Fanion de voiture du général de brigade Jacques Chaban-Delmas

Genre : Image

Type : Objet

Source : © Musée de l’Ordre de la Libération Droits réservés

Détails techniques :

Dimensions : 31 x 37,5 cm.
Matière : soie, cannetille.

Lieu : France - Ile-de-France - Paris - Paris

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Analyse média

Ce fanion de voiture a été utilisé à la Libération. Il est tricolore à croix de Lorraine. On note la présence de deux étoiles, figurant les deux étoiles du grade de général de brigade.


Contexte historique


Né le 7 mars 1915 à Paris, Jacques Delmas devint journaliste à L'Information dès l'âge de dix-huit ans, et alors même qu'il poursuivait des études supérieures. Diplômé de l'École libre des Sciences politiques (1938), licencié en droit, titulaire du diplôme d'études supérieures de sciences politiques, il effectua la drôle de guerre comme aspirant puis sous-lieutenant au 75e bataillon alpin de forteresse.

Démobilisé le 4 août 1940, Jacques Delmas entra en contact au mois de décembre suivant, par le truchement du colonel Groussard, avec l'organisation de Résistance mise sur pied en zone nord par le colonel Heurtaux, le réseau Hector qui devait être l'un des noyaux fondateurs de l'Organisation civile et militaire (OCM). Chargé par Heurtaux de collecter des renseignements dans le domaine économique, Delmas parvint à s'introduire, en juin 1941, à la faveur d'un stage, au ministère de la Production industrielle. Là, il se spécialisa dans le renseignement industriel, se concentrant notamment sur la mise à la disposition des Allemands de l'industrie française. Simultanément, il commença à préparer le concours de l'inspection des Finances dans l'écurie de Paul Delouvrier qu'il avait rencontré au ministère de la Production industrielle. En dépit de la seconde arrestation du colonel Heurtaux (novembre 1941) et de la mise en sommeil du groupe de la rue Logelbach (Arthuys, Heurtaux, Lefaurichon…), Delmas se trouva, de fait, rattaché au service de renseignement de l'OCM et s'inscrivit au nombre des informateurs du BCRA. Reçu à l'inspection des Finances en mars 1943, il se servit de ses nouvelles fonctions comme couverture de son activité clandestine.

À l'extrême fin de l'été 1943, après plusieurs entretiens avec son ami Maurice Bourgès-Maunoury tout juste revenu en France comme délégué militaire régional, Jacques Delmas rejoignit la Délégation militaire du comité français de la Libération nationale (CFLN) en France. À partir du mois d'octobre 1943, devenu "Chaban", il fit fonction, à Paris, d'adjoint au délégué militaire national (DMN), le commandant Louis Mangin. Sur instruction de ce dernier, il travailla un temps avec André Boulloche, délégué militaire pour la Région parisienne. En février 1944, aux côtés de Guillain de Bénouville, François Bloch-Laîné, René Courtin, André Debray et Michel Debré, Chaban fut nommé au Comité financier de la Résistance (COFI) que Jacques Bingen et Georges Bidault venaient de créer pour financer l'action de l'armée des ombres. Au début du mois d'avril 1944, le colonel Ély, nommé délégué militaire national (la fonction avait été officiellement créée par le général de Gaulle le 10 mars précédent) et porteur de "L'Instruction sur l'action de la Résistance française du 31 mars", fut déposé sur la côte bretonne en même temps que Lazare Rachline (Mission Socrate). Parvenu à Paris, constatant son défaut d'information et les compétences du DMN par intérim Chaban, Ély décida de s'effacer derrière ce dernier et de n'être que son second.

Promu général de brigade par décision du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) le 15 juin 1944, fort de son autorité sur les DMR (lesquels disposaient de l'atout majeur constitué par les moyens de transmission), Chaban (dont un autre pseudo était "Arc") tint le difficile rôle d'intermédiaire entre l'état-major de Londres, l'EMFFI, et le COMAC pour l'exercice par le premier de l'autorité sur les FFI. De la fin du mois de juin à la mi-août 1944, soutenu par Alexandre Parodi, il s'opposa à Pierre Villon, président du COMAC, qui était favorable au déclenchement de l'insurrection nationale sous l'autorité de la Résistance intérieure. Dans le même temps, en accord avec le général Koenig et son état-major londonien, les deux hommes parvinrent à circonscrire, sinon à bloquer totalement, les velléités d'autonomie stratégique de la Résistance, qu'elles soient le fait du Parti communiste ou de certains des chefs de l'Organisation de Résistance de l'armée (ORA).

Dans la nuit du 5 au 6 août 1944, Chaban partit pour l'Angleterre afin de rendre compte au commandement allié des possibilités paramilitaires de la Résistance. Au long des six jours qu'il passa à Londres, il plaida sans succès en faveur d'une intervention rapide des armées alliées en direction de Paris. Après s'être vu confirmer par le général Koenig l'interdiction de déclencher une insurrection sans en avoir reçu l'ordre, et s'être engagé à ramener le COMAC dans la limite de ses attributions d'origine, il fut acheminé vers Saint-Lô par l'US Air Force. Le 16 août, au terme d'un périple épique effectué en grande partie à bicyclette, il parvint à Paris. Pendant deux jours encore, avec Parodi, il parvint à retarder le déclenchement de l'insurrection parisienne. Le 19 août, la décision finit par échapper aux deux hommes. Ce jour-là, en début d'après-midi, Chaban s'empara du quartier des Invalides et y installa son PC. Le 20, avec Léo Hamon et le colonel Ély, sous l'égide du consul général de Suède Raoul Nordling, il négocia une trêve avec les Allemands. Le 22, soucieux comme Alexandre Parodi de préserver l'unité de la Résistance, il cautionna la rupture de la trêve. Le 24 au soir, à la préfecture de police, en compagnie de Parodi, des principaux membres de la Délégation générale ainsi que du nouveau préfet Luizet, il accueillit l'avant-garde de la 2e DB en la personne du capitaine Dronne. Le 25 août en début d'après-midi, au côté du général Leclerc, Chaban reçut la reddition du général von Choltiz ; c'est sur son intercession que Leclerc modifia l'acte de reddition pour que Rol-Tanguy, chef des FFI d'Île-de-France, en soit également le signataire.

Après la libération de Paris, Jacques Chaban-Delmas servit au cabinet du ministre de la Guerre, André Diethelm, tout d'abord pour travailler à l'amalgame des FFI aux forces armées régulières, puis comme chef de la mission de liaison et d'inspection mobile d'organisation de l'armée. En août 1945, il fut nommé secrétaire général du ministère de l'Information. Élu député de la Gironde et maire de Bordeaux en 1946, constamment réélu jusqu'en 1995, il fut plusieurs fois ministre sous la IVe République : ministre des Travaux publics dans le cabinet Mendès France, ministre d'État dans le cabinet Guy Mollet, ministre de la Défense nationale en 1957-1958. Président de l'Assemblée nationale à trois reprises sous la Ve République (1958-1969, 1978-1981 et 1986-1988), Jacques Chaban-Delmas fut Premier ministre de juin 1969 à juillet 1972. Il est décédé le 10 novembre 2000.


SOURCES : Guillaume Piketty, "Chaban-Delmas Jacques (1915-2000)" in dvd-rom La Résistance en Ile-de-France, AERI, 2004.