Mémorial du maquis d'Aire-de-Côte Saumane (Gard)

Légende :

Inauguré le 21 août 1999 par les anciens du maquis d'Aire-de-Côte, un Mémorial porte les noms des morts d'Aire-de-Côte. C'est d'autre part à Saumane que fut créé le Maquis d'Aire-de-Côte avec l'aide matérielle de son maire Fernand BORGNE : arrêté et déporté il mourut peu après après son retour des camps.

Genre : Image

Source : © Mémoire et Résistance dans le Gard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : France - Occitanie (Languedoc-Roussillon) - Gard - Saumane

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Contexte historique

La montagne cévenole -traditionnel refuge pour des réfugiés de toute nature- a accueilli des républicains espagnols dès 1939, puis des réfugiés allemands antifascistes, des déserteurs de la Wehrmacht, des Juifs, installés ici ou là dans des fermes amies. Mais c'est le Service du travail obligaoire (STO) qui a provoqué un véritable engagement communautaire : désormais, comme l'a bien souligné H.R. Kedward dans son remarquable ouvrage A la recherche du Maquis, toutes les structures et modes d'action de la Résistance sont concernées.

Il est significatif que le pasteur Gillier de Mandagout commence son action par la fabrication de fausses cartes d'identité en en donnant une description détaillée. René Rascalon, artisan plombier de Nîmes, qui avait déjà caché quatre réfractaires chez lui, crée, ce qu'on appelle d'abord une "pouponnière", un "réduit" dans son "mazet" du quartier de l'Eau Bouillie, puis le 1er mars 1943 au Mas Rouquette dans les environs de Nîmes : c'est qu'une instruction du 22 août 1942 donne pouvoir aux Allemands (alors que la zone Sud est théoriquement zone non occupée) de procéder directement au regroupement de la main-d'oeuvre dans les pays occupés, en particulier de spécialistes.
Par prudence et sur ordre de A. Thomas, responsable départemental de l'AS (mouvement Combat auquel il est adhérent), Rascalon part pour les Cévennes près de Saint-André-de-Valborgne, à la ferme du Barrel dont le propriétaire, Fernand Borgne, maire de Saumane, est un ami. Les réfractaires sont alors au nombre de huit.
Mais début avril 1943, les hommes (une vingtaine désormais) doivent gagner un nouveau refuge, "la Baraque du Bidil", dite aussi "l'Isba", à mille mètres d'altitude, à mi-chemin du sommet de l'Aigoual et de la maison forestière d'Aire-de-Côte (située à 1200 mètres d'altitude en Lozère mais à 2 km du Gard) qu'ils rejoindront le 12 mai 1943. Pour des raisons de sécurité, le groupe du Bidil s'est plus ou moins fractionné : c'est que des "incontrôlés", comme les appelle Vielzeuf, viennent s'ajouter aux réfractaires dont le nombre ne cesse de croître (au moins une centaine), entraînés par Jean Castan.

Les conditions de vie sont naturellement difficiles : l'altitude, l'isolement, le froid, le manque de nourriture et de tabac, l'inaction....plus la trahison : celle d'un Belge, Paulus, soi-disant maquisard mais en réalité informateur des Allemands.
Le groupe pressentant le danger, décide de se replier en direction du col de l'Asclier mais, trop tard, dans la nuit du 1er au 2 juillet 1943, l'attaque allemande met fin à l'existence du premier maquis gardois.
Le bilan humain est lourd : 7 tués, 15 blessés, 43 prisonniers (selon les indications de différents auteurs), tous déportés, 20 seulement sont revenus des camps de la mort.
Les rescapés rejoignent alors le maquis de Lasalle qui s'est organisé en avril 1943 tandis qu'un nouveau groupe se forme à Ardaillers. Mais Aimé Vielzeuf peut faire la constatation qu'à ce stade, réfractaires et maquisards, sont décidément vulnérables car ils sont sans armes et n'ont pas de fonction militaire précise.


Claude Emerique in CD-ROM La Résistance dans le Gard, AERI, 2009