Célébration de la Libération et prise d’armes à Crest

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Inconnu

Source : © AERD, archives Albert Fié, (Amicale compagnie Pons/Buckmaster) Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Crest

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Analyse média

La cérémonie, à l’initiative des FFI (Forces françaises de l'intérieur), revêt essentiellement un caractère militaire et met à l’honneur les résistants qui ont combattu les armes à la main.

Ici sur la photographie, la garde d’honneur du drapeau de la compagnie Pons (tête de mort blanche sur fond noir). De gauche à droite : Paul Pons tournant la tête, Paul Bernard, Albert Juge, Henri Guion, Albert Fié et X.

Il s’agit d’une image symbolique de la manifestation : accoutrements hétéroclites, présentation d’armes pas très orthodoxes, mais le cœur et la sincérité y sont !


Auteurs : Robert Serre
Sources : Archives Albert Fié, (Amicale compagnie Pons/Buckmaster)

Contexte historique

Le lieutenant-colonel De Lassus a prévu de remettre des décorations à certains membres des compagnies crétoises. De plus la célébration de la libération de la Drôme est très attendue. Une cérémonie est donc préparée pour le 10 septembre à Crest.

Nous avons peu d’éléments sur cette préparation, alors que le 23 août, le Comité local de Libération de Crest a été officiellement transformé en délégation municipale et installé dans ses fonctions par Claude Alphandéry, président du CDL (Comité départemental de Libération). La délégation est présidée par le docteur Robert Scheffer.
Cependant, le capitaine Pons écrit au colonel Legrand au cours de la semaine précédant la manifestation :
« Je vous serai très reconnaissant de me faire connaître comment vous envisagez la cérémonie de Crest pour dimanche prochain et quel en est le programme. Certaines personnes ont parlé de cérémonies possibles à l’église et au temple. Je me permets de vous signaler que ma compagnie n’y tient pas du tout. Nous avons travaillé en militaires, je pense que notre cérémonie doit être militaire. Les cérémonies religieuses doivent être strictement privées, sans revêtir un caractère obligatoire comme ce serait le cas si les cérémonies avaient lieu dimanche ». (Archives A. Fié, sans date, début septembre 1944).
Albert Fié commente cette lettre en écrivant : « Pons ne veut pas de capucinades » !

Le dimanche 10 septembre, toutes les troupes FFI de la région se rassemblent à Crest, entourées d’une foule considérable de Crétois et de gens des villages voisins. Les drapeaux flottent aux fenêtres, les cloches sonnent, des avions américains survolent la manifestation. Des offices religieux sont célébrés au temple et à l’église, chacun étant libre d’y participer ou pas.
Sur la place de la Liberté, le monument « à l’Insurgé de 1851 », bien que privé de sa statue de bronze, continue à symboliser la défense des libertés. Les compagnies sont groupées sur le Champ de Mars voisin, derrière leurs chefs. Le lieutenant-colonel "Legrand" et le commandant Antoine arrivent avec le drapeau tricolore et sa garde d’honneur : ils passent sur le front des troupes et les saluent.
Ensuite, la remise de décorations constitue un moment émouvant car 21 des récipiendaires ne sont plus là, victimes de leur devoir. Le lieutenant Jean Rey proclame les noms et les citations, tandis que le commandant Antoine épingle les décorations sur les poitrines.
Puis les FFI défilent dans les rues de la ville, sous les acclamations de la foule qui les entoure et les accompagne. Le silence se fait à l’arrivée au monument aux morts où le docteur Scheffer dépose une gerbe et fait observer un instant de recueillement.
Des membres de la délégation vont ensuite visiter ceux qui, encore allongés sur un lit d’hôpital, n’ont pu assister à la cérémonie.

L’ouvrage Pour l’amour de la France résume en quelques mots le caractère de cette célébration : « Pour la plupart sans uniforme, ces combattants ne sont pas habitués à s’aligner en rang, à présenter les armes, à marcher en ordre au pas cadencé. Ils le feront pourtant, bien qu’un peu gauches, mais avec tout leur cœur et leur fierté d’avoir combattu pour aider notre pays à se libérer. La joie des Drômois libérés qui les acclament sera l’inoubliable récompense. »


Auteurs : Robert Serre
Sources : Archives Albert Fié, (Amicale compagnie Pons/Buckmaster), hebdomadaire Le Crestois n° 2 312 du 16 septembre 1944. Pour l’amour de la France. Paul Pons, De la Résistance à la Libération.