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Brassard de la brigade des Maures

Légende :

Brassard de la brigade des Maures constituée d'éléments FTP et des MUR

Genre : Image

Type : Brassard

Source : © Collection Maurice Bleicher Droits réservés

Détails techniques :

Brassard en tissu
Dimensions : 72 X 330 mm

Lieu : France - Provence-Alpes-Côte-d'Azur - Var

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Analyse média

Le brassard est constitué de rubans bleu et rouge cousus sur une toile blanche. La fermeture se fait par 3 agrafes. Le sigle FFI y est brodé en bleu. Le brassard est tamponné "Forces Françaises de l'Intérieur - Brigade des Maures" et porte un numéro de matricule.


Fabrice Bourrée

Contexte historique

La région du golfe de Saint-Tropez est un des hauts-lieux de la Résistance provençale, et ce bien avant le 15 août 1944. C'est dans les bois de Sainte-Maxime qu'est né au début de 1943 le maquis des Maures (future 1ère Compagnie FTPF de Provence), l'un des premiers maquis provençaux et probablement la matrice de l'organisation FTPF ultérieure tant il a constitué un véritable réservoir de cadres. Au cours de la même année, la presqu'île de Saint-Tropez a servi de base à une série de liaisons par sous-marin dont l'importance dépasse le cadre régional et encore en 1944, depuis le mois de mars, l'officier François Pelletier est venu y organiser une liaison par vedette. Il est évident que de telles réalisations n'étaient possibles que parce que sur place, s'était constituée une Résistance solidement implantée, pouvant offrir hébergement, protection et auxiliaires.

L'originalité de cette Résistance locale tient au fait qu'elle participe pour l'essentiel d'une seule organisation : le Front National, un Front National qui mérite son nom puisqu'il rassemble des hommes et des femmes d'origine diverse. Pour le caractériser, deux noms s'imposent qui en sont les créateurs et, parmi d'autres, les animateurs, Jean Despas et Augustin Grangeon. Ce Front National est au carrefour de toutes les activités résistantes de la région, implanté dans toutes les localités entre Le Lavandou et Sainte-Maxime.

Vers les mois de février-mars 1944, par association avec les quelques éléments des MUR, il a constitué une organisation militaire autonome : la Brigade des Maures, à dominante FTPF et un comité local de Libération intercantonal. Comme ailleurs, il y a mobilisation au 6 juin. La Brigade des Maures constitue trois maquis dans l'attente de ce débarquement que l'on pense imminent. Comme ailleurs, il faut replier les éléments qui peuvent l'être quelques jours après, mais, avec l'appui des « légaux », les maquisards qui restent, en particulier ceux qui stationnent aux alentours de Cogolin, instituent une sorte de contre-pouvoir résistant jusqu'en août, en se manifestant par de nombreuses actions (embuscades, récupérations, interception de cars, sabotages). Grâce à Pelletier, ils ont obtenu un parachutage d'armes le 13 juillet.

Malgré une répression de plus en plus menaçante - Pelletier, son radio, un officier américain sont arrêtés le 24 juillet et l'un des maquis attaqué le 25 – les groupes de la Brigade des Maures participeront, le 15 août aux combats de la Libération, s'assurant en particulier le contrôle de Cogolin et convaincant les parachutistes égarés près de Saint-Tropez d'attaquer avec eux la localité et sa citadelle. Cette action qui vaudra les félicitations du général Patch le 17 août suscite l'enthousiasme du correspondant de guerre Vaughan Thomas sur les ondes de la BBC le 20 août : « Saint-Tropez était certainement, avant la guerre, la dernière ville où vous vous seriez attendus à trouver courage, résistance et sacrifice de soi. C'était un petit port de pêche, qui était devenu une résidence luxueuse pour les gens riches, avec ses hôtels et ses petits casinos tapis dans les pins maritimes le long du golfe aux eaux bleues de nuit de Saint-Tropez. Mais les Allemands sont venus : les millionnaires sont partis et Saint-Tropez a changé d'âme. Secrètement, sous le nez même des Allemands, la population s'organisa. Elle avait pour chef un jeune architecte, un homme véritablement né pour commander. Cet après-midi. il était le roi sans couronne de Saint-Tropez. »


Extrait de Jean-Marie Guillon, "La place de la Résistance dans la Libération" in Provence Historique, fascicule 144, 1986