François Baloche

Légende :

Le second maître fusilier François Baloche est décoré de la médaille militaire le 12 février 1943

Genre : Image

Type : Photographie

Source : © Musée des fusiliers marins Droits réservés

Détails techniques :

Photographie analogique en noir et blanc

Date document : 12 février 1943

Lieu : Angleterre

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Analyse média

Sur cette photographie, le Second maître fusilier François Baloche porte les décorations suivantes (de gauche à droite) :

- croix de guerre 1939 avec palme
- médaille militaire
military medal (décoration britannique)


Fabrice Bourrée

Contexte historique

Né le 11 novembre 1913 à Littry-les-Mines (Calvados), François Baloche, employé à la SNCF, est mobilisé le 26 août 1939 dans la défense du littoral.
Evadé de France le 18 juin 1940, il arrive en Angleterre sur le chalutier Argo le lendemain. Le 1er juillet, il est incorporé dans les Forces navales françaises libres (matricule 4900 FNFL 40). Il navigue sur le cuirassé Courbet de juillet 1940 à février 1941 puis sur l’aviso Amiens jusqu’au 22 avril 1941. Entre avril et décembre 1941, il est affecté au camp d’instruction de Skegness là où sont entraînés les FNFL. Après son entraînement, François Baloche est affecté à l’aviso Arras jusqu’au 18 janvier 1942.

Le 20 février 1942, François Baloche rejoint le Commando 10 en voie de formation sous le commandement de l’enseigne de vaisseau Philippe Kieffer. En effet, Philippe Kieffer qui a rejoint le 19 juin 1940 les Forces françaises libres en Grande-Bretagne et sert comme officier de liaison du 3e Bataillon de Fusiliers Marins, est impressionné par les méthodes des commandos britanniques. Début janvier 1942, il prend la tête d'une compagnie d'instruction de 25 marins français, provenant essentiellement de "l'Arras" désignés pour instruire les volontaires basques du 3e BFM. Face à l'inexpérience de ses hommes et au manque d'équipement, l'enseigne de vaisseau Kieffer sollicite et obtient de former ses cadres au sein d'unités britanniques. L'idée d'un emploi opérationnel de type commando continue à mûrir chez Kieffer ; le concept d’intégration d'étrangers aux commandos britanniques commence à circuler. Le 23 mars 1942 voit la naissance de la Compagnie de Fusiliers Marins Français qui quitte sa base de Camberley pour rallier le camp d'entrainement HMS Royal Arthur de Skegness pour se préparer au stage des commandos britanniques du "commando dépot" à Achnacarry en Écosse. Le 30 mars 1942, Winston Churchill valide la proposition de Lord Louis Mountbatten, chef des opérations combinées, de créer un commando de forces alliées. Le 2 avril 1942, l'état-major des FNFL signifie l'acceptation de placer l'enseigne de vaisseau Kieffer et ses hommes sous autorité britannique. Fin avril, à l'issue de leur mois de préparation à Skegness, 29 Français constitueront la première troop étrangère à être formée à Achnacarry à l'instar des autres membres de la Special Service Brigade. Dans le même temps, Lord Mountbatten confirme au général de Gaulle le 30 avril 1942 l’acceptation d’intégrer une troop française au Commando Interallié Numéro 10 en cours de constitution. A l’issue de leur formation commando le 22 mai 1942, Philippe Kieffer et ses hommes resteront stationnés en Écosse pour poursuivre leur entrainement au sein du commando numéro 2 à Ayr, avant d'intégrer officiellement le 16 juillet 1942 en tant que "Troop 1", le Commando Interalliés Numéro 10 dont le commandement a été confié au lieutenant colonel D.S. Lister M.C.

