döblin épouse Erna Reiss - de leur union naissent quatre enfants : Pierre, Wolfgang (dit "Vincent"), Claude et Stephan. Il passe la majeure partie de la Première Guerre mondiale dans un lazaret en Alsace-Lorraine, où il exerce les fonctions de médecin militaire. C'est pendant la guerre qu'il commence à écrire son roman Wallenstein, publié en 1920. Établi dans le secteur de Berlin-Lichtenberg, il est le témoin oculaire des combats de mars 1919 à Berlin, dont il fera plus tard le sujet de son roman Novembre 1918.

Dans ses textes politiques de cette époque, Döblin critique le Parti socialiste allemand (le SPD) pour sa collaboration avec le président Paul von Hindenburg, se positionnant ainsi plus à gauche.
Le 28 février 1933, après l'arrivée d'Adolf Hitler au pouvoir et au lendemain de l'incendie du Reichstag, Alfred Döblin accompagné de sa femme et de son plus jeune fils, Stephan (rejoint ultérieurement courant 1933 par les trois autres enfants), fuit en Suisse puis en France. Alfred Döblin, son épouse ainsi que Wolfgang, Claude et Stephan obtiennent la nationalité française en octobre 1936. Pierre, l'aîné n'ayant pas obtenu de permis de travail en France, a dû aller aux USA, et obtiendra la nationalité américaine.

En 1939, quand la guerre éclate, Döblin entre dans le ministère de la propagande français, où il rédige des tracts avec d'autres émigrants allemands. C'est avec les collaborateurs du ministère que Döblin fuit le 10 juin 1940 vers le Sud de la France. Sa femme et le plus jeune fils quittent Paris le 23 mai 1940 en direction du Puy. Ils se retrouveront, après une recherche angoissante, à Toulouse le 10 juillet 1940. Après avoir obtenu l'autorisation de sortie du territoire ainsi qu'un visa provisoire du consulat américain à Marseille, ils quitteront Marseille le 30 juillet 1940 pour l'Espagne et le Portugal. Ils embarquent le 30 juillet 1940 vers les États-Unis. Le 9 octobre 1940 Döblin commence à Los Angeles une activité de scénariste qui prendra fin en octobre 1941.
Son fils, Wolfgang Döblin (engagé dans l'armée française), se suicide le 21 juin 1940 à Housseras, pour ne pas tomber entre les mains des nazis, après avoir envoyé sous pli cacheté à l'Académie des Sciences à Paris ses recherches sur l'équation de Kolmogorov.
Le 30 novembre 1941, Döblin et sa femme se convertissent au catholicisme, ce qui sera vécu comme une trahison par la communauté juive en exil. La décision de cette conversion se fait après un vis-à-vis avec une statue du Christ crucifié en la basilique-cathédrale de Mende.
Le 15 octobre 1945, c'est un des premiers auteurs en exil à revenir en Europe. Il atteint Paris, où il devient inspecteur littéraire de l'administration militaire française, d'abord à Baden-Baden, puis à Mayence. Son travail consistait à censurer les manuscrits et les préparations d'un journal mensuel, qui finit par paraître sous le nom de Das goldene Tor (La Porte d'or). Par ailleurs, Alfred Döblin travaille pour le Neue Zeitung (Nouveau Journal) et pour la radio Südwestfunk. Il s'entoure également d'un groupe de jeunes écrivains, parmi lesquels Günter Grass.

Rapidement déçu par la restauration politique de l'après-guerre, surtout après l'échec de son roman révolutionnaire Novembre 1918, Döblin se tourne un temps vers la RDA, où il se rapproche de Johannes R. Becher, et entre à l'académie de l'art, qu'il quitte rapidement à cause du dogmatisme socialiste. Il rédige néanmoins des articles pour des journaux de la RDA, et son roman Hamlet ou La Longue Nuit prend fin ne paraît qu'en Allemagne de l'Est. Revenu en France le 29 avril 1953, Döblin, atteint de la maladie de Parkinson, est contraint à partir de 1954 pour des raisons économiques de retourner pour des séjours fréquents et de plus en plus long, en hospitalisation dans diverses cliniques de la Forêt-Noire en Allemagne.
Il décède à Emmendingen, près de Fribourg-en-Brisgau le 26 juin 1957. Sa femme se suicide à Paris le 15 septembre 1957, trois mois après sa mort. Suivant leur demande, Döblin et sa femme sont enterrés à Housseras, petite commune des Vosges, respectivement à la droite et à la gauche de leur fils.



