Voir le verso

Stèle en hommage à Maurice Combet, Chauvigny (Vienne)

Légende :

Stèle située allée des cités unies à Chauvigny (Vienne)

Genre : Image

Type : Stèle

Producteur : Claude Richard

Source : © Collection Claude Richard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 2016

Lieu : France - Nouvelle-Aquitaine (Poitou-Charentes) - Vienne - Chauvigny

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Témoignage de Jean Larmignat relatif aux événements que connut Chauvigny les 25, 26 et 27 août 1944

Les Allemands fuyaient vers l’est par la route 151, dans le plus grand désordre. Il n’y avait pratiquement pas d’unités constituées. Le pont de la route sur la Vienne avait été détruit, mais le pont du chemin de fer était intact. Les Allemands harcelés de toutes parts étaient particulièrement nerveux et agressifs. J’ai été arrêté le 26 au matin à la Maison-Rouge (aujourd’hui la Talbatière) au domicile de M. Lebon : les Allemands, en effet, arrivaient par la voie ferrée. Premier stationnement sous bonne garde dans le chemin de la Maison-Rouge, en attendant que les soldats finissent le ratissage des vignes et jardins voisins. Transfert dans la cave de la maison Bonnefoy où l’on entassait ceux qui étaient arrêtés. Transfert sur la place, à travers une ville déserte, silencieuse, écrasée de chaleur.

Alignement sur la place et apparition d’un officier allemand ; le capitaine Vorlander, avec une cravache et mitraillette et qui parlait un français parfait. Interrogatoire d’identité. Tout homme en chemise bleue était considéré comme maquisard et traité avec violence. Un jeune homme Picouays Marcel, qui figurait parmi les prisonniers et déclarait venir de Poitiers où il était en traitement à l’Hôtel Dieu pour tuberculose, fut abattu, achevé sur le trottoir où son corps demeura dans la chaleur pendant deux jours.

Une tentative désespérée de fuite du coiffeur M. Combet fut stoppée. M. Combet abattu sur la place, ramené le ventre ouvert près de nous. Au docteur Michiels qui demanda son transfert à l’hôpital, Vorlander répondit « Non ! Qu’il crève ! ». Enfin ce fut l’internement sous les halles de l’hôtel de ville. Avec la nuit qui venait apparurent les Hindous qui volaient et violaient. (Ces soldats avaient appartenu à l’armée anglaise d’Egypte. Prisonniers des Allemands de l’Afrika Korps, retournés, ils étaient devenus auxiliaires des Allemands.) Le 27, Vorlander apparut sous les halles et libéra les « vieillards », c’est-à-dire, selon lui, ceux qui avaient plus de 50 ans. On ne le revit plus. Les autres prisonniers furent transférés près de la gare, dans une baraque, et enfermés. J’y retrouvai Me Toulat, Maire de Chauvigny et le vicaire de l’église Notre Dame. Dans la soirée les passages d’allemands se firent plus rares, jusqu’à cesser vers minuit. Plus personne autour de la baraque… Chacun se libéra et rentra chez lui.


Le Pays chauvinois. Bulletin de la société de recherches archéologiques, artistiques, historiques et scientifiques du pays chauvinois, n° 23 - Décembre 1984 - Tome III