Plaque rappelant les combats du 21 août 1944, Alès (Gard)

Légende :

Plaque commémorant l’un des accrochages opposant FFI et Allemands lors de la libération de la ville le 21 août 1944.
Situation : Quai Carnot, square Jacques Taulelle

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Source : © Mémoire et Résistance dans le Gard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Date document : 2016

Lieu : France - Occitanie (Languedoc-Roussillon) - Gard - Alès

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Contexte historique

A la date du 28 août 1944 le Gard est entièrement libéré. Les analyses sur les conditions de cette libération ont fait souvent l'objet de contestations, de polémiques, d'interprétations divergentes : pour les uns, les Forces françaises de l'intérieur (FFI) ont été certes nombreux mais militairement peu efficaces, la libération est donc avant tout due aux forces militaires alliées ; pour d'autres, les actions de harcèlement de la résistance sous toutes ses formes, de plus en plus nombreuses et efficaces, ont largement contribué à sa libération. Mais peut-on raisonner ici en termes de guerre classique ? Ce serait méconnaître l'apport essentiel de la Résistance qui ne peut se situer exclusivement sur le strict plan d'opérations militaires. En effet, deux exemples, choisis parmi de nombreux autres, démontrent le rôle important de la Résistance :

Le combat de Portes du 7 juillet 1944 : attaque d'un groupe de Francs-tireurs et partisans français (FTPF) contre un convoi allemand où quatre résistants ont été tués et deux véhicules détruits, n'est dérisoire qu'en apparence puisque les Allemands ne sont jamais revenus dans ce secteur.
et le contrôle exclusif des maquis sur le Haut-Gard au moment du débarquement en Provence.

Les combats, plus que des batailles, ont été souvent brefs mais meurtriers ; les FFI ont tenté le plus souvent de neutraliser les éléments en retraite de la Wehrmacht. Ce repli a permis aux villes de se libérer dans des conditions si particulières qu'elles donnent lieu à des interprétations, là encore, contradictoires et donc à des polémiques. C'est bien le cas en ce qui concerne les deux plus importantes villes du département : Alès et Nîmes.

La libération d'Alès
le 21 août : Alès est libérée ainsi que toute la Cévenne non sans que des interprétations divergentes ne se soient manifestées au sujet des conditions de cette libération. Il est vrai que les difficultés d'unification des différentes forces résistantes n'ont pas manqué : Michel Bruguier "Audibert", désigné comme commandant départemental des FFI, déplore dans une lettre adressée le 21 juillet à Rascalon et Marceau :
"la volonté d'ignorer le commandant FFI...ailleurs (déjà) j'avais assisté à de vastes entreprises en vue d'encadrer la Résistance et de la neutraliser, d'étouffer le sens révolutionnaire et la volonté de rénovation qui animent nos militants..."

Le dispositif arrêté par l'état-major FFI était le suivant
:
A la suite du débarquement sur les côtes de Provence, les troupes FFI (et celles de l'Inter G dont dépendent les FTPF) doivent se porter près des passages obligés sur le Gardon et autour d'Alès que les Allemands occupent encore solidement. C'est ainsi que les effectifs FTP sont répartis de la façon suivante :
le Camp n°4 "maquis du Serre" et le maquis de Roquedur doivent se poster à Lédignan ;
un détachement de la Main d'oeuvre immigrée (MOI) (des Espagnols) à la Madeleine-Tornac ; la 7205ème Compagnie "Toro" et 7207ème Cie à Moussac et vers Euzet-les-Bains ;
la 7206ème Cie autour de Saint-Ambroix (pour protéger Alès et son bassin houiller au Nord et Nord-Est) ;
les 7202ème et 7203ème companies ont pour objectif de s'emparer d'Alès puis d' aller prêter main forte aux MOI (des Arméniens) envoyés vers La Calmette (sur la route de Nîmes) et de participer ensuite à la libération et à la défense de Nïmes avec l'aide des groupes de "légaux" nîmois.

