Gilbert Védy

Légende :

Portrait de Gilbert Védy, membre du comité directeur de Ceux de la Libération. Arrêté le 21 mars 1944, il se suicide.

Genre : Image

Type : Portrait

Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Lieu : France - Ile-de-France

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Contexte historique

Issu d'une famille de huit enfants, Gilbert Védy est né le 16 février 1902 à Paris dans le XIVe arrondissement.
Il arrive à Cherbourg en 1932 comme conducteur de travaux d'adduction d'eau entrepris dans diverses communes de la région de Cherbourg, pour le compte de la société La Parisienne. Le 17 juin 1940, avec son frère Raymond, il aide douze soldats anglais à regagner les îles anglo-normandes en mettant à leur disposition une vedette désaffectée sur le petit port de Diélette.

Le 3 juillet 1940, à Cherbourg, Georges Fougère, sa femme et Gilbert Védy, impriment avec un composteur de lettres en caoutchouc, des tracts contre Pétain qu'ils vont répandre, à bicyclette, dans la ville. Gilbert et son frère Raymond participent ensuite au groupe que le maire de Tourlaville, Jules Lemoigne, constitue en fin d'année avec l'ingénieur Cottat, responsable des travaux d'adduction d'eau confiés à la société La Parisienne. A ce petit groupe se joint Marcel Leblond, directeur de la Défense passive, puis le garagiste Auguste Giot. En février 1941, Gilbert Vedy est désigné par Leblond comme chef de secteur de la Défense passive, ce qui lui permet de circuler librement. Mais le 24 juillet, dénoncé, Gilbert Vedy, s'enfuit à Paris, muni d'une fausse carte d'identité portant le nom d'un peintre décédé, fournie par le secrétaire de mairie de Querqueville.
En 1942, le groupe de Tourlaville entre en contact avec Ceux de la Libération par l'intermédiaire de Giot, en relations d'affaire avec René Leduc, un des responsables parisiens du réseau. Védy est alors mis en relation avec Leduc qui l'intègre à CDLL. Très actif, Gilbert Védy s'occupe de l'organisation du mouvement au niveau national. Maurice Ripoche étant arrêté en mars 1943, Roger Coquoin, Jacques Ballet et Médéric assurent conjointement la direction du mouvement. Au cours d'une de ses émissions radio, le 3 avril 1943, Louis Goron, agent de CDLL, est repéré et appréhendé par un service de police allemand qui le relâche quelques jours plus tard. Dans les jours qui suivent, plusieurs membres du réseau sont arrêtés. Le 18 avril, Médéric se présente au domicile de la famille Goron à Sèvres et demande à voir Louis. Celui-ci est emmené en voiture à Meudon et exécuté dans le bois des Bruyères.
En septembre 1943, Médéric part pour Londres, au titre de la délégation des mouvements de Résistance qui discute avec les services de la France libre de la mise en place des futurs Comités de libération en métropole. Par ailleurs, délégué de la Résistance à l'Assemblée consultative mise en place à Alger en novembre 1943, il fait plusieurs voyages entre la métropole, Londres et Alger.
En janvier 1944, il est à Alger lorsqu'il apprend la mort du chef de Ceux de la Libération, Roger Coquoin, abattu dans un guet-apens. Sans hésiter, il retourne en France. Il est débarqué dans le Finistère par une vedette lance-torpilles le 18 mars 1944 et se rend à Paris pour prendre la tête du mouvement.
Le 21 mars 1944, au cours d'une perquisition effectuée par le commissaire de police du quartier des Grandes Carrières, au domicile de Madame Renée Fanti, 57 rue de la Chaussée d'Antin, celui-ci s'est trouvé en présence d'un individu (Védy) qui a déclaré se nommer "Marlier Jacques", et se disant être industriel domicilié à Gouessenou (Finistère). Arrêté, il est remis entre les mains des inspecteurs de la brigade spéciale et est identifié comme étant en réalité Gilbert Védy.
Le commissaire David entreprend alors de l'interroger sur ses agissements : "C'est alors que le pseudo-Marlier m'a déclaré "Je suis fait, il me reste à payer" : "Je lui ai dit : A payer quoi ?". Il m'a répondu "Vous le savez aussi bien que moi". Puis il a reconnu, au cours d'un interrogatoire sommaire qui présentait plutôt le caractère d'une conversation, être l'un des membres les plus importants de l'organisation gaulliste en France. Il me déclara également qu'il faisait partie d'un Comité consultatif d'Alger, et qu'il se déplaçait fréquemment entre la France, Londres et Alger. Il ajouta d'un air désabusé : "C'est lamentable pour un homme comme moi de s'être fait prendre aussi bêtement". A quoi j'acquiesçai en lui disant notamment que policièrement, l'opération n'était pas une splendeur, mais que le hasard aidait bien souvent les policiers. J'ai alors enchaîné en lui disant "Nous avons mal commencé, mais j'espère que nous continuerons mieux et que vous voudrez bien nous donner des explications sur votre activité en France". J'ai ajouté "Vous avez à vous reprocher certains faits graves, au nombre desquels figure le meurtre de l'étudiant Goron". Le pseudo Marlier me déclara alors : "C'est exact, c'est bien moi Vedy, alias Médéric, qui ai organisé le coup contre Goron. Cela fait d'ailleurs une belle fripouille de moins". Je lui ai dit "Alors il va falloir que nous parlions de cela plus en détail". Il a répondu " Je pense que nous n'aurons pas le temps car maintenant que vous m'avez cravaté, dans deux heures je serai mort". "Mort ?" lui demandai-je. "Parfaitement, me répondit-il, et en même temps il se mit à mâcher quelque chose qu'il avait dans la bouche. J'ai alors réalisé qu'il absorbait un produit toxique, et je l'adjurai de le recracher." (Audition de Gilbert Védy par le commissaire David, chef de la BS1 des Renseignements Généraux, 21/03/44 - archives de la préfecture de police)
Les inspecteurs présents tentent aussitôt de le faire vomir, mais il réussit à avaler la totalité de son poison. Vedy est immédiatement transporté à l'Hôtel Dieu où il est admis salle Cusco à 18 heures15. A 19 heures, les services hospitaliers de l'Hôtel Dieu informent le commissaire David que le nommé Vedy vient d'y décéder de suites d'intoxications.
Gilbert Védy est inhumé au cimetière des Batignolles près de la Porte de Clichy.

Décorations :
Compagnon de la Libération, décret du 29 avril 1944, chevalier de la Légion d'honneur, croix de guerre 1939-1945, Médaille de la Résistance.


Fabrice Bourrée in DVD-ROM La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004

Sources et bibliographie :
Archives du musée de l'Ordre de la Libération.
Archives de la préfecture de police, GB 85, BS1-37.
Archives nationales, 72 AJ 42 (Ceux de la Libération : témoignage écrit de Georges Savourey daté du 18 décembre 1945).
Archives départementales des Yvelines, 300 W 55.
Marcel Leclerc, La Résistance dans la Manche, Edition La Dépêche, 1980.