Monument en hommage à Jean Monnet, Vanves (Hauts-de-Seine)

Légende :

Monument en hommage à Jean Monnet, situé square Jean-Monnet entre les rue Raymond-Marcheron et rue Louis-Dardenne, à Vanves (92170), Hauts-de-Seine

Genre : Image

Type : Monument

Producteur : Claude Richard

Source : © Collection Claude Richard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur.

Lieu : France - Ile-de-France - Hauts-de-Seine - Vanves

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Analyse média

Retranscription du texte gravé :

" Il n'y a d'avenir pour les Européens que dans l'union".


Département AERI

Contexte historique

Né le 9 novembre 1888 à Cognac, dans la famille d'un négociant en vins, Jean Monnet est un pur produit de la bourgeoisie de province. Son itinéraire exceptionnel n'en est que plus remarquable. Oeuvrant dans l'ombre, il a su mettre à profit ses bonnes manières, son affabilité et son don de persuasion pour manoeuvrer les hommes de pouvoir.

Il a seize ans quand son père l'envoie chez son agent de Londres pour apprendre le négoce. À dix-huit ans, il part pour Winnipeg, au Canada. « N'emporte pas de livres. Personne ne peut réfléchir pour toi. Regarde par la fenêtre, parle aux gens. Prête attention à celui qui est à côté de toi, » lui dit alors son père. Ce sera sa règle.  Bazoches-sur-Guyonne, 16 mars 1979)

Arrive 1914 et la déclaration de guerre. Réformé pour raison de santé, il s'inquiète des problèmes d'approvisionnement et de transport qui vont se poser aux Alliés. Usant de relations familiales, le jeune homme, âgé de 26 ans, obtient un rendez-vous avec le président du Conseil, René Viviani, réfugié à Bordeaux avec le gouvernement français. Séduit par son intelligence, René Viviani l'affecte à Londres, dans un service précisément chargé de coordonner les ressources des Alliés, où il fera d'utiles connaissances. Jean Monnet ne cessera plus dès lors de s'occuper des affaires du monde.
En novembre 1916, au plus fort de la Grande Guerre, il met sur pied une commission interalliée pour les approvisionnements en blé, le Wheat Executive. Après l'armistice, il devient l'adjoint d'Eric Drummond, secrétaire général de la Société des Nations (SDN), l'ancêtre de l'actuelle Organisation des Nations Unies. Il traite dans l'urgence des dossiers aussi critiques que le partage de la Silésie entre la Pologne et l'Allemagne, l'avenir de la Sarre ou encore le redressement économique de l'Autriche... Quittant la SDN en 1923, il participe à San Francisco à la création d'une banque d'investissements américaine, mais s'en éloigne après un échec dû à la crise boursière de 1929. Regrettant que les Américains aient si longtemps tardé à réformer leur système bancaire, il observe dans ses Mémoires : « Les hommes n'acceptent le changement que dans la nécessité et ils ne voient la nécessité que dans la crise ». À défaut de mieux, il se met à Shanghai au service du gouvernement chinois de Tchang Kaï-Chek.

Jean Monnet se rend à Washington négocier avec les Américains la construction en urgence d'avions de combat pour l'armée française. Il se rapproche à cette occasion du président Franklin Roosevelt et de son conseiller Harry Hopkins et se met à leur service pour lancer le programme de la Victoire (« Victory program »). Ce programme a pour objet de soutenir l'effort de guerre britannique et de préparer la puissante industrie américaine à un gigantesque effort de réarmement sans attendre l'entrée en guerre officielle des États-Unis, qui ne surviendra qu'en 1941, et en ménageant les sentiments neutralistes de l'opinion américaine. De retour à Londres, Jean Monnet préside un comité de coordination franco-britannique. Lorsque Hitler lance son offensive du 10 mai 1940, l'ancien négociant en vins de Cognac suggère au Premier ministre Winston Churchill un coup d'éclat pour rendre de l'espoir aux Français et aux Britanniques. Sa note intitulée « Anglo-French Unity » propose rien moins qu'une fusion immédiate des deux pays, avec un seul Parlement et une seule armée ! Cette proposition d'apparence excentrique rendrait les deux pays indéfectiblement solidaires face à l'Allemagne hitlérienne. Elle empêcherait une tractation directe de la France avec l'Allemagne, avec le risque qu'Hitler se saisisse de la puissante flotte de guerre française, la « Royale », et éventuellement des colonies d'Afrique du Nord et d'Orient.
Le dimanche 16 juin, le général de Gaulle, en mission à Londres, dicte lui-même au téléphone le texte de la note à Paul Reynaud, le chef du gouvernement français. Celui-ci prend rendez-vous avec Churchill le lendemain à Concarneau... Las, le soir même, il est démis de ses fonctions et remplacé par le maréchal Pétain. Le soir du 17 juin, tandis que la France s'enfonce dans la tragédie de la défaite, Jean Monnet reçoit à son domicile londonien le général de Gaulle. Celui-ci prépare l'Appel qui sera radiodiffusé le lendemain. Comme la plupart de ses compatriotes, le marchand de Cognac n'est pas sur le moment emballé par les visions de De Gaulle et la perspective d'une rupture avec le gouvernement du maréchal Pétain.

À la demande de Harry Hopkins, Jean Monnet retrouve le général de Gaulle à Alger en 1943. Il fait partie du premier gouvernement de la France libre et entreprend sans succès de réconcilier les généraux de Gaulle et Giraud. Malgré son peu d'affinités pour le chef de la France libre, il va néanmoins contribuer à ses côtés à l'effort de reconstruction du pays.

À la Libération, Jean Monnet met sur pied un plan de modernisation et d'équipement qui porte son nom et permet à la France de relancer en un temps record les productions de base, avec le soutien financier des Américains et de leur plan Marshall. Il crée le Commissariat au Plan et en devient le premier président avant de rassembler enfin ses amis de partout autour du projet de CECA. Il convainc le ministre Robert Schuman de porter le nouvel organisme sur les fonts baptismaux et en sera lui-même le premier président. Sa vision se résume dans cette formule empruntée à ses Mémoires : « Rien n'est possible sans les hommes, rien n'est durable sans les institutions ».
À la fin de son mandat, en 1956, il animera un Comité d'action pour les États-Unis d'Europe et poursuivra jusqu'à sa mort, le 16 mars 1979, à 90 ans, son action en faveur de l'union. L'homme a bien mérité son titre honorifique de « Père de l'Europe ». Ses cendres ont été transférées au Panthéon en 1988.


André Larané, site Hérodote.net, consulté le 4 mars 2015.