Le 19 août 1942, à 3 h du matin, le commando, dont fait partie François Baloche, touche la côte française. Il a pour objectif les batteries de Vasterival, tout près de Dieppe. Ce groupe s'approche de son but en rampant et c'est l'affrontement. Baloche parvient à lancer des grenades détruisant la batterie ennemie. Le commando peut, contrairement à beaucoup d'autres soldats alliés plus malchanceux, regagner le bateau avec lequel ils étaient arrivés dont sans avoir subi des pertes. Pour ce fait de guerre, François Baloche est cité à l'ordre des Forces navales françaises libres :
"A fait preuve, le 19 août 1942, des plus belles qualités de courage, de cran, d'initiative et d'audace. Après avoir débarqué à Varengeville avec un groupe allié, a enlevé avec lui à la bayonnette une batterie ennemie. Ayant récupéré une mitrailleuse en batterie, s'en est emparé seul e, abattant les deux servants, permettant ainsi au groupe allié de détruire deux canons ennemis protégés par cette mitrailleuse. A enfin participé à la capture de nombreux prisonniers ennemis." (voir album lié)

Il est décoré de la Military medal, décernée pour la première fois à un soldat français, des mains de Lord Moubatten et reçoit également la Médaille Militaire le 12 février 1943 (voir notices liées).

En octobre 1943, François Baloche est affecté au BCRA de Londres en qualité de chargé de mission de 3e classe, assimilé au grade de sous-lieutenant. Volo,ntaire pour accomplir une mission en France, il est détaché aux stages d’instruction et d’entrainement de parachutistes. Le 15 mars 1944, Baloche est parachuté en France à Poisseul-la-Grange (Côte d’Or) pour être mis à la disposition d’André Rondenay chargé de la mise en place du plan Tortue. Il prend alors pour pseudonyme « Lucien Bisson ». Son périple ne durera que quelques jours puisque François Baloche est arrêté par la Gestapo à Paris, au pont de l’Alma, le 20 mars. Emprisonné à Fresnes, transféré à Compiègne le 10 juin 1944, il est déporté le 18 juin suivant. Evadé du kommando d'Allach le 3 mai 1945, il est de retour en France le 19 mai 1945. Il est alors placé en congé de convalescence.

Le 16 septembre 1945, il est mis à la disposition de la section Marine de la DGER puis le 23 juillet 1946 à celle du Ministère de la Marine. Promu au grade de maître principal fusilier le 1er janvier 1952, il part pour l'Extrême-Orient en décembre 1953. De janvier à août 1954, il combat en Indochine. Le 29 août 1955, il est nommé capitaine d'armes de la marine à Pnom-Penh. Il prend sa retraite militaire en février 1958.

François Baloche est décédé le 1er décembre 1987 à Caen.

Décorations :
Chevaler de la Légion d’Honneur, décret du 20 août 1946 - Officier, décret du 7 mai 1958
Médaille Militaire, décret du 12 février 1943 (voir album lié)
Médaille de la Résistance avec rosette, décret du 3 août 1946
Croix de guerre 1939 avec palme 
Médaille coloniale avec agrafe "Extrême-Orient"
Médaille commémorative de la campagne d'Indochine
Médaille de sauvetage
Military medal


Fabrice Bourrée

Sources :
Service historique de la Défense, 16 P 29750 (dossier individuel de François Baloche)
Service historique de la Défense, MV TTC 38 (citation de François Baloche à l'ordre des Forces navales françaises libres, Londres, 12 novembre 1942)
Archives nationales, 3 AG 1 / 336 (proposition d'inscription au tableau spécial de la Médaille Militaire d'officiers mariniers des FNFL, Londres, 3 février 1943 ; attribution de la Médaille Militaire au Second Maître Fusilier François Baloche, Londres, 10 mars 1943)
Ouest France du 5 juin 2014
Stéphane Simonnet, Le commandant Kieffer : Le français du jour J, Éditions Tallandier, 2012
Parcours de vie dans la Royale, page consultée le 4 décembre 2017
Page wikipedia "Commandos Kieffer (France libre)" consultée le 4 décembre 2017