Place Jean-Pierre-Levy, Paris VIIIe

Légende :

Place Jean-Pierre-Levy, nommée en hommage au chef du mouvement de Résistance Franc-Tireur et Compagnon de la Libération, Paris VIIIe

Genre : Image

Type : Nom de place

Producteur : Claude Richard

Source : © Claude Richard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

La place est créée en 2006 sur l'emprise des voies qui la bordent, à l'occasion du dixième anniversaire de la mort du résistant et fondateur en 1941 du mouvement Franc-Tireur Jean-Pierre Levy (1911-1996). L'inauguration officielle a eu lieu le 1er décembre 2006.


Page Wikipedia, consultée le 16 octobre 2014.

Contexte historique

Pseudos : Lenoir - Robert - Martin - Gilles 

Jean-Pierre Lévy est né le 28 mai 1911 à Strasbourg, où son père était négociant. Son père décède alors qu'il n'est âgé que de 11 ans. Très jeune, il assume la lourde responsabilité de chef de famille. Très tôt se fait jour chez lui une solide culture républicaine, doublée d'un "patriotisme alsacien".

Après des études à l'Institut d'enseignement commercial de Strasbourg, il travaille comme agent commercial puis comme représentant dans une entreprise de filature et de tissage, Weill et Cie. Au cours de son service militaire en 1930, il suit les cours de l’Ecole d’élève officier de réserve de Poitiers. Il est mobilisé le 24 août 1939 comme lieutenant et démobilisé en août 1940.

Il entre dans la Résistance à Lyon, ville dans laquelle s'est réfugiée sa famille dès septembre 1940 et participe aux activités du groupe France-Liberté, à partir de janvier 1941. Il noue ses premiers contacts, rédige et diffuse des tracts anti-allemands, recherche des imprimeurs et des fonds.

Co-fondateur en 1941 du mouvement Franc-Tireur avec Antoine Avinin, Elie Péju, Auguste Pinton, Noël Clavier et Jean-Jacques Soudeille, Jean-Pierre Lévy, alias "Gilles", en devient le chef national. Parallèlement, il créé le journal clandestin Franc-Tireur qui paraît tous les mois, et dont le tirage passe de 5 000 exemplaires en novembre 1941 à 150 000 en août 1944.

Jean-Pierre Lévy organise le mouvement en différents services : renseignement, parachutage, et groupes francs. Il crée également un service social, et prend des contacts avec les représentants de la France libre, les agents britanniques et les autres mouvements de Résistance de la zone Sud. Désireux d'étendre l'action résistante du mouvement à l'ensemble de la zone Sud, il multiplie les déplacements, notamment à Roanne, Saint-Etienne, Marseille, Toulon et Clermont-Ferrand, profitant de chaque escale pour tisser un réseau.

C'est d'ailleurs à Clermont-Ferrand qu'il est interrogé une première fois par la police, le 15 octobre 1941, à cause de l’imprudence de l’un de ses agents. Un an plus tard, il est arrêté à Lyon et est libéré grâce au courage de l'un de ses co-inculpés qui le disculpe en prenant sur lui toute la responsabilité de l’affaire. Arrêté une deuxième fois à Lyon en pleine rue, le 24 décembre 1942, il est relâché par erreur mais doit entrer immédiatement dans la clandestinité en quittant toute activité officielle, un mandat d’arrêt étant lancé contre lui. Il se réfugie alors à Miribel, chez Henri Deschamp.

Les chefs de Libération et de Combat, plus âgés et mieux introduits politiquement, se montrent parfois condescendants envers lui, pourtant responsable de Franc-Tireur. Néanmoins, dans la phase unificatrice qui s'ouvre sous la direction de Jean Moulin, Jean-Pierre Lévy joue un rôle pondérateur qui mérite davantage de considération. A la différence d'Henri Frenay et d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie, il soutient sans réserve l'envoyé du général de Gaulle et c'est en partie grâce à son action discrète et efficace que s'opère la fusion des trois grands mouvements. 

