Plaque en hommage à A. Filippi, B. Le Corvaisier, M. Courtot, F Poulain et P Robic

Légende :

Plaque apposée au n°6 de la rue Robert Marchand à Gentilly

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Producteur : Claude Richard

Source : © Collection Claude Richard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 2015

Lieu : France - Ile-de-France - Val-de-Marne - Gentilly

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Contexte historique

Le gardien Pierre Robic, né le 10 mars 1915 à Paris. Il est recruté en mars 1941, puis enrôlé par LibéNord , puis par Défense de la France , dont il devient le responsable pour L’Hay-les-Roses, et l’adjoint pour Versailles. Mais il travaille surtout pour Béarn , sous les pseudonymes de Pierrot et RUA-259. Nommé à Gentilly, il fournit des informations sur les implantations militaires allemandes : Villacoublay, Orly, les gares de Villeneuve-Saint-Georges, Juvisy et Brétigny. Il quitte l’administration en juin 1944 emportant arme et munitions. Révoqué le 17 juin, il fait l’objet d’un arrêté d’internement. Interpellé par les services de sécurité allemands le 5 juillet lors d’un rendez-vous avec d’autres résistants chez le tailleur Bidal, place du éâtre Français, interné à Fresnes, Robic est déporté à Buchenwald le 15 août 1944. Arrivé le 16 décembre, il meurt au kommando d’Ellrich dès le 18 décembre. Conducteur d’un tracteur, il est victime d’un surveillant tchèque. Celui-ci rassemble tous les détenus pour vérifier s’ils ne portent pas d’autre vêtement que la tenue rayée. Or Robic avait enroulé autour de son corps à même la peau un sac de ciment vide : il faisait moins 18 degrés. Le surveillant lui fait enlever le sac : en posant sa veste à terre Robic doit se baisser et reçoit deux violents coups de canne sur les reins. Atteint par la fièvre dans la nuit, il meurt le lendemain à l’infirmerie. Ce père d’un enfant de trois ans est nommé brigadier à titre posthume, et décoré de la Croix de guerre avec trois citations.

Le gardien de la paix Brieuc Hyacinthe Le Corvaisier Jean-Loup est en poste à Gentilly quand il intègre la Résistance. Né le 5 novembre 1909 à Rennes, policier en 1938, déjà vétéran de la France Combattante , il intègre le Front National de la Police . Le Corvaisier abrite des agents de la Résistance et il héberge mi-mars 1944 à son domicile de Villejuif une équipe fortement armée qui vient de « braquer » des tabacs. Contraint de se cacher après l’arrestation d’un résistant de son entourage, Paulot (Paul Pascaud), appréhendé après avoir tiré sur une femme à Bicêtre. Il est révoqué à la date de sa non-reprise de service, le 26 avril 1944. Au maquis, Le Corvaisier prend part à un combat contre la Milice à Esclottes (Lot- et-Garonne) le 12 avril. Le 21, il détruit avec son groupe le dépôt de carburant de Monbazillac. Il commande en second le groupe Anic (41 hommes) et, recherché par les services de Vichy, il doit se réfugier près de Bergerac. Séparé du maquis avec son chef et cinq de ses hommes en raison d’une panne de voiture, il est découvert le 8 mai 1944 vers 14h30 par les Allemands dans la ferme du Viguier au lieu-dit Jean Bart à Saint-Aubin-de-Cadelech. Le feu est mis à la ferme à coups de mortier servis par des renforts appelés par les assiégeants : Le Corvaisier contre-attaque avec trois hommes et se défend jusqu’à l’épuisement des munitions. Arrêtés, torturés, Le Corvaisier et ses camarades seront assassinés sauf deux qui parviennent à s’enfuir. Ce père de deux enfants sera réintégré dans ses fonctions à titre posthume, au grade de brigadier en... 1969 ! Il a été décoré de la Légion d’Honneur et de la Croix de guerre.

Antoine Filippi Toni , collègue de Le Corvaisier, vient à son domicile chercher de ses nouvelles : c ’ est lui qui, contraint et forcé, avait arrêté Paulot. Convoqué au commissariat, il fait sa déposition, puis disparaît comme son ami : il est révoqué le 7 avril 1944. Filippi était né le 12 avril 1915 à Bastia, et admis comme gardien de la paix en 1941 à Gentilly. Engagé dans la Résistance, le voilà chef d’un groupe de protection des actions (sabotages par ex). Ayant rejoint le maquis, il est blessé à la tête le 12 juin 1944 au combat de Lormes. Le 17, il transporte avec les FFI du Maquis Julien du 1er bataillon du 2e régiment du Morvan un important lot d’armes parachutées, quand il est attaqué, avec son escorte, par un fort détachement allemand. Filippi est tué à ce combat, mené aux Étangs du Merle à Crux-la-Ville (Nièvre). Il faisait l’objet d’une fiche de recherche du 19 juin de la Police Municipale pour « s’être soustrait à une mesure d’internement administratif ». Il a été reconnu, à titre posthume, comme chargé de mission de 3e classe (sous-lieutenant) du réseau Action Mission Lemniscate , décoré de la Croix de guerre et réintégré dans la police.


Luc Rudolph, Au coeur de la Préfecture de Police : de la Résistance à la Libération