Château de Chamarges à Die incendié par les Allemands le 22 juillet 1944

Légende :

Avait été une annexe de l'hôpital de Die et le PC de Reynaud Pierre (« Alain »).

Genre : Image

Type : Photo

Producteur : Inconnu

Source : © Collection Robert Serre Droits réservés

Détails techniques :

Photographie argentique noir et blanc.

Date document : Sans date

Lieu : France - Auvergne-Rhône-Alpes (Rhône-Alpes) - Drôme - Die

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Contexte historique

Le 21 juillet, vers 8 h 25, le passage d’avions allemands qui se dirigent vers le Vercors remorquant chacun un planeur crée un court instant d’illusion chez tous ceux qui les voient passer au-dessus de Die. Le ciel est gris et le plafond est bas. Un peu plus tard, on voit des nuages de fumée noire s’élevant au-dessus du Vercors. La grande attaque aérienne est lancée, doublée de l’assaut terrestre du massif de tous côtés. Dans la vallée de la Drôme, les Allemands progressent maintenant sans difficulté, Pontaix n’ayant pas joué son rôle.

La réunion tenue au café de Paris, entre le lieutenant Giry, le commandant Legrand et divers responsables, a décidé qu’il ne fallait pas qu’il y ait de combats à Die pour éviter la destruction de la ville et une hécatombe parmi la population. Dans la soirée, le CDL (Comité départemental de Libération), l’administration de la Résistance, de Saint-Prix, le sous-préfet Pissère, Follet et son service d’intendance, les autorités de la ville évacuent sous la pluie Die investie de toutes parts par les forces allemandes, et se dirigent vers le plateau de Justin. César Olivier, percepteur de Die, cache dans une lessiveuse les 8,3 millions de francs restant dans sa caisse. Les gendarmes de Die vont coucher dans des fermes ou des bois de la rive gauche.
Vers 21 h, sous une pluie battante, de Lassus (« Legrand ») descend à Die, il trouve la ville évacuée. Vers 22 h 30, il passe à l’hôpital de Die et y rencontre le docteur Rigal qui n’a pas été prévenu de l’abandon de la ville. Il ordonne l’évacuation de l’hôpital. Rigal, aidé des sœurs, emmène pendant la nuit les malades transportables. Quelques blessés intransportables demeurent à l’hôpital ou, comme le docteur Lehman, sont cachés dans un quartier de Die.
L’annexe de l’hôpital au château de Chamarges doit également évacuer sur ordre du docteur Rigal, très en colère. À 23 h 45, les blessés et le personnel apprennent qu’il n’y a pas de camions pour leur transport : les 26 blessés partent à pied sous une pluie battante vers Romeyer.
Voyant l’encerclement du Vercors par les forces allemandes et n’ayant pas reçu les renforts attendus en raison de la pluie qui paralysait les gazogènes et des attaques incessantes de l’aviation ennemie, Pierre Reynaud (« Alain ») et son état-major partent de l’hôtel de Salières vers 22 h 30 et vont prendre la seule route ouverte vers le sud, à Pont-de-Quart, en abandonnant sur place armes, munitions, papiers, archives, que dans la nuit, madame Veyer et les Rolland brûlent ou déménagent dans une grange.
Sous la pluie, un groupe de FTP (Francs-tireurs et partisans) part à Bézaudun, un autre groupe emprunte un sentier de montagne pour gagner Valdrôme. Le groupe d’Aimé Baudet, avec Robert Simony, traverse la Drôme près de Chamaloc pour échapper aux Allemands. D’autres parviendront à Sainte-Jalle. La 12e compagnie du 4e bataillon FTP, l’ordre de repli étant donné, quitte Menglon et gagne La Motte-Chalencon par le col de Prémol. Les prisonniers de la Résistance à Die sont évacués. Les grands blessés du Vercors, amenés à l'hôpital de Die qui ne peut les recevoir, sont dirigés sur le Vercors avant que les Allemands pénètrent dans la ville. Seuls restent à Die Camille Buffardel et Werly.
Dans la nuit, à Die, de Lassus réussit à grouper des éléments de la compagnie Wap revenant de Grimone ainsi que des sédentaires de Loriol et Livron auxquels il donne l’ordre de s’installer au tunnel des Tourettes, position clé de la vallée de Quint. Puis il revient à son PC de L’Escoulin.
Les Allemands ont dépassé Saillans et Die reste sans défense devant l’occupation allemande. Vérillon redescend à Die dans la nuit du 21 au 22.