En février 1943, il participe à la création des Mouvements unis de Résistance (MUR) avec les mouvements Combat d’Henri Frenay et Libération-Sud d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie. 

Après deux tentatives infructueuses de départ pour Londres sur convocation du général de Gaulle (dont une en septembre 1942 avec Jean Moulin) il rejoint la Grande-Bretagne à la mi-avril 1943 par une opération aérienne effectuée dans la région de Mâcon, en compagnie d'Emmanuel d'Astier de la Vigerie. Son séjour à Londres est prolongé de deux mois à la suite d'un accident au cours d'un entraînement parachutiste à Wilmslow et il est ramené par opération aérienne (Lysander) dans la région de Lyon, toujours avec Emmanuel d'Astier, le 25 juillet 1943. 

Arrêté une troisième fois le 16 octobre 1943 au domicile parisien de Gilbert Védy ("Médéric"), responsable de Ceux de la Libération (CDLL), il est incarcéré à la prison de la Santé pendant huit mois. Jean-Pierre Lévy, alias "Lenoir", est libéré par un groupe franc des MUR, emmené par Charles Gonard, durant son transfert à Fresnes, le 12 juin 1944. Il reprend alors ses activités clandestines jusqu'à la Libération, notamment au sein du Conseil national de la Résistance, où il représente Franc-Tireur. 

De 1944 à 1946, Jean-Pierre Lévy est commissaire provisoire auprès de l'Office professionnel des industries du cuir avant de faire une brillante carrière dans l’industrie. Directeur des industries textiles et des cuirs (1947-1949), il dirige ensuite les Industries diverses et des textiles (1949-1970).

Inspecteur général de l'industrie en 1956, il est de 1957 à 1964, administrateur des Houillères du bassin d'Auvergne puis, de 1965 à 1971, administrateur de la Régie nationale des Usines Renault.
Administrateur de l'Office national des Forêts (1968-1972), il est conseiller d'Etat en service extraordinaire (1970-1974) puis, de 1971 à 1975, président du conseil d’administration du Centre national pour l'exploitation des océans (CNEXO) et président des jurys de l'Ecole des Hautes Etudes de Commerce (HEC) et de l'Institut supérieur des affaires (1972-1978).

Jean-Pierre Lévy est également président du Comité consultatif et du groupe permanent chargés d'étudier les actions médicales, paramédicales et sociales, liées à la scolarité des enfants et des adolescents (1976-1980). Membre du Conseil de l'Ordre de la Libération, il exerce également de nombreuses responsabilités sociales : vice-président fondateur de Revivre, groupement de solidarité pour les orphelins de la Résistance, de 1945 à 1967 ; administrateur du Comité des oeuvres sociales de la Résistance (COSOR) à partir de 1947 et son président à partir de 1972 ; vice-président du Comité d’action de la Résistance (COMAC) en 1954, administrateur et membre du comité exécutif des «Villages d’enfants S.O.S.» de France et des «Villages S.O.S. Monde» en 1967, membre du Comité central de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) à partir de 1971 et administrateur du Centre de documentation juive contemporaine et du Mémorial du martyr juif inconnu depuis 1979 ; il est membre du comité directeur de la Ligue des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1976 à 1980.

Père fondateur de la Fondation de la Résistance, "modeste et résolu" selon le général de Gaulle, Jean-Pierre Lévy laisse le souvenir d'un homme "solide et raisonnable" qui a accompli son devoir sans ostentation ni faiblesse.

Jean-Pierre Lévy est décédé le 15 décembre 1996 à Paris où il a été inhumé. 


Décorations : 
Grand-Croix de la Légion d'honneur ; Compagnon de la Libération - décret du 24 mars 1943 ; Grand Officier de l'Ordre national du mérite ; Croix de guerre 1939-1945 (1 citation) ; Médaille de la Résistance ; Croix du Combattant Volontaire de la Résistance ; Officier du mérite agricole ; Commandeur du mérite commercial ; Commandeur du mérite artisanal.


D'après le site Internet du Musée de l'Ordre de la Libération et Dictionnaire historique de la Résistance, sous la direction de François Marcot, Robert Laffont, 2006.