De leur côté, les CFL sont chargés de la protection rapprochée d'Alès :
la 32ème compagnie doit se porter à St-Christol-les-Alès puis à St-Just-et-Vacquières,
la 33ème Cie près de Pont d'Auzon.
Les autres compagnies doivent servir de "réserves" et appuyer les FFI en action comme à la Madeleine.
Quant à l'ORA, Corps-franc des Ardennes, son champ d'action est logiquement fixé au secteur rhodanien ou environnant compte tenu de la localisation de ses forces. Après deux coups de main réussis les 15 et 16 août, le décrochage est décidé pour Vallonnière (une quarantaine de kilomètres plus au Nord) à cause de la proximité de la zone de stationnement de la 11e Panzer.
Entre le 20 et le 28 août des accrochages se produisent entre maquisards et Troupes d'occupation (TO) ; l'aviation alliée intervient entre le 25 et le 28 (La Madeleine, Salinelles, Saint-Just, Dions, entre Nîmes et le Pont Saint-Nicolas (non loin d'Uzès),...
Par ailleurs, la 11ème Panzerdivision, partie de Toulouse, a dû se replier assez rapidement (par crainte de l'encerclement) mais non sans mal en raison du harcèlement des forces de la résistance et des attaques aériennes alliées : en tout cas ce repli permet aux villes de se libérer ou -selon certaines interprétations- d'être évacuées par les TO et de ce fait libérées. A ce sujet les polémiques n'ont pas manqué, alimentées par des publications aussi tardives qu'infondées du simple point de vue historique.

De fait, les premiers éléments des compagnies des Corps francs de la Libération (CFL) en place dans les environs font mouvement à partir du 20 août vers la ville où elles pénètrent dans la matinée du 21 tandis que les groupes FTPF venus de Basse-Lozère placent des barrages aux carrefours importants et aux abords de la ville. C'est là d'ailleurs que les principaux accrochages se sont déroulés : au Sud de Saint-Christol-les-Alès (où un petit groupe FTP attaque un petit convoi ennemi) sur la route de Montpellier, avec un autre accrochage à Alès même, avenue Carnot, près de l'usine à gaz où un autre groupe FTP mitraille quelques véhicules allemands mais doit décrocher, en raison d'un équipement insuffisant et perd trois combattants tandis que plusieurs Allemands sont tués ou blessés.

Cette pénétration des forces résistantes, CFL d'abord et FTPF ensuite, permet aux nouvelles autorités de se mettre en place tandis que le chef départemental FFI, Michel Bruguier dit "commandant Audibert" s'installe dans la ville avec son état-major. Certes, par la suite, il y a eu débat pour savoir qui s'est fait remettre en premier les clés de la mairie d'Alès, A. Bruguerolle et M. Cassagne envoyés en éclaireurs par "Audibert", (ils obtiennent les clés d'un certain Champeyrache, ultime représentant de la "délégation spéciale") ou Roland Peras (du Front National) qui les reçoit à 11 heures des mains de Rocheblave, adjoint au maire, comme l'indique A.Vielzeuf dans le tome 1 de Quand le Gard résistait...
A la limite, on pourrait penser que cela n'a qu'une importance limitée. Pourtant cet épisode a donné lieu à quelques polémiques (*) ; quoiqu'il en soit, les nouvelles autorités locales mises en place témoignent de l'influence acquise depuis longtemps dans cette région ouvrière par le parti communiste et renforcée par l'action résistante : le communiste Gaston Ribot est désigné comme président du Comité local de libération (CLL) (et futur maire d'Alès) et J.D. Gregogna est nommé par Bruguier commandant militaire de la garnison d'Alès.

* Interrogé par nos soins, Aimé Vielzeuf (lettre du 17 janvier 2001) donne une réponse que l'on peut qualifier de sage et nuancée.


Claude Emerique in CD-ROM La Résistance dans le Gard, AERI, 2009