Plaque à la mémoire de Fernand Canitrot, Quissac (Gard)

Légende :

Plaque à la mémoire de Fernand Canitrot qui fut exécuté à Quissac près de la route de Bragassargues le 27 août 1944.

Genre : Image

Type : Plaque commémorative

Source : © Mémoire et Résistance dans le Gard Droits réservés

Détails techniques :

Photographie numérique en couleur

Lieu : France - Occitanie (Languedoc-Roussillon) - Gard - Quissac

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Contexte historique

Le 27 août au matin, le jour n’est pas encore levé. Les habitants du faubourg du Pont entendent un piétinement suspect sur la route de Montpellier. Les maquisards en poste ouvrent le feu et plusieurs soldats sont blessés. La riposte est terrible. Egron Louis, chef de groupe, est blessé et ne peut fuir. Des habitants essaient de le secourir mais ne peuvent s’en approcher car les balles sifflent de partout. Le commandant Barrieux Claudius venant à la rescousse de ses compagnons est grièvement blessé. Il se réfugie dans une petite écurie, mais les Allemands jettent une grenade qui l’achève. 
Le jour s’est levé maintenant et les maquisards voient l’importance de la colonne allemande (plusieurs centaines de soldats) et décrochent à travers le Vidourle. Monté sur le pont, un camion allemand de la FLAK (batterie anti-aérienne) tire un coup de canon dans la rue du Pont. L’obus s’écrase sur la maison de René Gauthier, sans blesser personne. Puis la colonne traverse le village, provocant la terreur des habitants qui se cachent tant bien que mal au fond de leur maison. Les soldats pillent des maisons, jettent des grenades, tirent des balles traçantes. Un jeune homme : Henri Rochette sera gravement blessé aux jambes et restera handicapé toute sa vie. Les Allemands arrivent à la maison de la famille Marcoud (en face de l’actuel bureau de Poste). Ils entrent pour perquisitionner et trouvent deux voitures posées sur cale et accusent les habitants d’être des terroristes. Ils prennent alors en otage Henri, le père, Roger qui a 16 ans, Yvette la sœur de 18 ans et à coup de crosse et de poing les mettent dans la colonne pour en faire un bouclier humain. Ils annoncent qu’ils vont faire sauter la maison. Jean Marcoud, âgé de 14 ans, et sa mère sont obligés de fuir par les jardins en sautant par-dessus un puits. Ils sont recueillis par la famille d’Emilien Couderc.

Le jeune Léo Calazel a réussi à s’échapper du piège du Faubourg du Pont en traversant le Vidourle. La famille Rigal, route de Nîmes, lui a fourni des habits civils. Mais, en passant par le Champ de Foire, il voit une voiture avec un drapeau tricolore et croit être sauvé. Hélas c’est un piège (d’ailleurs couramment utilisé par les militaires allemands). Il est pris et sera fusillé au passage à niveau (rond point de l’actuelle Gendarmerie).

La colonne continue, route de Saint Théodorit, son jeu de massacre, de violences, de pillages et de mort. En face de la cave coopérative il y a une maison cossue où le capitaine René Robert (dit Coutard) s’est réfugié. Il a l’imprudence de regarder passer la horde par un œil-de-bœuf , il est abattu d’une balle dans la tête. Au même moment, Fernand Canitrot, habitant juste à côté de cette maison, prend peur et fuit à travers les jardins ; depuis le passage à niveau un soldat allemand l’abat. Son corps ne sera retrouvé que quelques jours plus tard, on croyait qu’il avait réussi à s’échapper.

La colonne infernale continue son chemin de mort. Au moment où elle est à la sortie du village (à l’époque la cave Cabanis) des avions survolent Quissac. Les soldats plongent dans les bois en laissant la famille Marcoud au milieu de la route. Monsieur Bruyère, commis de la perception, otage lui aussi, en profite pour s’évader. Les Allemands tirent. Il est légèrement blessé aux doigts. Sur ces entrefaites, un cycliste allemand apporte un message au commandant. Les Allemands relâchent la famille Marcoud sans explication. Les ex-otages remontent tout le reste de la colonne hétéroclite qui reprend l’exode vers Saint Théodorit, puis Aigremont, Nozières, Brignon, Saint Jean de Ceyrargues et St Just et Vacquières…

Le bilan de cette journée était désastreux : quatre FFI sont morts ainsi qu’un civil. Cinq autres sont pris en otages, plusieurs personnes ont été violentées. Le pillage était de règle. Les corps des maquisards affreusement mutilés – les soudards s’acharnant souvent sur les cadavres de leurs ennemis – furent amenés à l’hospice de Quissac transformé en chapelle ardente. Ils furent inhumé ensuite dans leur ville d’origine. Quissac venait de connaitre sa pire journée de la guerre.