Des avions allemands mitraillent un peu au hasard dans la vallée. Vers 9 heures, ils arrosent Die et lâchent quatre bombes, tuant une dizaine de personnes dont les corps resteront exposés 48 heures à toutes les sorties de la ville. L'une tue mademoiselle Germaine Eldin. La ligne électrique ayant été coupée, la ville est privée de courant. Les troupes allemandes, un groupement de combat de la 9e Panzer-Division, le Kampfgruppe Zabel, pénètrent vers 13 heures, sans combat, dans Die évacuée.
À leur arrivée, Allemands et miliciens cherchent tout de suite l'adjoint Camille Buffardel, le sous-préfet de la Libération Werly et René Livache, un des chefs résistants, dénoncés par le traître Halperson, ancien dentiste de La Motte-Chalancon, qui avait réussi à s'infiltrer dans la Résistance. André Plumel et Pierre Basset sont abattus.
Les Allemands installent leur PC à la maison Eymard, avenue de la Gare. Ils disposent de renseignements précis sur le plan militaire : ils incendient le château de Chamarges qui était le PC d'Alain et où était l'annexe de l'hôpital de Die.
Les Allemands ont d’autres complices dans la ville : Max le Belge et sa bande de trois hommes, résident à l'hôtel Saint-Domingue ou des Alpes. Se disant marchands de tableaux, ils travaillent pour les nazis, dépensant sans compter, affectant une fausse bonhomie pour faire parler les gens. Les premières arrestations à l'arrivée des Allemands à Die auront lieu parmi les israélites qui jouaient au bridge avec la bande à l'hôtel Saint-Domingue. Toutes les routes, tous les ponts sont gardés. Les Diois seront prisonniers de leur ville pendant 17 jours. Il faut un laissez-passer, ne serait-ce que pour aller à son jardin. Des affiches sont collées, vantant les charmes de l'Allemagne et du régime de Vichy. Le couvre-feu a été décrété de 9 heures du soir à 6 heures du matin. Les mitrailleuses tirent à tout moment, sans doute pour entretenir un climat de terreur. Les tirs redoublent la nuit alors que des patrouilles parcourent les rues. La population a peur des représailles : on dit que la poste, qui a été reliée au Vercors, et le café de Paris, siège de l'état-major des FTP, vont sauter et que des otages vont être fusillés. Monsieur Petit et l'abbé Muller, deux Lorrains, servent d'interprètes et cherchent à apaiser les occupants qui font régner la terreur, relayés, le 2 août, par les Mongols. Ce n'est que parce que l'hôpital avait soigné les Allemands victimes du déraillement de Vercheny, le 13 décembre 1943, et parce que la ville s'est rendue sans résistance qu'elle échappe à l'incendie, initialement ordonné par le commandement allemand. Cinquante otages devaient être fusillés : effectivement, une cinquantaine d'hommes, des jeunes pour la plupart, arrêtés au hasard des rues, sont rassemblés devant la maison Eymard, mais, au terme des discussions du maire avec la Kommandantur, on se contentera de les envoyer faire des corvées.


Auteurs : Robert Serre
Sources : ADD, 9 J 4, rapport De Lassus 1945, 9 J 21. Veyer, Souvenirs sur la Résistance dioise. Pour l’Amour de la France. Ladet, Ils ont refusé de subir. Le Vercors raconté..., (récit de Gilbert François). Combats pour le Vercors et pour la liberté. Abbé Bossan. Archives Paul Arthaud, notes de Robert Noyer sur la Résistance dioise.