Voir le recto

Brassard FFI de Haute-Garonne

Légende :

La particularité de ce brassard est qu'il est à coudre directement sur l'uniforme ou la tenue du FFI.

Au verso, photographie de Serge Ravanel, commandant des FFI de la région de Toulouse, arborant le même brassard lors d'un meeting en septembre 1944 (archives privées Serge Ravanel, don à l'AERI).

Genre : Image

Type : Brassard

Source : © Musée de la Résistance nationale, Champigny-sur-Marne Droits réservés

Détails techniques :

Brassard à coudre 117 X 117 mm, tamponné "M.L.N - Secrétariat Général de la Hte Garonne"

Date document : 1944

Lieu : France - Occitanie (Midi-Pyrénées) - Haute-Garonne

Ajouter au bloc-notes

Contexte historique

Dernière étape de l'unification des forces militaires de la Résistance, les Forces françaises de l'intérieur (FFI) sont créées officiellement le 1er février 1944. En fait, il faudra du temps pour les mettre en place. C'est le cas dans la région R4. Serge Ravanel ("Verdun", "Hexagone", "Brotteaux"), le chef régional des CFL, est chargé tardivement de cette mission. Une lettre de Malleret ("Joinville") du 17 mai 1944 fait de lui le "représentant désigné des FFI pour la région de Toulouse, titre (qu'il) cumule avec celui de chef régional CFL". Un peu plus tard, le 6 juin 1944, un télégramme du général Koenig, adressé à "Hexagone", confirme cette nomination. Reste à la faire accepter. Or le chef du CFP, Pommiès, la conteste, sous prétexte que Londres, interrogé, nie toute désignation concernant..."Verdun". Mais c'est une réponse normale, puisque c'est sous le nom d' "Hexagone", autre pseudonyme de Ravanel, que celle-ci a été faite.

La situation est en fait très complexe. La création des FFI suppose, sinon une fusion (comme dans le cas des CFL), tout au moins une bonne coordination entre des groupements qui se sont développés séparément, et qui sont différents pour tout ce qui touche l'action et les objectifs. Il faut surmonter les particularismes, les différences d'orientation et de stratégie, le climat de méfiance ou de rivalité qui a pu exister jusque-là. Ce n'est pas facile quand on sait, par exemple, que les FTPF (Francs-Tireurs et Partisans français) et les CFL combattent pour favoriser une insurrection libératrice et révolutionnaire, alors que l'ORA-CFP ou le CFMN en restent à une conception strictement militaire de l'action. A cela s'ajoutent des oppositions de personnes et des rivalités de pouvoir.

Cependant, petit à petit, les choses avancent. Ainsi que le dit Ravanel, il a fallu "convaincre (plutôt que) de donner des ordres". Aux CFL viennent se joindre, sans trop de difficultés, les FTPF, les guérilleros, le bataillon de l'Armagnac (groupe Parisot du Gers). Avec l'ORA, un "projet d'accord" est conclu le 30 mai par l'intermédiaire du colonel Pfister ("Marie") : il prévoit le respect de "la nature profonde et (de) l'originalité de chacune des organisations". Fin juillet-début août, un accord définitif est signé, mais... Pommiès ne l'accepte pas. Il refuse toute mission autre que militaire et il craint de voir "des hommes CFL ou FTP nommés à la tête du CFP". Ayant l'impression d'être mis devant le fait accompli, il préfère démissionner de son poste de chef régional ORA... sans pour autant rompre les ponts avec le commandement FFI. Les relations n'en restent pas moins difficiles. C'est également le cas avec le Corps franc de la Montagne noire (CFMN). Situé dans la Montagne noire aux limites des régions R4 et R3, celui-ci constitue une force bien équipée mais vulnérable, autonome, et qui refuse "d'appliquer la tactique préconisée de la guérilla". Aux dires de Ravanel c'est la seule formation à avoir vraiment "refusé l'intégration dans les FFI" en R4.

A la veille de la Libération, on peut dire qu'il existe bien une force FFI en R4, notamment en Haute-Garonne. On a évalué à 7 342 le nombre des AS-CFL dans ce département, à 2 730 celui de l'ORA et à seulement 1 484 celui des FTPF. Ce sont des chiffres sans doute partiels, mais des ordres de grandeur tout de même. C'est le chef de l'AS et des CFL, Jean-Pierre Vernant, qui est devenu le chef départemental FFI. Il est en liaisons directes avec le CDL. Il dispose d'un état-major où sont représentés, tout à la fois, les CFL (avec Miailhe ), les FTPF (avec "Le Mineur") et l'ORA (avec le commandant Dubié).

Même constat au niveau régional. Depuis Toulouse, Ravanel est en principe à la tête d'une force totale de 43 648 FFI (dont 15 933 FTPF, concentrés surtout dans le Lot et en Ariège, 14 254 AS-CFL et 9 402 ORA). Dans son état-major on trouve des représentants de l'AS-CFL avec Cartier-Bresson ("Vincent"), des FTP avec Delcamp ("Greno"), de l'ORA avec de Bermond de Vaulx ("Graves"). Des liaisons existent avec le CFP grâce à Sarrazin ("Tavernier"), avec le bataillon de l'Armagnac (groupe Parisot), avec les guérilleros et avec les groupes Veny qui sont présents surtout dans le Lot.

Le bilan n'en reste pas moins nuancé et contrasté. La situation des groupements FFI est trop inégale. L'afflux des volontaires dans les maquis, après le 6 juin, accentue les problèmes de formation, d'encadrement et d'armement. Malgré des demandes incessantes, les moyens envoyés par Londres et Alger restent insuffisants. On soupçonne la Résistance toulousaine d'être trop "indépendante", trop "anarchique", trop "révolutionnaire", et donc on s'en méfie. Quant à la réalité de l'unification ou, plus simplement, de la coordination entre les groupements, elle est encore pour le moins incertaine, si on en croit ce qu'écrit le responsable régional SAP, Henri Guillermin ("Pacha"), dans son courrier du 2 août adressé au BCRA : "Les FFI n'existent que sur le papier. La fusion n'est pas faite, et tout laisse prévoir qu'elle sera longue à réaliser." Il parle même de l'existence de "rancunes et (de) haines locales" qui ne peuvent que retarder le mouvement.


Michel Goubet, "La mise en place des Forces françaises de l'intérieur (FFI)" in CD-ROM La Résistance en Haute-Garonne, AERI, 2008