Combat dans la vallée du Rhône (26 août 1944)

Légende :

Le défilé du Rhône entre Saint-Vallier-sur-Rhône et Tain l'Hermitage a été le lieu de nombreux accrochages lors de la retraite allemande en août 1944.

Genre : Image

Type : Photo

Source : © AERD, fonds Alain Coustaury Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique en couleur.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme

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Analyse média

On remarque l’étroitesse de la vallée. Sur la rive gauche du Rhône deux voies stratégiques sont visibles : la route nationale 7 et la voie ferrée Paris-Lyon-Marseille. Au premier plan, le monument commémoratif de la mort de deux résistants larnageois : Aimé Pubilier, Maurice Revol. Légende de la photo : 1) Défilé du Rhône à Gervans, au nord de Tain ; le site d’une embuscade, 2) La mort de deux Larnageois le 26 août 1944, 3) Une stèle familiale.


Contexte historique

L’accrochage
Le 26 août 1944, à 6 h 30 les deux groupes de combat de Larnage, commandés par le lieutenant major prennent position sur les crêtes dominant la route nationale 7, au sud de Gervans. Deux mitrailleuses sont installées à 500 m environ de la nationale 7. Si la mitrailleuse servie par le lieutenant major, Aimé Pubilier et Maurice Revol a un bon champ de tir, elle est mal camouflée. Vers 8 h 15, un convoi allemand apparaît, se dirigeant vers Lyon. Le lieutenant major constatant que le convoi est trop important donne l’ordre de ne pas tirer. Mais un fusil-mitrailleur de la section de Saint-Sorlin-en-Valloire, située en contrebas, ouvre le feu. Pour le soutenir, le lieutenant major fait tirer ses mitrailleuses. Les Allemands s’arrêtent et ripostent. Le projectile d’un canon léger atteint le poste tenu par le lieutenant major, Aimé Pubilier et Maurice Revol. Le lieutenant est blessé. Aimé Pubilier est tué sur le coup. Maurice Revol, la carotide tranchée, s’effondre quelques dizaines de mètres après s’être replié.

Le monument
Les familles ont pris en charge, seules, la mémoire des deux disparus. La construction de la stèle témoigne de ce cas assez particulier. Le lieu du drame a d’abord vu l’érection d’une simple croix en bois. Quelques mois après, les familles ont fait ériger une stèle relativement imposante et intéressante par sa forme. Elle est constituée d’un élément en pierre taillée posé sur un bloc de béton lui-même installé sur un socle en béton. La pièce en pierre taillée semble provenir d’un sommet de pilier d’entrée d’une cour. L’origine de la croix en fer forgé n‘est pas connue. La croix témoigne de l’appartenance religieuse des deux tués. Ce symbole est assez rare sur les lieux de mémoire. Tout ceci a été fourni, comme en témoigne une facture, par une entreprise de pompes funèbres de Tournon-sur-Rhône, proche bourgade de Gervans. La facture est adressée à monsieur Camille Revol, père de Maurice Revol. On peut penser que la dépense a été répartie entre les deux familles. Ce qui est remarquable, c’est qu’aucune aide n’a été apportée aux familles. Tout s’est passé au sein des communautés familiales. Le libellé de la plaque confirme l’aspect familial du monument : « A la mémoire de nos chers enfants ».
Pas d’autres références, ni militaires, ni officielles. Les mêmes observations peuvent être faites pour l’inauguration de la stèle le 26 août 1945. La photo de la cérémonie montre l’absence de drapeaux d’associations résistantes, d’anciens combattants de 1914-1918. Familles et amis constituent l’assistance. Le seul personnage officiel est le curé de Larnage, l’abbé Istier. Où sont le maire et l'instituteur ? D’autres photos des participants ont-elles été prises ? Parmi celles qui ont été remises à l’auteur, aucune ne montre ces personnages.

On est donc loin de la cérémonie traditionnelle. C’est ce qui fait l’intérêt de cet épisode.


Auteur : Pierre Balliot
Sources Balliot Pierre, Le Chaudron, bataille dite de Montélimar, édition par l’auteur, 2007.