Wolfgang Döblin (connu aussi comme "Vincent Doblin"), né à Berlin le 17 mars 1915 et mort à Housseras le 21 juin 1940, est un mathématicien français d'origine allemande. Sur sa tombe, est inscrit « Vincent Doblin. Mort pour la France ». Il est enterré à Housseras avec son père Alfred Döblin.

Wolfgang était le deuxième des quatre enfants du médecin et écrivain allemand Alfred Döblin et de son épouse Erna. Le 28 février 1933, au lendemain de l'incendie du Reichstag, Alfred Döblin, son père, juif, homme de gauche, neuropsychiatre et éminent homme de lettres, auteur de nombreux romans dont Berlin Alexanderplatz, opposant au nazisme, s'enfuit à Zurich suivi de sa femme et de son plus jeune fils. Wolfgang les rejoint en avril 1933, après avoir passé à Berlin son Abitur (baccalauréat).

À l'automne 1933, la famille s'installe en France, tout d'abord à Maisons-Laffitte, puis à partir de décembre 1934 à Paris 14e, au 5 square Henri-Delormel. À la rentrée universitaire 1933, il reprend ses études supérieures, commencées à Zurich, à la Faculté des sciences de Paris. Il commence à travailler sur la théorie des probabilités en 1935, sous la direction de Maurice Fréchet, à l'Institut Henri-Poincaré. Ses travaux portent sur les chaînes de Markov et il commence à s'intéresser aux processus en temps continu, un domaine alors en plein essor, notamment grâce aux travaux d'Andreï Kolmogorov. Lycéen à Berlin, il était passionné par la politique et par l'économie, domaine lié aux probabilités et aux statistiques.

En octobre 1936, il obtient, avec ses parents et deux de ses frères, la nationalité française. Il change son nom. Désormais, il s'appelle« Vincent Doblin ». En tant que mathématicien, il continue de signer « Wolfgang Doeblin ». Wolfgang Döblin soutient sa thèse sur le sujet des martingales, sujet lié aux chaînes de Markov, en mars 1938, sous la direction de Maurice Fréchet.

Après sa thèse d'État, il est incorporé, en novembre 1938, pour faire son service militaire de deux ans. Refusant, jusqu'au printemps 1940, toute formation d'officier, il reste simple soldat. Malgré ses activités militaires, il réussit à poursuivre son travail, en s'attaquant entre autres à l'équation de Chapman-Kolmogorov, qui est à la base du lien entre la théorie des probabilités et celle des équations aux dérivées partielles.

Fin août 1939, il est affecté comme téléphoniste dans le 291e régiment d'infanterie, stationné dans les Ardennes, à Givet, jusqu'en janvier 1940. Il termine la rédaction de son mémoire «Sur l'équation de Kolmogoroff" en cantonnement, en Lorraine, et l'envoie sous forme de « pli cacheté » à l'Académie des sciences (pli cacheté 11-668).
Il se bat héroïquement sur le front de la Sarre et en Lorraine et est décoré de la croix de guerre.
Avant la capitulation de la France, le 22 juin 1940, et la dislocation de son régiment, il se sépare de ses camarades au col de la Chipotte (Vosges). Il se suicide, la nuit du 20 juin 1940, dans le village de Housseras, au nord-est d'Épinal, plutôt que de tomber aux mains des Allemands. Inhumé le même jour comme « soldat anonyme ». Il ne sera identifié qu'en 1944. Ses parents seront enterrés à ses côtés en 1957.


Wikipedia

Hommage à Alfred Döblin par Michel Vanoosthuyse (30 octobre 2007).
W. Doeblin, Sur l'équation de Kolmogoroff, Pli cacheté déposé le 26 février 1940, ouvert le 18 mai 2000, Comptes-Rendus à l'Académie des sciences de Paris, série 1, 331, 1031-1187, 2000.
M. Petit, L'équation de Kolmogoroff. Vie et mort de Wolfgang Doeblin, un génie dans la tourmente nazie, Ramsay, 2003. (ISBN 2-84114-641-3)
Ph. Alexandre, J. Cressanges, M. Durand, Döblin père et fils - l'expérience créatrice,
Bernard Bru et Marc Yor, La vie de Wolfgang Doeblin, Lettre de l'Académie des sciences, no. 2, 2001.
Documentaire de Jürgen Ellinghaus et Hubert Ferry, La lettre scellée du soldat Doblin, ARTE, 86 min, 2006.