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Fiche de prisonnier de guerre au nom de Paul Weil

Légende :

Cette fiche est extraite du fichier individuel original allemand (Personalkarten ou PK) conservé au service historique de la Défense (DAVCC) à Caen. 

Genre : Image

Type : Carte individuelle

Source : © Service historique de la Défense, DAVCC (Caen) Droits réservés

Détails techniques :

Dimensions : 20,7 x 14,8 cm

Date document : Mai 1940

Lieu : France - Hauts-de-France (Nord - Pas-de-Calais) - Nord - Cambrai

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Analyse média

Les prisonniers de guerre français sont placés sous l'autorité de l'armée allemande : la Wehrmacht. Après leur capture, les soldats français sont regroupés dans un premier temps dans des camps provisoires (Frontstalags), créés en toute hâte en France, avant d'être transférés en Allemagne. 

Les fiches individuelles originales allemandes de prisonniers de guerre français ont été établies par le Service d’information de la Wehrmacht. Plusieurs types de fiches coexistent : les Personalkarten (PK) I procurent des informations sur l’état-civil et l’immatriculation du prisonnier de guerre et, parfois, des données médicales ; les PK II précisent la situation des comptes personnels des prisonniers de guerre (sommes touchées et prélevées) ; les PK III signalent les différentes affectations des prisonniers dans les kommandos (ou antennes extérieures) dépendant des camps où ils se trouvaient, ainsi que les transferts entre camps.

La fiche présentée dans cette notice est une PK I émanant du Frontstalag 101 de Cambrai. Elle comprend des renseignements d'état-civil relatif au détenu Paul Weil (né le 8 mars 1916 à Versailles ; Israélite ; fils de Blanche Gintzburger), des éléments de description physique (1m90), l'adresse de ses parents (87 avenue de Saint-Cloud à Versailles). Une partie de la carte est réservée aux renseignements d'ordre militaire et à sa capitivité : Paul Weil appartenait à la 22e section d'infirmiers militaires (22e SIM) lorsqu'il a été capturé le 19 mai 1940 à Marcoing. 




Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Renseignements collectés sur le site internet du service historique de la Défense

Contexte historique

Issu d’une famille alsacienne installée à Versailles après la défaite de 1870, Paul Weil est né le 8 mars 1916 à Versailles. Il passe son enfance rue de la Paroisse et suit ses études secondaires au lycée Hoche. Paul Weil est étudiant en médecine lorsqu’éclate la guerre. Fait prisonnier le 19 mai 1940 dans sa formation sanitaire, il s’évade le 30 octobre 1940. Il rejoint alors Clermont-Ferrand où est repliée l’université de Strasbourg, vivier de la résistance estudiantine. Il s’engage dans le réseau Mithridate et en décembre 1941 dans les mouvements Combat puis Franc-Tireur. Arrêté une première fois en avril 1942, il est libéré faute de preuves. 

Le 14 décembre 1942, il est arrêté avec un groupe de Franc-Tireur suite à la destruction du siège du PPF à Vichy. Condamné le 23 juillet 1943 à cinq ans de travaux forcés par le tribunal d'état de Lyon pour activité antinationale et détention d'armes et d'explosifs. Incarcéré successivement à Clermont-Ferrand, Cusset puis à la prison Saint-Paul de Lyon, il arrive à Eysses le 3 août 1943. 

Pendant tout le temps de son incarcération dans ces différentes prisons, ce jeune médecin en formation transcrit quotidiennement ses sentiments et ses réflexions dans un journal intime destiné à sa fiancée. Embauché à l’infirmerie d’Eysses en octobre 1943, au moment où les détenus politiques obtiennent de tenir les postes généraux, il utilise le temps restant pour rédiger sa thèse et donner des conférences à ses codétenus (sur le cancer, la tuberculose, l’alcoolisme). En tant que responsable du service médical de l’infirmerie, il est soupçonné d’avoir utilisé son poste pour diriger l’organisation clandestine et donc tenu pour personnellement responsable des armes retrouvées enterrées dans la cour de l’infirmerie après la reddition. Il est violemment malmené par les hommes de la brigade spéciale de Limoges. Le 23 février, il est contraint de « défiler » devant les corps de ses camarades qui viennent d'être fusillés par les GMR dans la cour de la buanderie de la centrale d'Eysses. 

Transféré à Compiègne le 30 mai 1944, il est déporté à Dachau par le convoi du 2 juillet 1944 surnommé "le train de la Mort". Le 20 septembre 1944, il est transféré au camp de Stutthof. Evacué en Poméranie en février 1945, il parvient à s'évader le 11 mars 1945. Médecin-chef de l'hôpital de Putzig Pologne, il est atteint du typhus. Paul Weil est rapatrié en France le 11 juillet 1945. Il reprend l'externat à Paris et soutient sa thèse de médecine le 21 juin 1946. Inscrit à l'ordre des médecins de Seine-et-Oise le 11 juillet 1946, il devient quelques années plus tard chef du centre de transfusion sanguine de Versailles. De 1961 à 1979, Paul Weil est président de l'Amicale des anciens détenus d'Eysses. 

En juillet 2004, pour rendre hommage au destin exceptionnel de ce médecin versaillais, le Conseil municipal a décidé de donner son nom au rond-point, carrefour des rues Champ-Lagarde et Vauban et d'apposer une plaque commémorative sur son immeuble au 87, avenue de Saint- Cloud, où il s'est éteint le 20 décembre 1980. 


Auteur : Fabrice Bourrée
Sources : Service historique de la Défense (Vincennes et Caen) ; Corinne Jaladieu, La prison politique sous Vichy : l'exemple des centrales d'Eysses et de Rennes, L'Harmattan 2007 ; archives départementales du Rhône ; archives départementales de Lot-et-Garonne ; archives municipales de Versailles.