Plaque à la mémoire des déportés de l'usine Sanders, Gentilly (Val-de-Marne)

Légende :

Plaque située au pied du monument à la mémoire des déportés de Gentilly situé dans le cimetière communal de Gentilly.

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Producteur : Claude Richard

Source : © Collection Claude Richard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : France - Ile-de-France - Val-de-Marne - Gentilly

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Contexte historique

Avant guerre, la section syndicale de l’usine Sanders (machines à calculer sous licence américaine) à Gentilly, 48-50 rue Benoît Malon, est particulièrement active, au point d’être citée à deux reprises par le Populaire en 1938, au moment des protestations contre les atteintes aux 40 heures et contre les décrets lois Daladier-Reynaud : 6 septembre 1938 et 18 novembre 1938. Les militants communistes y sont très présents et sont fichés par les Renseignements généraux. Cette usine de la métallurgie est d'ailleurs surnommée « la maison rouge » à Gentilly. Avec l’occupation allemande, l’usine l'usine est devenue filiale d’un groupe franco-allemand (la National Gruppe) et travaille pour l'industrie de guerre allemande. Le 9 février 1942, une grève éclate chez Sanders. Cet arrêt de travail est motivé par le refus du directeur de l'usine de satisfaire les revendications des ouvriers (un cahier de revendications a été déposé quelques jours plus tôt. Il porte sur les salaires et l'exercice des libertés syndicales). Le travail reprend au bout d'un quart d'heure, après que le directeur ait menacé de prévenir la police, en cas de poursuite du mouvement. Cependant le directeur a informé la Confédération générale du patronat français (4 rue de Presbourg). Prévenu de la grève, le commissaire de police de la circonscription M. Cambon, appelle aussitôt les Renseignements généraux, conformément à un ordre du directeur de la police judiciaire, daté du 30 septembre 1940 (l’enquête de la commission d’épuration en 1946 ne permettra pas de savoir par qui M. Cambon a été informé). La Brigade spéciale (BS-1) chargée de la répression anticommuniste enquête aussitôt. Elle recherche les « meneurs » et obtient par un membre de la maîtrise de l’usine une liste des ouvriers supposés être à l'origine du mouvement. 

Le 11 février, 16 ouvriers sont arrêtés par des inspecteurs des Renseignements généraux et sont conduits au Dépôt de la Préfecture de police de la Seine, où ils sont interrogés violemment. Trois d’entre eux sont relâchés le soir même, car ils ne sont pas connus des services de police comme étant communistes. Les 13 autres, qui ont un dossier aux Renseignements généraux comme "militants communistes actifs et propagandistes" sont emmenés par le métro à la Conciergerie, en attendant leur internement administratif dans un camp français. Quatre d'entre eux sont internés au camp de Pithiviers, puis à l'île de Ré jusqu'au 10 août 1944. Les autres internés seront déportés à Auschwitz : huit d'entre eux sont internés au camp de Voves le 26 avril 1942, puis au camp allemand de Compiègne (Frontstalag 122), le 10 mai 1942. Ils sont désignés par les autorités allemandes pour être déportés le 6 juillet 1942, comme otages communistes, en représailles aux attentats commis par des résistants communistes contre des officiers et soldats allemands. Le neuvième, Georges Abramovici, Classé comme Juif à Voves, est déporté depuis Drancy le 4 novembre 1942, également vers Auschwitz, dans un convoi de la "solution finale". De ces neuf déportés, un seul d’entre eux, Francis Joly, est rentré en France. 

Les noms des 8 déportés morts à Auschwitz sont gravés sur la plaque commémorative apposée par le personnel de la Sanders dans le hall de l'usine Sanders. Après le transfert de l'usine en 1961 à Massy (où elle devient « La Nationale » sous le sigle N.C.R. « National Cash Register »), la plaque est installée dans le hall du restaurant d’entreprise, où elle est honorée chaque année. Une nouvelle plaque commémorative est apposée par la municipalité de Gentilly, à l’angle de la rue Benoît Malon et de l’avenue Paul Vaillant-Couturier. La municipalité de Gentilly est également à l'origine du monument édifié "à la mémoire de ceux de Gentilly exterminés par les Nazis dans les camps de la Mort". Les huit grévistes de l'usine Sanders morts à Auschwitz y figurent en bonne place sous une mention spéciale. Au pied du monument se trouve une plaque déposée par les anciens salariés des Etablissements Sanders. 


Extrait du site de Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : Triangles rouges à Auschwitz, le convoi politique du 6 juillet 1942, Editions Autrement, 2005 Paris et de Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000», éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé).