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Robert et Gaston Halewyck

Légende :

Recto : Portrait de Robert Halewyck
Verso : Portrait de son père Gaston Halewyck

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Collection Bertrand Halewyck Droits réservés

Détails techniques :

Photographies analogiques en noir et blanc

Date document : sans date

Lieu : France - Ile-de-France

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Contexte historique

Robert Halewyck est né le 25 janvier 1924 à Issy-les-Moulineaux. Son père, Gaston, né le 5 juin 1895 à Ostende, est un ancien combattant de la Première Guerre mondiale. Quand Robert découvre que ses sœurs, plus âgées, font parties d'un réseau de résistance, il fait tout pour y être intégré. Il réussit à se faire admettre malgré son jeune âge, et il rentre en 1940, à l’âge de 16 ans, dans la Résistance, tout en poursuivant ses études en seconde puis en première classique avant de poursuivre ses études en philosophies-lettres.

En 1941, la Résistance cherche à s'organiser. Robert tente avec des amis de prendre des contacts, effectue de la propagande, distribues des tracts et des journaux clandestins et notamment le journal Résistance. Il fait des recherches pour trouver des camarades favorables à la résistance, et fiables, et se met en contact avec le mouvement Résistance. Il forme clandestinement un petit groupe avec des élèves et des connaissances de l'école Chauvot. Robert rencontre le colonel Jacques Ogé, un architecte en chef, employé à la ville de Paris, à l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, située en face du Louvre et à proximité de la mairie du Ier arrondissement (Il n'a pas été possible de connaitre la raisons de cet entretien, ni ce qui en a découlé).

Puis Robert intègre le réseau Jean Marie du SOE. Le recrutement s'intensifie et l'effectif du groupe Halewyck passe à environ cent cinquante hommes. Le groupe Halewyck est divisé en trois sous parties, il y a d'abord le corps principal appelé B.A.P dirigé par Robert et son père, puis une section et un groupe. Dans la section, il y a Michel, fusillé à l'Isle Adam, Gabriel, et trois sous-groupes, avec Philippe, Olivier, Raymond, Pierre, Christian, Marcel, Léo, Guy, Pierre. Robert participe à toutes les opérations que lui confient ses chefs. Toujours prêt, il se donne à fond dans ses missions. Officier du SOE Britannique, en avril 1943, Robert prend le pseudonyme de GUICHARD Joseph. Il effectue des sabotages contre des camions ennemis, pneus crevés, câbles de freins coupés, sucre dans les réservoirs ...

En juillet 1943, Robert est chargé de récupérer et transporter des armes de Versailles à Paris. Un message personnel est transmis par l'intermédiaire de la BBC, à 13 heures. Il faut à ce moment-là, s'attendre à un parachutage dans la nuit qui vient. Ce même message est rediffusé à 17 heures puis une dernière fois à 21 heures. Dans la nuit du 11 au 12 juillet 1943, vers 21 heures, le message passé sur la radio de Londres, la BBC, est entendu, il s'agit de « Les enfants siamois sont séparés » ce qui annonce un parachutage imminent près de la Haute Jaunière, propriété de la famille Halewyck, à l'orée ouest de la forêt des Yvelines, lieu idéal pour dissimuler l'équipe de ramassage et pour dissimuler rapidement les containers avant leur transport. Le terrain de parachutage est compris dans un rectangle faisant 400 mètres de long par 300 de large au minimum. Le lieu est propice, il n'est pas trop accidenté ni trop broussailleux. Dès lors, Robert, avec son groupe, parcourt les soixante kilomètres qui séparent Paris de Adainville afin de se rendre sur le lieu de parachutage et arrivé à 1 heure du matin, à l'aide de simples lampes de poche, des signaux sont envoyés au pilote de l'avion qui tourne depuis un bon moment dans le ciel très noir. Un coup en avant, trois en arrière. Le parachutage est alors très rapide, et une importante cargaison d'armes, de munitions et de matériels placés dans quinze containers est effectué, soit un total de trois tonnes. Dans ces containers, il y a du plastic, des détonateurs, des mèches lentes, des pinces spéciales type 6, permettant le sertissage des détonateurs, des pinces universelles pour ligaturer avec du fil de fer les charges explosives. On y trouve également des fusées employés pour l'allumage des mèches lentes, des crèves pneus mécanique en forme d'étoile, des pansements, mais surtout des grenades n°36 ou Mills qui en éclatant, se brise en de nombreux petits morceaux, chacun desquels est meurtrier à une distance de vingt mètres. On trouve enfin, des Sten Mark II, des armes automatiques tirant soit en rafales soit au coup par coup, livré avec cinq chargeurs et trois cent cartouches, des cartouches de 9 mm parabellum, de la vaseline permettant de protéger le matériel contre la corrosion où alors en le mélangeant avec du plastic afin de le rendre plus malléable et des charges explosives préparées pour les sabotages des rails.

Arrivés au sol, les containers sont récupérés et entreposés dans des caches souterraines préparées à l'avance dans la forêt et tout disparaît rapidement comme si de rien n'était. Puis le groupe de résistant regagne Paris le plus discrètement possible. Robert devient chef d'un réseau important et donne un magnifique exemple de courage, de sang-froid et d'organisation. Il commande et participe à de périlleuses attaques contre des postes allemands. Avec ses hommes, il prend par surprise, un poste de repérage contre parachutistes en forêt de Rambouillet. Les sabotages sont repris, facilités par les nouveaux dispositifs qui notamment, évitent le déplacement des rails, qui est un travail délicat et pénible. Auparavant, les résistants doivent procéder au détirefonage complet d'un rail, partiel ainsi que le déséclissage et le ripage pour détruire le parallélisme En novembre 1943, Robert participe très activement aux deux attentats de déraillement du train sur la ligne Paris-Granville et Paris Nantes au niveau de Maulette, situé au bord de la Vesgre, en virage et en tranchée, à côté du pont près de la route qui va sur Mantes. Mais là, mon oncle Philippe et Robert sont ceux qui manipulent les charges de plastic et sont déjà très avertis de comment manipuler cela. Il faut que ça saute quand la locomotive est passée, pour, si possible, sauver le chauffeur et le mécanicien, qui sont des Français. Les attentats ont lieu la nuit. Il est interdit de circuler après 8H ou 9H du soir. Ces trains transportent du matériel allemand. Cela cause généralement 24 à 48 heures d'arrêt de la circulation sur la voie.

Robert s'engage également le 18 novembre 1943 contre une section d'infanterie allemande. Huit Allemands sont abattus, les mitrailleuses crachent leurs balles qui sifflent de part et d'autre du groupe. Des grenades allemandes sont lancées dans leur direction et touchent certains résistants dont Robert, blessé lui-même, par un éclat de grenade au niveau de la face interne du genou gauche, mais il réussit a rejoindre son PC, avec tous ses hommes. Les interventions se multiplient, les dangers aussi, avec entre autre, un engagement sévère avec la prise de deux camions ennemis dans la forêt de l'Isle Adam, qui est un massif forestier de 1548 hectares situé dans le Val-d'Oise, à 25 km au nord de Paris. L'étau se resserre autour de l'équipe, certains camarades sont tués, d'autres blessés, mais le danger vient également des trahisons. Sur dénonciation, les Halewyck sont arrêtés par l'équipe de Masuy, à leur domicile, au 37 rue vital pour Geneviève, Christiane et Colette, non sans avoir fait disparaître en quelques minutes tous les documents compromettants, adresses, journal, noms, alors que les Allemands sont encore à la porte. Un résistant, Bernard Laurent, qui se rend rue vital, et qui rentre dans l'immeuble de sept étages, voit mes deux tantes et ma grand-mère arrêtés et emmenés par la police allemande à titre d'otages dans une voiture qui est stationné devant l'immeuble. Bernard se rends alors chez Hubert pour lui relater les faits. Au même moment, Gaston qui est revenu de Belgique le 24 novembre 1943, où il s'était rendu pour affaire familiale, est arrêté au travail, Robert au collège, le lendemain. Les armes qu'ils ont cachées sont découvertes. Ils sont emmenés chez Masuy au 101 de l'avenue Henri Martin.

Philippe apprend l'arrestation de Robert, de ses parents et ses sœurs par un appel téléphonique, probablement de Guy Bouffé, mais ne peux rien faire. Dès lors, Philippe quitte immédiatement la région et se rend dans la Creuse. Pendant ce temps-là, les résistants se rendent alors à nouveau dans la forêt pour récupérer dans leurs caches souterraine, des grenades, du plastic, des crayons, des retardateurs ainsi que des armes et des munitions, mais il est trop tard, ils ne peuvent pas le délivrer. Gaston, durement interrogé, garde un mutisme absolu. Il est transféré à la prison de Fresnes le 25 novembre 1943. Après trois semaines de détention, et de sévices les plus atroces commis par Masuy, Geneviève, Christiane et Colette quant à elles, sont relaxées sans être inquiétées par la suite. Au bout de deux jours, Robert qui est torturé constamment et condamné à mort, s'évade du siège de la Gestapo le 28 novembre en forçant le placard dans lequel il est enfermé, en chaussettes, avec un pantalon et une ceinture. Il arrache un clou qui se trouve au mur, afin de crocheter la serrure. Entrebâillant la porte du bureau, il attend que le soldat qui fait les cent pas dans le couloir lui tourne le dos afin de pouvoir s'engouffrer dans la pièce qui se trouve juste en face. Puis il sort de cette même pièce en ouvrant la fenêtre, saute par la fenêtre et traverse la pelouse qui sépare l'immeuble de la grille d'entrée qui est ouverte et qui donne sur l'avenue Henri Martin. Personne de la famille ne le revoit, car Robert, qui se sait « grillé », ses planques, ses adresses, étant connues des services de police, doit changer de ville, prendre le maquis ou quitter la France comme de très nombreux résistants, en allant sur Londres ou encore Alger. Il se rend tout d'abord en Dordogne puis décide de quitter la France et tente alors de passer la frontière espagnole en passant par les Pyrénées pour se rendre en Algérie.

Arrêté à nouveau le 29 novembre 1943, il s'évade, repris à nouveau le 9 décembre où il se retrouve interné à Biarritz du 9 décembre au 17 décembre, puis à Mont de Marsan le 17 décembre 1943. Un résistant de son groupe, Gérard Bouffé, risque alors sa vie en se rendant à la prison de Mont de Marsan, sous un déguisement afin de préparer l'évasion de Robert. En même temps, il prend les contacts nécessaires pour le faire prendre en charge par des résistants au cas où celle-ci réussirait et le faire transporter ensuite hors d'atteinte de l'ennemi. Gérard réussit à lui faire passer plusieurs messages dans cette prison avec la complicité d'un gardien français. Gérard paye en outre largement le restaurant chargé par les Allemands d'assurer la nourriture des prisonniers permettant ainsi à tous les détenus résistants, de bénéficier d'une nourriture dont la consistance est supérieure à l'ordinaire des prisons allemandes. Robert reste dans cette prison jusqu'au 8 janvier 1944, puis il est transféré à Bayonne du 8 janvier 1944 jusqu'au 9 janvier 1944. Mais Robert finit au fort du Hâ le 9 janvier 1944 jusqu'au 17 janvier 1944. Les Allemands utilisent ce fort comme prison politique pour y enfermer les opposants et les résistants mais il s'agit d'un lieu d'où l'on ne s'évade pas. Où tout du moins difficilement. Certains sont déportés vers les camps de concentrations, d'autres sont fusillés au camp de Souge, situé sur la commune de Martignas-sur-Jalle. C'est le lieu d'exécution de centaines de résistants de la région bordelaise.

Le 17 janvier 1944, Robert est transféré au camp de Royallieu à Compiègne. Arrivé le 18 janvier 1944, il y retrouve son père, arrivé le 10 janvier en provenance de la prison de Fresnes. Les retrouvailles sont émouvantes, mais de courte durée. Robert et Gaston font partie du convoi numéro 173 du 27 janvier 1944, soit huit jours après l’arrivée de Robert. La majorité des prisonniers sont arrêtés quatre mois avant leur déportation. Il s’agit pour la plupart de maquisards et de résistants. Les arrestations les plus importantes correspondent à des démantèlements nombreux de groupe de résistants dans toute la France. Le convoi du 27 janvier 1944 est le troisième convoi de l’année 1944 à prendre la direction de Buchenwald. Il transporte 1583 hommes dont 1415 français. Il y a également des étrangers, Belges, Espagnols et Polonais mais ne présentent pas de caractéristiques particulières. Les matricules vont du numéro 43470 à 45048. Robert a le 44177 et Gaston le 44176. Le 26 janvier 1944, dans la journée, après une fouille minutieuse effectuée par les Allemands, les détenus sont mis dans un bâtiment spécial et y passent la nuit. Le lendemain matin, le départ se fait vers 8h00. Il pleut. Les détenus sont dirigés vers la gare de Compiègne. Le trajet jusqu'à la gare se fait avec un SS posté de chaque côté du convoi, tous les deux mètres environ. Arrivé à la gare, les Allemands poussent les prisonniers dans des wagons a bestiaux. Certains sont assis, d’autres restent debout. Les portes coulissantes des wagons sont refermées, les loqueteaux s'abaissent, le long voyage vers la dépersonnalisation, la déshumanisation ou la mort commence. Le convoi s'ébranle vers midi. Le trajet est marqué par des évasions. Lorsque les SS s'aperçoivent d'une évasion, le train est immédiatement stoppé, la chasse engagée à la recherche des évadés. S'évader, s'évader à tout prix de ce cloaque. Gaston n’ose pas tenter l’évasion et Robert tient alors à rester avec son père. Échapper à cet enfer et à cette destination est le rêve de beaucoup. Certains y parviennent, d'autres pas. Certains sont arrêtés dans leur tentative par des occupants du wagon, qui redoute les représailles. Ils les font se déshabiller entièrement. Puis ils choisissent au hasard des prisonniers, les font descendre et les fusillent à titre de représailles pour toutes évasions. Puis on les remet tous dans un wagon métallique, nus, sans couverture ni paille. Les occupants sont transis.

Ils arrivent deux jours plus tard, le 29 janvier 1944, tard dans la nuit au camp de concentration de Buchenwald. Robert et Gaston descendent du wagon avec leurs camarades de galère. Les SS y pénètrent afin de le vider plus rapidement à coup de "goumi". Au fur et à mesure qu'ils sortent, on les aligne en rangs par cinq. Ils sont en chaussettes, dans la boue, avec pour seul baluchon ce qu'ils ont pu saisir à la hâte avant la descente. Au bout de mille cinq cent mètres environ, ils arrivent devant une grande porte en fer forgé, flanquée de chaque côté, de deux petits corps de garde. La porte franchie, ils se retrouvent dans un large espace découvert. Robert et Gaston sont dirigé vers une petite chambre, ou un soi-disant médecin en blouse blanche demande si ils sont malades. On les fait traverser une cour froide, pour se rendre devant le coiffeur. Là, on les tond. Au bas d'un escalier, un type leur donne, suivant leur ordre de passage, un bout de toile sur lequel est inscrit leur numéro. Ils deviennent un matricule. Robert est le 44177. Son matricule est inscrit sur sa chemise. Gaston est le 44176. Puis on les dirige dans un bureau immense, ils font la queue devant des guichets. A l'un, ils donnent leur nom, à l'autre, leur numéro. Ils arrivent ainsi devant une secrétaire qui tape à la machine et demande de nombreux renseignements, à savoir le nom, le prénom, la date et lieu de naissance, l'adresse, la profession, ainsi que le nom, le prénom, des parents, l'adresse actuelle des parents, de l'épouse, si il y a des enfants, des frères, des sœurs, et les motifs de l'arrestation. Un jour de gagné, un jour de plus à lutter contre le désespoir et l'horreur quotidienne. Son compagnon de châlit, atteint du typhus, râle et la fièvre le consume peu à peu, Paris parait si loin.....

"Joyeux anniversaire"! repris en chœur, des bougies allumées, un gâteau sur la table, la présence chaleureuse d'une famille réunie. Que rêver de plus quand on fête ses 20 ans?...Et puis, d'un seul coup, comme un mirage qui se dissipe, l'image disparait, et il ne reste plus que le froid, les toux rauquent des camarades. Robert a 20 ans et il ne les fête pas.

Robert et Gaston sont inscrits sur une liste comme mécanicien pour travailler sur les fusées V2 dans les souterrains. Robert, qui a fait la connaissance à Compiègne de frère Birin, de son vrai nom Alfred Untereiner, né le 24 juin 1906 à Veckersviller en Moselle, matricule 43652, le retrouve et ils font un bout de chemin ensemble dans ce camp de concentration. Le 13 mars 1944, après avoir passé une bonne partie de la nuit sur la place d'appel, sous une pluie glaciale, Robert et Gaston quittent Buchenwald et embarquent avec d'autres prisonniers dont frère Birin dans des wagons à bestiaux pour Dora. Ils sont mouillés, n'ont rien mangé depuis 24 heures. Il fait froid, ils ont terriblement froid. Le givre est présent sur les bords de la lucarne et le vent et le froid les pénètrent jusqu'aux os. ils sont transférés et tard dans la soirée arrivent à Dora. Robert et ses camarades sont attendus par les SS à la descente des wagons. Un chemin entouré d'ornières pleines d'eau les conduit jusqu'à l'entrée du camp. Le parcours se fait au pas de courses, devant eux, s'étend le fameux massif boisé du "Hartz". Après avoir contourné le camp, ils les font stationner un long moment devant la porte d'entrée, très près des logements SS. Ils découvrent une ceinture de barbelés, comme à Buchenwald, des miradors et des pancartes portant la tête de mort indiquant « gefahren zone - zone interdite », c'est à dire "défense absolue d'approcher sous peine de mort".

Au début d'avril 1945, les nazis commencent à évacuer les prisonniers de Dora-Mittelbau. En quelques jours, la plupart des prisonniers restants sont envoyés à Bergen-Belsen, situé en Allemagne septentrionale. Des milliers d'entre eux sont tués pendant les marches de la mort qui se déroulent dans des conditions épouvantables. Lorsque l'armée américaine libère Dora-Mittelbau en avril 1945, il ne reste qu'un petit nombre de prisonniers dans le camp. Gaston et Robert sont séparés, l’évacuation de Dora est entreprise les 5 et 6 avril 1945. Gaston qui se trouve depuis le 13 mars 1945 à Dora, quitte ce camp en compagnie de nombreux camarades pour le camp de Ravensbruck. Gaston part en convoi le 5 avril 1945 pour une destination qu'il ne connait pas encore. Le 6 avril 1945, Robert, n'ayant plus rien qui le retient, s'évade, au cours du transport d'évacuation du camp après Malchow, un quartier au nord Est de Berlin, faisant partie de l'arrondissement de Lichtenberg au détour d'une route en forêt et malgré ses blessures, arrive à rejoindre les forces russes, dans les rangs desquelles il participe en montant à l'assaut du Parchim, une ville allemande située dans le Mecklembourg en Poméranie-Occidentale au nord de Magdeburg avec l'infanterie le 2 mai 1945. Robert termine la guerre, et, surprise, le jour de l'armistice, il est arrêté par les mêmes Russes dont il partageait hier, les combats. Les Russes veulent en effet, à cette période, emmener chez eux tous les spécialistes ayant travaillé à la fabrication des fusées V2 en Allemagne, ce qui était son cas à Dora. Il s'évade à l'arrivée en Russie puis est repris. Il s'évade à nouveau et rentre à pied en Allemagne de l'ouest, où il trouve les forces américaines.

Le 23 mai 1945, Robert est rapatrié et rentre à Paris, sans avoir revu son père, ayant perdu environ soixante pour cent de sa masse musculaire et ne pesant que 30 kilos, la peau sur les os, sa santé définitivement compromise, mais toujours persuadé qu'il a fait son devoir. Fin mai 1945, en se rendant chez sa mère Colette, Hubert Pieyre voit Robert en tenue de déporté, portant des vêtements rayés bleu et blanc, et il lui raconte ce qu'il s’est passé depuis son arrestation. Robert apprend qu'il est le seul rescapé des déportés du groupe Halewyck. Son père est décédé à Ravensbrück le 16 avril 1945. Guy Bouffé est mort en déportation le 9 octobre 1944 à Brême. Philippe Nicot et Bernard Laurent, entre autres, sont morts dans les camps. Certains sont morts fusillés au Mont Valérien. Robert apprend également, que le reste des membres du groupe a accompli de nombreuses missions, et que l'un d'eux est décédé, fusillé en forêt de l'Isle Adam en août 1944.

Dès 1946, conformément à l'engagement qu'il avait pris auprès de ces camarades morts dans les camps, frère Birin publie son témoignage sur ce que fut la déportation à Buchenwald-Dora, 16 mois de bagne à Buchenwald-Dora. Il dédicace à Robert ce livre avec ce mot « ton compagnon et frère de misère, avec toute mon affection ». Malgré tout, Robert se remet dans ses études à l'école Chauvot et le directeur de l'établissement mettra dans son cahier de correspondance : « Elève intelligent, consciencieux, et énergique malgré une longue interruption dans ses études, a repris en retard la préparation de ses cours et a fait preuve d'une maturité d'esprit qui doit lui assurer le succès ».

Robert a eu de nombreuses distinctions et décorations, suite à cette guerre terrible, qui l'a profondément marqué et dont il a gardé des séquelles à tout jamais :
- Médaille de la Résistance
- Médaille des déportés résistants
- Médaille des évadés
- Médailles des blessés
- Médaille de la France libérée
- Croix de guerre avec étoile de bronze
- Croix du combattant
- Croix du combattant volontaire
- Croix du combattant volontaire de la Résistance
- Croix d’officier de l’association Franco-Britannique

A 23 ans, il est décoré de la croix de chevalier de la légion d'honneur et de la croix de guerre avec palme ; la citation dont il fut l'objet et qui émane directement du général de Gaulle est le témoignage de son héroïsme.

La mention" Mort pour la France" lui est attribuée en octobre 2005. J'ai réussi à lui obtenir, ayant voulu honorer sa mémoire, et son père l'ayant eu, il méritait de l'avoir également. Un dossier des plus complets, a été monté et l'étude de son dossier par les plus hautes administrations, a fait apparaître que les circonstances dans lesquelles il est décédé (des suites de ses blessures de guerre et des infirmités toutes contractées en déportation) sont conformes aux dispositions de l'article L486-alinéa 8, du code des pensions d'invalidité. Par la suite, il a été inscrit sur le monument aux morts de Meyzieu (69), Ses sœurs, Geneviève et Christiane seront décorés de la médaille de la Résistance et de la croix de guerre avec palme pour faits de résistance. 


Bertrand Halewyck, d'après les archives familiales