Mémorial de Saint-Nazaire-en-Royans

Genre : Image

Type : Mémorial

Producteur : cliché Alain Coustaury

Source : © AERD, fonds Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en couleur.

Date document : 2002

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

Mémorial de Saint-Nazaire-en-Royans érigé contre le mur du parc du château ayant été le théâtre de plusieurs exécutions odieuses en juillet-août 1944.
La cour martiale de Saint-Nazaire-en-Royans remplit bien son rôle : elle fournit en quelques jours de nombreuses victimes aux pelotons d’exécution.

Sur huit plaques de pierre claire sont inscrits les noms de tous les fusillés de juillet-août 1944. Sur la plaque centrale, est gravée en lettres majuscules l’inscription :
LES PIONNIERS DU VERCORS A LEURS GLORIEUX MARTYRS


 

Contexte historique

Les cours martiales ne sont qu’une caricature sinistre d’institution judiciaire, elles envoient à la mort les résistants capturés alors qu’ils tentent de fuir le Vercors, mais aussi des civils accusés d’avoir aidé les maquisards. La cour martiale de Saint-Nazaire-en-Royans remplit bien son rôle : elle fournit en quelques jours de nombreuses cibles aux pelotons d’exécution
À Saint-Nazaire, où se trouve le PC du général allemand Pfaum, fonctionne une cour martiale qui condamne sans répit. Des traîtres français dénoncent leurs compatriotes qui, sans eux, auraient échappé au supplice. Telle cette Simone Waro, alias Mireille Provence, qui, internée par la Résistance au camp de détenus suspects de La Chapelle-en-Vercors, a profité de la confusion qui suivit la dislocation du 23 juillet pour venir se mettre aux ordres des nazis.

Déjà deux habitantes de Saint-Nazaire-en-Royans avaient péri lors du bombardement du village le 29 juin, Marie-Louise Denis, tuée par les bombes, et Noémie Antelme née Charve, blessée décédée des suites le 3 juillet.
46 personnes ont été fusillées dans la cour du château de Saint-Nazaire-en-Royans, (4 civils, 34 résistants, plus 8 inconnus), alors que la plaque du monument n’indique que « 33 patriotes ». Les dates des exécutions sont très incertaines, elles se situent entre le 27 juillet et le 11 août 1944. Selon un rapport du 2 octobre 1944 de L. Perrout, président du Comité de libération, "Les hommes étaient fusillés par groupes de trois ou quatre. On les amenait au bord de la fosse et ils étaient mitraillés de façon qu'ils tombent dans leur tombe. Les corps restaient exposés au soleil et les groupes de condamnés qui venaient à la suite avaient la vision cruelle de leurs camarades massacrés".
Les civils fusillés sont Ange Berger, Marie-Louise Darlay, Joséphine Ézingeard, Firmin Serre, 74 ans.
Les résistants appartenaient aux unités regroupées dans le Vercors et qui, lors de la dislocation, tentaient de traverser les lignes allemandes pour s’échapper.

