Plaque rappelant la libération de Malakoff le 19 août 1944

Légende :

Plaque apposée à Malakoff au 28 rue Victor Hugo. Elle porte l'inscription : "La Mairie de Malakoff et la Ville furent libérées par la Résistance le 19 août 1944. Plaque apposée pour le cinquantenaire de la Libération 19 août 1994".

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Producteur : Claude Richard

Source : © Collection Claude Richard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : France - Ile-de-France - Hauts-de-Seine - Malakoff

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Contexte historique

Ce sont les Allemands qui, paradoxalement, déclenchèrent l'insurrection, quarante-huit heures avant que Rol-Tanguy lance son ordre de mobilisation générale de son nouveau PC de Montrouge. Le 17 août, vers sept heures du matin, un obus de la DCA éclata à l'angle de l'actuel boulevard Gabriel Péri et de la rue Renault, à l'endroit précis où une centaine de personnes faisaient la queue pour avoir un peu de lait et quelques légumes. Les éclats firent quinze victimes dont cinq moururent presque aussitôt. Parmi les blessés, il y avait trois enfants. Devant un tel carnage, quelques heures avant une libération que l'on sentait proche, la colère de la population monta d'un seul coup. Ceux qui connaissaient des résistants leur demandèrent d'intervenir : « Faites quelque chose, on ne va pas se laisser massacrer, alors que les Alliés sont à 150 kms de Paris ! » Pour rassurer les habitants de Malakoff, les FFI et les FTP organisèrent alors des patrouilles armées. « Il fallait sortir de l'ombre, nous montrer » raconte J. Desbordes. En les voyant, le maire collaborateur, Georges Guillet jugea prudent de fuir, à la tombée de la nuit, non sans avoir averti la Kommandantur. Mais celui qui lui répondit au téléphone parlait très mal le français et il ne comprit pas la gravité de la situation. 

Le 19 aout, à l'heure du laitier, les FTP investissaient la mairie et arrêtaient les deuxiéme et troisième adjoints, Tesson et Touvion, à qui Georges Guillet avait délégué ses pouvoirs et sa signature. En moins d'une heure, la prise de la mairie fut connue de toute la population et, bientôt, le parvis et la cour de l'édifice municipal rassemblaient plusieurs centaines de personnes qui criaient « vengeance » ! On dut protéger Tesson qui faillit être écharpé. « Pour sa défense, le pauvre type hurlait, mais moi je suis resté, je n'ai rien fait », a raconté un témoin. 

Dans le même temps, les FFI de J. Desbordes occupaient le commissariat de police. Les deux points stratégiques de Malakoff étaient aux mains de la Résistance. Vingt-quatre heures se passèrent sans incident notable. « Le 21 dans la matinée, explique J. Desbordes, nous avons reçu l'ordre de rendre Malakoff inexpugnable. Il fallait isoler la ville et la rendre impénétrable à l'ennemi en construisant des barricades sur des axes précis. » Les FFI, pour leur part devaient édifier des barrages avenue du 12 février-1934, près du dépôt des autobus, l'autre route de Montrouge (bd Gabriel Péri) à la hauteur de la pharmacie Roux et enfin rue Pierre Larousse et route de Châtillon. Le plan avait été parfaitement imaginé. Celui qui n'avait pas une carte détaillée des barricades ne pouvait pas entrer dans Malakoff. A plusieurs reprises, des engins blindés allemands qui fuyaient devant les troupes alliées durent faire demi-tour. L'un d'eux qui ne manœuvra pas assez rapidement fut incendié par un cocktail Molotov. 

Cette situation de forteresse incita certains résistants à aller se battre ailleurs. C'est ainsi que Gabriel Crié et Marcel Guittet furent tués à Vanves en transportant un blessé (voir le chapitre sur Vanves) et Jean Monneron et Eugène Vaugeois à Montrouge. Le 23 aout, alors que Leclerc n'était pas encore arrivé à Rambouillet, Malakoff fit des funérailles grandioses à ses quatre héros. Un cortège de deux mille personnes, protégé par les FFI et les FTP en accompagna les quatre cercueils depuis la mairie jusqu'au cimetière. 

Le lendemain, il fallut détruire les barricades pour laisser passer les chars de la 2ème DB. « Ce fut plus long que prévu et les soldats français durent aider les habitants de Malakoff pour gagner du temps. » Un jeune lieutenant leur dit même : « Finalement vous n'aviez pas besoin de nous, vous vous êtes très bien débrouillés seuls. » Ce fut probablement le plus bel éloge décerné aux habitants de Malakoff !


Tiré de l'ouvrage : LA LIBERATION DANS LES HAUTS DE SEINE de Jacques Perrier édité en 1994 par le Conseil Général 92.