Les Bataillons de la Mort en Ile-de-France

Légende :

Emblème d'après-guerre des Bataillons de la Mort

Genre : Image

Type : Dessin

Source : © Département AERI de la Fondation de la Résistance Droits réservés

Lieu : France

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Contexte historique

De retour d'exode en juillet 1940, Albert Dubois rencontre au Phare de France (institution pour les aveugles), rue Daru à Paris, son vieil ami Marcel Bouet, aveugle de guerre. Dubois lui fait part de son intention de rejoindre Londres. Bouet lui apprend l'appel du général de Gaulle et, ensemble, ils manifestent leur intention de grouper quelques éléments en vue de résister à l'occupation allemande. Ayant travaillé comme dentiste à Philadelphie Dentaire, cabinet spécialisé dans les soins aux fonctionnaires, Albert Dubois connaît beaucoup de monde dans la police, la CPDE, le gaz…. Il commence donc par rassembler quelques unes de ses connaissances : le brigadier de police Jobert, Adrien Peltier, chef de service à la direction des services techniques de la Préfecture de Police, Maurice Déchy, Arsène Poncey, président des anciens combattants de la préfecture de police, Albert Conan...

En août, Albert Conan met Dubois en relation avec Charles Dauphin, pompier de Paris, qui lui amène un groupe qu'il a constitué à la caserne Champerret et le met en contact avec Robert Tournois, inspecteur de police au commissariat des Batignolles (XVIIe arrondissement), qui dirige également un groupe dénommé "Coq". Le mois suivant, Tournois met Albert Dubois en contact avec Lucien Chopy qui avait un groupe organisé sous le nom de "groupe XIII" dans le XIIIe arrondissement.

Ce même mois, Maurice Petit, imprimeur à la Néo-Gravure, est mis en relation avec Dubois par une infirmière, Suzanne Tarra. Albert Dubois charge Petit de devenir l'imprimeur du mouvement. Il achète du matériel et installe une imprimerie à son domicile, rue Rodier à Paris. Maurice Petit amène avec lui un groupe désigné sous le nom "Le Convention" et dirigé par un nommé Lyautey. Deux nouveaux groupes dirigés par Albert Rey (Dauphin) et Jean Thomas (Simon) rejoignent également l'organisation naissante de Dubois.
Jean Cohen, marchand de meuble et ami d'Albert Dubois, fait connaître à ce dernier Renée Lascroux, qui amène avec elle un groupe constitué à Amiens.  Elle le met également en contact avec Claude Bellanger du groupe Maintenir. Marcel Bouet, poursuit également le recrutement de son côté, et amène Paul Cogez, membre de l'Armée Volontaire et responsable d'un groupe à Château-Landon (Seine-et-Marne). Des liens étroits se tissent alors avec ce mouvement.

En novembre 1940 est décidée la création d'un comité directeur dont Albert Dubois prend la tête. A cette date, le schéma directeur de l'organisation se décompose en secteurs et en groupes, chacun ayant une zone bien définie à contrôler. Albert Dubois créé également un service d'entraide pour les prisonniers de guerre évadés avec l'aide de Maurice Petit pour l'impression des formulaires, et d'un artisan graveur, Poteau, pour la réalisation des faux-tampons.
Au début de l'année 1941, Bernard Bouet présente à son père René Denis, qui le met alors en contact avec Albert Dubois. Celui-ci est déjà à la tête d'un groupe au Vésinet. Sous le pseudonyme de Dautun, René Denis devient le principal rédacteur du journal clandestin Le coq enchaîné. Les journaux sont imprimés chez Maurice Petit qui devient, après approbation du comité directeur, sous-chef des Bataillons de la Mort. Le premier journal du mouvement sort en juillet 1941 sous le nom de Quatorze juillet mais ce titre n'est pas retenu par le comité directeur qui le juge trop politique. Ce premier numéro est réalisé essentiellement par Maurice Petit. Le second numéro paraît vraisemblablement en décembre 1941 sous le titre Le coq enchaîné.
L'appellation "Bataillons de la Mort" aurait été utilisée pour la première fois en décembre 1941 dans une chanson écrite par René Denis, "La chanson des Bataillons de la Mort". Par la suite, la manchette du journal "Le coq enchaîné" portait une phrase extraite de cette chanson "Nous serons les plus forts, nous les bataillons de la Mort".
Le mouvement a fournit de nombreux renseignements aux Alliés. En novembre 1940, Dubois fait passer en Angleterre le plan du central téléphonique militaire du XVe arrondissement. Des agents du mouvement fournissent de précieuses informations sur les usines Alsthom, sur les camps d'aviation de Saint-Cyr-l'Ecole et de Romilly-sur-Seine, sur l'usine de torpilles de la Kriegsmarine de Houilles, sur des centraux téléphoniques….

Repéré par la Gestapo, arrêté en mars 1942 puis relâché, Albert Dubois passe le commandement du mouvement à Henri Martin par mesure de sécurité. En mars 1942, René Denis présente à Henri Martin le général André Basse, membre du comité directeur de l'OCM, qui dispose d'une liaison avec Londres. Le général Basse devient alors le chef militaire des Bataillons de la Mort et fait reconnaître officiellement le mouvement à Londres.

Le 8 mai 1942, Albert Dubois est arrêté à son domicile par la Gestapo. Interné au Cherche-Midi, il est déporté en Allemagne. A la suite de cette arrestation, Henri Martin remplace définitivement Dubois et Lucien Chopy devient le sous-chef des Bataillons de la Mort. Martin et Petit sont arrêtés à leur tour en septembre 1942, Chopy reste le seul responsable du mouvement. En novembre 1942, une partie du mouvement est rattachée à Honneur de la Police.
Henri Martin, déporté, a été exécuté à Mauthausen le 9 mai 1943. Renée Lascroux, arrêtée le 21 septembre 1942, déportée le 27 avril 1943 à Ravensbrück puis Bergen-Belsen, a été rapatriée en France le 1er juin 1945. Albert Dubois et Maurice Petit ont également été rapatriés en 1945.


Auteur : Fabrice Bourrée

Sources et bibliographie :
Archives nationales, 72 AJ 37 (Bataillons de la Mort).
SHD Vincennes, dossiers individuels d'Albert Dubois, René Denis et Maurice Petit ; dossier d'homologation du mouvement "Les Bataillons de la Mort".
SHD Vincennes, 13 P 44 (Bataillons de la Mort).
Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC), MFM 145/14 (Bataillons de la Mort. Dossier René Denis).
ONAC de Paris, dossiers de CVR d'Albert Dubois et René Denis.
ONAC de Versailles, dossier de CVR d'Albert Rey.
Denis Dautun, Patriotes sans noms, Paris, imprimerie Lavrut, 1945.