34 résistants sont abattus le 1er août, à la tombée de la nuit dans le parc du château de Saint-Nazaire-en-Royans, dont Albert Triboulet, fait prisonnier la veille à Saint-Just-de-Claix.
Le 2 août, Marcel Comte-Bellot, 20 ans, et l'adjudant Fernand Olivier, 33 ans, sont les victimes de « Mireille Provence », qui les reconnaît et les dénonce, car tous les patriotes qui côtoyèrent cette femme furent frappés par sa prodigieuse mémoire. Blessé aux jambes par une mine dans la forêt de Lente, Olivier, l'un des proches collaborateurs de Vincent-Beaume, était soigné avec deux autres victimes à la Providence des sourds-muets de Saint-Laurent-en-Royans lorsqu'un officier allemand vint visiter l'asile. Bien que la mère supérieure lui ait déclaré qu'il s'agissait de victimes du bombardement, l'officier nota tout de même leurs noms. « Mireille Provence », reconnaît son nom qu’elle avait mémorisé lorsqu'elle était internée à La Chapelle-en-Vercors. Dans l'après-midi, une voiture allemande vient chercher Olivier et le transporte à Saint-Nazaire-en-Royans où il est exécuté.
Le 4 août, Louis Geymond et René Guérimand sont passés par les armes. Vingt étaient des Isérois. Six étaient originaires de Saint-Hilaire-du-Rosier (Isère) : Marcel Barthélemy 21 ans, Jean Béguin, 19 ans, Jean Berruyer, 22 ans, Laurent Charavin, 19 ans, René Grillère, 20 ans, Henri Paire, 22 ans. Cinq venaient de Grenoble : Marcel Comte-Bellot, 20 ans, Jacques Dubarry, 20 ans, Louis Geymond, 33 ans, Dominique Gilliat, 29 ans, Marcel Kimpe, 30 ans. Trois habitaient à Vinay : Ludovic Torri, 32 ans, Mario Torri, 30 ans, Lucien Vérillac ou Vérilhac, 37 ans, deux dans d’autres cités de l’Isère : Louis ou Jacques Bourg, 20 ans, originaire de Rovon, et Gabriel Mounier, 21 ans, originaire de Tullins.
Quatorze étaient des Drômois. La plupart étaient des résistants de Romans ou Bourg-de-Péage, appartenant en général à la compagnie Abel : René Bussone, né à Lyon, 32 ans, gardien de la paix, 3 enfants de 6 à 9 ans, Roger Callet, René Guérimand, né à Romans, 21 ans, Eugène Knapp, 23 ans, employé de bureau, réfugié lorrain, Michel Lieb, 23 ans, limonadier, réfugié lorrain, François ou Albert Michat, né à Bourg-Saint-Maurice (Savoie), 37 ans, Louis Moulin, né à Romans, 18 ans, résistant de cette ville bien que domicilié à Tullins, Fernand Olivier, né à Chabrillan, résidant à Grâne, 33 ans, brigadier de police, résistant de Romans, Abel Teyssère, 18 ans, chapelier. Et enfin Albert Triboulet, (« Marc ») né à Briançon (Hautes-Alpes), 43 ans, professeur au collège de Romans, militant socialiste et franc-maçon. En 1940, il participe à un réseau clandestin de résistants. Il va donner des cours d’Italien au château de Sallemard à Peyrins pour les enfants réfugiés, notamment les juifs. Il est l’un des premiers responsables des boîtes postales et liaisons départementales à Romans. Il est choisi comme chef de district du Comité romanais de Résistance. C’est lui qui crée la compagnie Abel. Il monte au Vercors comme lieutenant le 8 juin 1944. Lors du repli du Vercors et des opérations de ratissage, il est capturé par les Allemands le 29 juillet 1944 à Saint-Just-de-Claix en tentant de franchir un barrage ennemi. Dénoncé par Mireille Provence, il est torturé, puis fusillé. Il avait une fille de deux ans. Le lycée de Romans porte aujourd'hui son nom.
Quatre venaient d’autres lieux de la Drôme : Léon Didier, 20 ans, et Louis Didier, 24 ans, de Saint-Nazaire-en-Royans, Henri Oddon, 17 ans, de Die membre du C 11, Gaston ou Paul Rey, 18 ans, résistant de Die membre du C 11, pris au col de Rousset le 28 juillet. Georges Fornoni, 18 ans, était originaire de La Seyne (Var).
Trois étaient d’origine ou de résidence non connue : Louis Clot, Henri Orand, 30 ans, E. Sirven, 18 ans. Rappelons enfin 8 fusillés sont restés non identifiés. Peyrins Saint-Just-de-Claix Théodore Oberländer, le principal responsable nazi des tueries de Saint-Nazaire-en-Royans, s’est rendu aux Américains en avril 1945. La RFA (République fédérale d'Allemagne) a toujours refusé son extradition, bien qu’il soit recherché comme criminel de guerre. Dans les années 1950, il reprend un rôle politique, se montrant très influent dans la politique de revanche. Il deviendra ministre dans les années 1960.
Le 5 août, les Allemands quittent Saint-Nazaire-en-Royans après 17 jours d'occupation. Ajoutons cependant que, le 28 août 1944, à 1 km environ de Saint-Nazaire-en-Royans, sur la route de Romans, trois autres résistants sont tués : Louis Amadéo (" Montanet "), 22 ans, de Vénissieux, Victor Boiron, 47 ans, de Romans, et Jean Tournissa (" Paquebot "), 32 ans, originaire de Pamiers.


Auteurs : Robert Serre
Sources : ADD, 1920 W, 9 J 3, 9 J 5, 132 J 1. Le Pionnier du Vercors n° 45 de janvier 1984. Joseph Parsus, Malleval, sd. Le patriote romanais et péageois, 8 septembre 1944. Lassus/Saint-Prix. Deval. Gerland. Drôme Nord. Pour l’Amour de la France. Poret. VB. La Picirella. Abonnenc. Veyer. Pons. Liste abbé Bossan. Plaque hôtel de ville Romans. Site La Seyne, perso.wanadoo.fr. Plaque com., plaque de rue, et plaque lycée Romans. Monument aux morts St-Nazaire-en-Royans, Grâne, Die.